Bamba Major (artiste-comédien): «Si nos devanciers avaient créé des troupes, la relance du théâtre serait un acquis»
Je parle souvent des maux qui freinent l’évolution de notre milieu, parce que après dix ans de formation en pratique théâtrale auprès du Golem théâtre de Momo Ekissi, j’ai décidé de voler de mes propres ailes. En 2005, j’ai recruté des comédiens avec qui j’ai commencé à travailler pour monter la compagnie Les Ambassadeurs d’Abidjan. Parce que mon objectif était de pérenniser la pratique du théâtre et assurer la relève. J’ai compris que tous nos aînés qui ont été formés aux frais de l’État et qui ont été nos formateurs, n’ont pratiquement pas créé de troupes de théâtre. Ils sont aujourd’hui assis dans des bureaux ou à la retraite et nombreux parmi eux se sont installés en Europe.
Selon vous, l’un des problèmes vient des aînés qui n’auraient pas créé des troupes théâtrales pour assurer la relève.
Oui ! A mon avis, si nos devanciers avaient mis sur pied des compagnies de théâtre, comme par le passé, le problème de la relance du théâtre ne se poserait pas. S’ils avaient créé des troupes, la relance du théâtre serait un acquis. Après ma formation, mes amis et moi avons créé des compagnies de théâtre et l’on assistait à une saine émulation. Il y avait ainsi la compagnie de Major, celle de Kaïzer, de Abass et bien d’autres. Mais eux aussi ont commencé à baisser les bras. Plusieurs parmi eux se sont intéressés au cinéma parce qu'on y gagne facilement... Mais mon objectif est resté le même : celui de continuer la formation en vue d’assurer la relève.
Quel regard jetez-vous sur les autres formes d’expression artistique comparativement au théâtre ?
Quel regard jetez-vous sur les autres formes d’expression artistique comparativement au théâtre ?
Quand je vois aujourd’hui jouer des acteurs de cinéma, je me dis que le théâtre a sa place dans le combat pour l’amélioration du jeu des acteurs du cinéma ivoirien. Le théâtre peut aider le cinéma au niveau du jeu scénique et de la diction. On remarque que ceux qui excellent dans le cinéma ivoirien ont généralement été formés d’abord au théâtre. Je n’ai jamais manqué de présenter des doléances en demandant à nos premiers responsables de la culture de ne pas hésiter à donner des subventions aux compagnies de théâtre qui existent de façon légale. Car si un responsable de troupe théâtrale doit travailler pour proposer des créations et courir à la recherche de financement, rien ne pourra aller comme on le souhaite. Ma troupe s’est illustrée avec plusieurs pièces telles que : « Les clameurs » de Henri Kadia, « Le sang des vierges » de Momo Ekissi, « Lumumba » de Élie Liazéré.
Quels sont vos projets ?
Quels sont vos projets ?
Nous avons plusieurs projets et œuvrons actuellement à mettre sur pied l’Union des artistes comédiens de Côte d’Ivoire. Actuellement, je travaille à relancer la pièce « Lumumba » avec laquelle je prévois de faire une tournée africaine.
Peut-on dire que vous avez trouvé dans le théâtre, la réalisation de vos rêves d’enfant ?
Peut-on dire que vous avez trouvé dans le théâtre, la réalisation de vos rêves d’enfant ?
Dans mon enfance, je rêvais de transmettre le savoir en devenant professeur d’histoire-géo. Mais je me disais aussi qu'à défaut d’enseigner, il fallait que je sois artiste. Ma deuxième passion a pris le dessus. A l’occasion du Festival national de théâtre scolaire, après ma classe de seconde, j’ai rencontré un jour Momo Ekissi avec qui j’ai échangé et tout est parti de là. J’ai pris le temps de me former et toujours en 2005 qui a été pour moi une année d’ouverture, j’ai eu la chance de jouer dans l’émission satirique de la Rti Qui fait ça ?, après avoir joué au sein de la Compagnie nationale de théâtre de Côte d’Ivoire.