Gervais Coulibaly (ex-vice-président de la Cei) : « J’estime que ma mission est accomplie »
Votre mission à la Commission électorale indépendante a pris fin. Etes-vous vraiment parti ?
Oui, en tout cas, pour le moment, j’en suis bien parti. Mais, c’est une institution de la République et on ne sait jamais... Demain est un autre jour. Pour l’heure, notez que le Cap-Udd dont je suis le président appartient à une plateforme de partis politiques dénommée « Ligue des Mouvements pour le Progrès (L.M.P). C’est cette plateforme qui, à l’issue des discussions menées en son temps à travers le « Cadre Permanent de Dialogue (C.P.D) », avait décidé de me mettre en mission à la Commission Électorale Indépendante (CEI). J’ai accompli ma mission avec succès, et profitant de la dernière réforme, j’ai décidé de ne pas rempiler pour des raisons tout à fait personnelles et la L.M.P y a envoyé un autre militant. Moi, j’ai donc repris ma place dans mon parti, et dans notre plateforme.
Quelle est cette mission que vous avait confiée votre parti à la CEI ?
L’objectif qui m’avait été assigné était de rendre crédible cette commission, afin que plus jamais les Ivoiriens n’aient peur d’aller aux élections. C’était d’apporter à la CEI, les réformes utiles et nécessaires de sorte que toute personne candidate ait le résultat effectif tel que sorti des urnes. Aujourd’hui, j’estime que ma mission est accomplie. Prenez les résultats des élections passées, que ce soit les élections législatives ou municipales, vous constaterez qu’un nombre très élevé d’indépendants ont remporté le scrutin sans pour autant avoir un seul représentant à la CEI. A la limite, les indépendants ont constitué la première ou la deuxième force politique en Côte d’Ivoire. Eux-mêmes reconnaissent volontiers que ce qui a été mis en place a rendu la Commission crédible. Dans ce sens, personne ne peut dire que techniquement, les scrutins n’ont pas été bien organisés. En tout cas, en général, ceux qui devaient gagner, ont gagné. Des barons de certains grands partis ont même été battus à la surprise générale et la CEI a proclamé les résultats tels que sortis des urnes. C’était cela l’une des raisons de ma présence à la CEI.
Quel est le système qui a permis ce changement, si l’on peut l’appeler ainsi ?
La transparence dans toutes nos actions et activités, de l’inscription sur la liste électorale à la proclamation des résultats. La compilation se fait devant tout le monde par un vidéo projecteur. On enregistre les chiffres devant tout le monde. Celui qui n’est pas satisfait, fait sa réclamation séance tenante, sur la base des procès-verbaux de vote en sa possession. Cela a permis à ceux qui n’avaient même pas de représentant à la CEI, d’avoir les mêmes chances d’être élus que ceux qui y en avaient. Je suis fier de dire que c’est l’une des innovations majeures de ce que nous avons apporté à la CEI avec nos autres collègues commissaires centraux. Nous avons proposé d’autres changements au niveau des textes. Ces changements ne sont pas visibles par le citoyen lambda, mais les élus qui ont pris part aux élections l’ont bien perçu. Par exemple, le processus de réception et d’analyse des dossiers des candidats est nettement plus fluide et transparent. Par ailleurs, les partis politiques reçoivent désormais une copie de la liste électorale, ainsi de suite.
Maintenant qu’une nouvelle CEI a été composée, quelles sont, selon vous, les conditions qu’il faudrait pour aller à des élections apaisées ?
Sur la composition de la commission centrale de la CEI, nous (L.M.P) avions proposé la règle d’un tiers. C’est-à-dire un tiers des membres pour l’opposition, un tiers pour la société civile et un tiers pour le groupement au pouvoir. Cela faisait cinq membres pour chaque camp. Mais il en a été décidé autrement.
Que devenez-vous aujourd’hui ?
Politiquement, j’ai repris ma place dans mon parti. Notre plateforme (L.M.P) a participé au dialogue politique. Sur le plan professionnel, j’ai demandé et obtenu d’être mis en disponibilité pour convenances personnelles. Je rappelle que je suis préfet hors-grade, troisième échelon. Par ailleurs, j’ai repris mon activité dans le Cabinet que j’ai mis sur pied. Je fais du Conseil, de la Formation et des Études.
Quelles sont vos relations aujourd’hui avec la CEI?
Sur les 17 membres de l’ex-commission centrale que nous étions, trois sont restés. Avec ces trois là, nous sommes naturellement en contact. Mais je ne m’ingère pas dans les affaires de la CEI.
Créé en 2012, votre parti va en congrès vendredi. Pourquoi maintenant ?
Après ce congrès qui a permis sa création, nous avons fonctionné et travaillé à l’implantation de notre parti. A ce congrès qui démarre vendredi, nous ferons le point sur huit années d’activités et nous nous projetterons dans l’avenir.
Quel est le positionnement idéologique du Cap-Udd ?
