Amadou Coulibaly (porte-parole du gouvernement): "La Côte d'Ivoire n'a jamais participé à la déstabilisation d'un pays voisin"

Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement. (DR)
Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement. (DR)
Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement. (DR)

Amadou Coulibaly (porte-parole du gouvernement): "La Côte d'Ivoire n'a jamais participé à la déstabilisation d'un pays voisin"

Le 30/09/24 à 17:09
modifié 01/10/24 à 12:32
Un Conseil des ministres s'est tenu le lundi 30 septembre 2024, au palais de la présidence à Abidjan-Plateau. Au terme de cette importante rencontre, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a répondu aux questions des journalistes.
Monsieur le Ministre, Christelle Pierre pour TV5 Monde. Récemment, les autorités burkinabè ont fait une déclaration en affirmant avoir déjoué des tentatives de déstabilisation. Elles ont notamment évoqué un troisième groupe qui serait venu du territoire ivoirien pour déstabiliser le Burkina Faso. Avez-vous des informations sur ces propos du ministère de la Sûreté burkinabè concernant cet éventuel troisième groupe ? Y a-t-il eu des arrestations sur le territoire ivoirien, s'il vous plaît ?

Merci bien. Ce sont les autorités burkinabè qui nous ont informés. Nous pensons qu'elles en savent beaucoup plus qu'elles ne l'ont dit. Ce n'est pas un fait nouveau. Je note que vous-même, dans votre question, avez rappelé que cela fait plusieurs fois que des présumées tentatives de déstabilisation sont annoncées par les autorités burkinabè. Ce que je peux dire, c'est que la Côte d'Ivoire est une terre d'hospitalité, une terre d'accueil.

La Côte d'Ivoire, dans sa politique, n'a jamais participé à la déstabilisation d'un pays voisin. Elle n'a pas l'intention de le faire, puisque, dans tous les cas, c'est ici que tous les pays qui ont quelques difficultés voient leurs ressortissants venir. Point besoin de vous rappeler que nous avons près de 60 000 réfugiés burkinabè qui ont fui les actes de terrorisme dans leur pays. Je n'ai pas non plus besoin de rappeler que notre sol héberge officiellement un peu plus de 3 millions de Burkinabè.

Nos peuples ont des relations historiques qui datent d'avant même la constitution de nos États, et ces peuples vont demeurer. Il n'y a donc aucune raison de mener des actions qui puissent diviser ces peuples qui vivent en harmonie et en bonne intelligence. Ai-je répondu à votre question ? Merci.

Monsieur le Ministre, je suis Yapi Coulibaly pour le quotidien Le Jour. J'ai deux préoccupations. La première est la suivante : Monsieur le Ministre, Robert Bourgi, que vous ne connaissez peut-être pas, est un avocat de profession qui n'aurait jamais exercé. Habitué des salons des régimes présidentiels ivoirien et africain, il a confié récemment que la présidentielle de 2010 n'a pas été remportée par le régime actuel, ce qui veut dire que vous ne devriez pas être là où vous êtes en ce moment si quelqu'un n'avait pas décidé de "vitrifier" un autre. Quelle est votre réaction ? Et puis, notre confrère au Niger, Serge Mathurin Adou, comment va-t-il ? Avez-vous des informations le concernant ?

Pour votre première question, je m'étonne qu'il y ait encore des intellectuels qui soient à ce stade du débat, à un moment où tous les Ivoiriens appellent le Président Ouattara à se présenter pour les prochaines élections. Je ne ferai donc pas de commentaire. Il y avait un processus de certification. Je suis fort surpris qu'il y ait des Ivoiriens émotifs qui se laissent aller aux commentaires d'un individu qui, je le rappelle, n'a aucun pouvoir.

