
Gaoussou Kamissoko, journaliste-écrivain. Ancien conseiller de l'ex-Dg de Fraternité Matin, Michel Kouamé. Auteur de "De Yamoussoukro à Prétoria: le chemin du dialogue"
Gaoussou Kamissoko, journaliste-écrivain. Ancien conseiller de l'ex-Dg de Fraternité Matin, Michel Kouamé. Auteur de "De Yamoussoukro à Prétoria: le chemin du dialogue"
Hommage à Gaoussou Kamissoko: Kamiss, le grand frère
Je ne me souviens plus du nom du confrère qui m’a remis le numéro de Gaoussou Kamissoko avec la recommandation suivante : « C’est le grand-frère Kamiss, il dit de l’appeler. » Et moi de répondre : « Kamiss ? C’est qui Kamiss ? » Mon interlocuteur de reprendre, un peu étonné : « Kamiss, c’est le grand-frère Gaoussou Kamissoko, le journaliste. » Moi : « Ah, d’accord ! »
Grand-frère, il l’a été vraiment pour moi. Au moment où je fais sa connaissance à sa demande, le mal pernicieux qui l’a emporté avait déjà commencé sa funeste besogne. Il avait demandé que je l’appelle afin qu’il m’apporte son soutien et ses conseils dans la vie pas toujours romantique des rédactions, lui-même ayant fait toute sa carrière journalistique à Fraternité Matin. « Tu sais, Oumou, on ne lance des pierres que sur un arbre qui porte des fruits. Je te lis souvent et te souhaite le meilleur dans ta vie de journaliste. C’est la première fois que je fais ce genre de démarche... »
Nous nous sommes revus plusieurs fois après. Il m’avait fait part d’un livre qu’il avait en jachère et souhaitait que nous fassions un quatre mains. Puis, silence radio. Son téléphone sonnait à vide, puis plus du tout. À Etienne Aboua qui le connaissait bien, j’avais demandé de ses nouvelles. Kamiss se trouvait en Tunisie pour recevoir des soins. À son retour, je l’ai eu au téléphone : « Je reviens de loin hein, Oumou ; il s’en est fallu de peu et tu n’aurais plus entendu parler de moi ! », puis il m’expliqua par le menu son évacuation sanitaire et les soins qu’il avait reçus, avant de promettre de me faire signe quand tout irait pour le mieux. Je n’ai plus jamais eu de suite et il n’a plus été possible de l’avoir au téléphone.
J’ai appris le 3 janvier dernier son décès. Kamiss aura fait, à ma connaissance, environ sept années de maladie. Je pense que quand il n’a plus été possible pour lui de se tenir debout, il a eu la pudeur des hommes de sa classe : il a préféré s’éteindre dans la dignité et loin de nos addictions aux scoops.
Je retiens du grand journaliste qui m’a parlé de son périple sud-africain avec l’enthousiasme du panafricaniste prosélyte ses valeurs d’humaniste. Il est venu, je le répète, m’apporter son soutien et me gratifier de ses conseils avisés au moment où mes oreilles bourdonnaient de noms d’oiseaux proférés par des censeurs invisibles. Je retiens aussi la justesse de ses analyses sur la classe politique et le monde journalistique. Je retiens que Kamiss, le grand-frère, fut un homme bon et juste
Oumou D.