Le Cap-Udd est social-démocrate. En tant que sociaux-démocrates, nous appartenons à l’alliance progressiste. Nous venons d’ailleurs de Stockholm où nous avons participé à la dernière convention de ce regroupement. Et de Stockholm, nous sommes revenus avec la promesse que le premier responsable de l’alliance viendra nous soutenir à notre congrès. C’est ainsi que le coordinateur de l’alliance, le camarade Conny REUTER, qui est arrivé le mercredi 22 Janvier prendra part entièrement au congrès. En prélude aux travaux du Congrès, nous organisons le 23 janvier 2020, une journée de formation pour nos militants sur le thème : « Le positionnement de la social-démocratie sur l’échiquier mondial ». Il s’agira de montrer comment la social-démocratie a pu permettre à des pays tels que le Danemark, la Suède, la Norvège de l’Europe du nord, d’être aujourd’hui des modèles de gouvernance et de développement.
Vous vous positionnez où sur l’échiquier national, entre le RHDP et la plate-forme de l’opposition ?
Nous, nous sommes de l’opposition. En tant que sociaux-démocrates, nous avons une plate-forme qui est la Ligue des Mouvements pour le Progrès (L.M.P). Et cette L.M.P, née en 2012, est aujourd’hui la plus ancienne des plates-formes. L’AFD, le RHDP actuel et le CDRP sont nés bien après nous. Nous sommes un parti d’opposition mais nous optons en toute circonstance pour le Dialogue. Nous agissons dans la modération et nous pensons que rien ne peut s’obtenir en dehors du dialogue. Dans un pays comme le nôtre qui a été traumatisé depuis 1999 par une série de crises, nous pensons qu’il appartient aux partis politiques d’être dans la discussion, en faisant l’économie de la violence.
Votre parti aura-t-il un candidat à la présidentielle d’octobre 2020 ?
C’est le congrès qui en décide. Si les camarades du parti pensent que nous devons aller aux élections, nous irons aux élections. S’ils pensent que nous devons nous associer avec d’autres pour y aller, nous le ferons. S’ils pensent que nous devons nous abstenir, nous nous abstiendrons.
Votre présence pendant ces années à la Cei n’a-t-elle pas été préjudiciable à votre posture de parti d’opposition ?
Non, pas du tout. Cela a été un peu difficile, mais le parti a tenu la route. Par ailleurs, ma présence à la CEI a permis à mes camarades d’appartenir à toutes les commissions électorales locales et d’être dans la décision en ce qui concerne les élections. Ils ont appris énormément. La camarade Laurette BOÉTÉ a su tenir le parti. Elle a su l’animer quotidiennement à travers des réunions et des rencontres régulières. Je retrouve un parti débout.
Mais les Ivoiriens ne voient pas suffisamment votre parti, peut-être parce qu’il est jeune. Sur l’échiquier, quels arguments avez-vous, en termes de nombre de militants ou d’assise territoriale ?
Vous verrez au congrès. Sur le plan de l’implantation, nous sommes représentés dans 21 régions sur les 31 et nous avons 74 coordinations. A la CEI, nous avons 230 postes de représentations dans les différentes commissions électorales locales. Le Cap-Udd s’implante lentement mais sûrement. La camarade Laurette BOÉTÉ a fait un travail formidable. Notre parti est là, en un seul morceau.
Votre nom renvoie à votre passé de porte-parole du président Laurent Gbagbo. En ce moment, un organe est en train d’être mis en place pour tenter de rapprocher les deux morceaux du Fpi divisés depuis près de dix ans. Quelle est votre opinion sur cette démarche ?
Je l’ai appris comme tout le monde. Je n’ai pas encore eu l’avantage de rencontrer le camarade Assoa Adou ou le camarade Affi N’guessan qui étaient à la rencontre de Bruxelles. Je sais seulement que cette rencontre de Bruxelles a eu lieu. Je m’en réjouis, car nous l’avons tous souhaitée. Il était temps qu’elle ait lieu. Maintenant c’est fait, nous prions Dieu pour que cette réconciliation se fasse. Car nous rêvons tous de retrouver le FPI fort que nous avons connu.
Il se murmure aussi qu’il y a une dégradation des relations entre l’ancien président et l’ex-Première dame Simone Gbagbo.
Je ne me suis jamais mêlé des relations entre mon patron Laurent Gbagbo et son épouse. Cela est certainement dû à mon éducation de Sénoufo.
Quelle est cette mission que vous avait confiée votre parti à la CEI ?
L’objectif qui m’avait été assigné était de rendre crédible cette commission, afin que plus jamais les Ivoiriens n’aient peur d’aller aux élections. C’était d’apporter à la CEI, les réformes utiles et nécessaires de sorte que toute personne candidate ait le résultat effectif tel que sorti des urnes. Aujourd’hui, j’estime que ma mission est accomplie. Prenez les résultats des élections passées, que ce soit les élections législatives ou municipales, vous constaterez qu’un nombre très élevé d’indépendants ont remporté le scrutin sans pour autant avoir un seul représentant à la CEI. A la limite, les indépendants ont constitué la première ou la deuxième force politique en Côte d’Ivoire. Eux-mêmes reconnaissent volontiers que ce qui a été mis en place a rendu la Commission crédible. Dans ce sens, personne ne peut dire que techniquement, les scrutins n’ont pas été bien organisés. En tout cas, en général, ceux qui devaient gagner, ont gagné. Des barons de certains grands partis ont même été battus à la surprise générale et la CEI a proclamé les résultats tels que sortis des urnes. C’était cela l’une des raisons de ma présence à la CEI.