Ce processus a été certifié, la CEI a donné des résultats, le Conseil constitutionnel s'est prononcé, puis s'est dédit sur les résultats qu'il avait annoncés. Le groupe d'experts s'est aussi prononcé. Enfin, avec tout cela, un individu qui écrit un livre — parce que c'est important de le dire — et qui fait des interviews dans le cadre de la promotion de son livre, veut dire autre chose, et cela fait débat. Nous souhaitons que ce livre soit un best-seller. Ce serait bien pour Monsieur Bourgi. Pour le reste, je lui rappellerai simplement qu'Internet a une mémoire immense, et je le laisse à ses propres contradictions, car nous sommes contemporains.

Pour la seconde question, concernant Monsieur Mathurin, nous avons été heureux d'apprendre enfin qu'il a été officiellement inculpé et de savoir ce qui lui est reproché. À partir du moment où ce processus est entré dans une phase judiciaire, nous sommes sereins quant à la sécurité de notre compatriote. N'oublions pas que nous sortons d'une situation où personne ne savait où il se trouvait et que même les démarches officielles que nous avions entreprises avec notre consul n'avaient pas donné de réponse satisfaisante. Nous sommes donc heureux de savoir aujourd'hui où il est et ce qui lui est reproché. Nous allons continuer à suivre ce processus en souhaitant que justice soit faite et que la vérité éclate.

Bonsoir Monsieur le Ministre, je suis Venance Aka pour le quotidien L'Inter. Cette semaine, un confrère annonçait que l'État de Côte d'Ivoire disposait d'informations selon lesquelles il y aurait à Bobo-Dioulasso un groupe armé d'ex-démobilisés ivoiriens qui seraient en train de s'entraîner là-bas. Cette information est-elle avérée ? Si oui, qu'est-ce que le gouvernement entend faire, après avoir, selon ce confrère, convoqué le premier conseiller des affaires politiques de l'ambassade du Burkina en Côte d'Ivoire ?

Un État se gère avec responsabilité. Il n'y a aucun intérêt à diffuser des informations qui pourraient, comme je le disais tout à l'heure, créer des troubles entre les populations de nos pays. Ce que je peux vous assurer, c'est que la responsabilité du gouvernement est de protéger le périmètre de la Côte d'Ivoire, de protéger le territoire national, et ce territoire est protégé. Je peux vous en donner l'assurance. Pour le reste, en attendant que ce confrère apporte davantage de preuves, nous ne sommes pas informés de cela. En tout cas, pas au niveau du Conseil des ministres.

Bonjour Monsieur le Ministre, Binta Diane de RFI. Concernant le journaliste Serge Mathurin, tout à l'heure vous avez dit que le processus est aujourd'hui judiciarisé. Pouvez-vous nous dire pour quel fait il est inculpé et où il se trouve actuellement ?

Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt l'intervention du ministre de la Défense du Burkina, qui nous a dit clairement que notre compatriote aurait contribué à héberger quelqu'un qui serait allé préparer un coup d'État. C'est un peu alambiqué, mais toujours est-il qu'il serait lié à cette présumée tentative de coup d'État. Il y a certainement un lien entre le Niger et le Burkina. C'est vrai qu'ils ont créé une association. Je peux donc comprendre que le Niger soit solidaire du Burkina. Mais ce que nous savons, c'est qu'il était au Niger, c'est là-bas qu'il a été arrêté.

Il apparaît donc dans une déclaration faite par le ministre burkinabè qui l'incrimine dans la tentative de renversement de ce régime militaire au Burkina. Pour nous, c'est clair qu'en établissant des liens entre les pays de la Cedeao, le Niger a dû, à la demande du Burkina, arrêter notre compatriote. Mais pour nous, c'est une bonne nouvelle, car jusqu'à présent, les autorités nigériennes disaient ne pas savoir où il se trouvait. Maintenant qu'il apparaît dans une déclaration officielle, nous nous en réjouissons. Nous savons officiellement qu'il a été arrêté, et nous attendons la suite des événements. Mais je peux vous assurer que notre consul suit ce dossier.

Je vous remercie.


Le 30/09/24 à 17:09
modifié 01/10/24 à 12:32