Quel est le système qui a permis ce changement, si l’on peut l’appeler ainsi ?
La transparence dans toutes nos actions et activités, de l’inscription sur la liste électorale à la proclamation des résultats. La compilation se fait devant tout le monde par un vidéo projecteur. On enregistre les chiffres devant tout le monde. Celui qui n’est pas satisfait, fait sa réclamation séance tenante, sur la base des procès-verbaux de vote en sa possession. Cela a permis à ceux qui n’avaient même pas de représentant à la CEI, d’avoir les mêmes chances d’être élus que ceux qui y en avaient. Je suis fier de dire que c’est l’une des innovations majeures de ce que nous avons apporté à la CEI avec nos autres collègues commissaires centraux. Nous avons proposé d’autres changements au niveau des textes. Ces changements ne sont pas visibles par le citoyen lambda, mais les élus qui ont pris part aux élections l’ont bien perçu. Par exemple, le processus de réception et d’analyse des dossiers des candidats est nettement plus fluide et transparent. Par ailleurs, les partis politiques reçoivent désormais une copie de la liste électorale, ainsi de suite.
Maintenant qu’une nouvelle CEI a été composée, quelles sont, selon vous, les conditions qu’il faudrait pour aller à des élections apaisées ?
Sur la composition de la commission centrale de la CEI, nous (L.M.P) avions proposé la règle d’un tiers. C’est-à-dire un tiers des membres pour l’opposition, un tiers pour la société civile et un tiers pour le groupement au pouvoir. Cela faisait cinq membres pour chaque camp. Mais il en a été décidé autrement.
Que devenez-vous aujourd’hui ?
Politiquement, j’ai repris ma place dans mon parti. Notre plateforme (L.M.P) a participé au dialogue politique. Sur le plan professionnel, j’ai demandé et obtenu d’être mis en disponibilité pour convenances personnelles. Je rappelle que je suis préfet hors-grade, troisième échelon. Par ailleurs, j’ai repris mon activité dans le Cabinet que j’ai mis sur pied. Je fais du Conseil, de la Formation et des Études.
Quelles sont vos relations aujourd’hui avec la CEI?
Sur les 17 membres de l’ex-commission centrale que nous étions, trois sont restés. Avec ces trois là, nous sommes naturellement en contact. Mais je ne m’ingère pas dans les affaires de la CEI.
Créé en 2012, votre parti va en congrès vendredi. Pourquoi maintenant ?
Après ce congrès qui a permis sa création, nous avons fonctionné et travaillé à l’implantation de notre parti. A ce congrès qui démarre vendredi, nous ferons le point sur huit années d’activités et nous nous projetterons dans l’avenir.
Quel est le positionnement idéologique du Cap-Udd ?
Le Cap-Udd est social-démocrate. En tant que sociaux-démocrates, nous appartenons à l’alliance progressiste. Nous venons d’ailleurs de Stockholm où nous avons participé à la dernière convention de ce regroupement. Et de Stockholm, nous sommes revenus avec la promesse que le premier responsable de l’alliance viendra nous soutenir à notre congrès. C’est ainsi que le coordinateur de l’alliance, le camarade Conny REUTER, qui est arrivé le mercredi 22 Janvier prendra part entièrement au congrès. En prélude aux travaux du Congrès, nous organisons le 23 janvier 2020, une journée de formation pour nos militants sur le thème : « Le positionnement de la social-démocratie sur l’échiquier mondial ». Il s’agira de montrer comment la social-démocratie a pu permettre à des pays tels que le Danemark, la Suède, la Norvège de l’Europe du nord, d’être aujourd’hui des modèles de gouvernance et de développement.
Vous vous positionnez où sur l’échiquier national, entre le RHDP et la plate-forme de l’opposition ?
Nous, nous sommes de l’opposition. En tant que sociaux-démocrates, nous avons une plate-forme qui est la Ligue des Mouvements pour le Progrès (L.M.P). Et cette L.M.P, née en 2012, est aujourd’hui la plus ancienne des plates-formes. L’AFD, le RHDP actuel et le CDRP sont nés bien après nous. Nous sommes un parti d’opposition mais nous optons en toute circonstance pour le Dialogue. Nous agissons dans la modération et nous pensons que rien ne peut s’obtenir en dehors du dialogue. Dans un pays comme le nôtre qui a été traumatisé depuis 1999 par une série de crises, nous pensons qu’il appartient aux partis politiques d’être dans la discussion, en faisant l’économie de la violence.
Votre parti aura-t-il un candidat à la présidentielle d’octobre 2020 ?
C’est le congrès qui en décide. Si les camarades du parti pensent que nous devons aller aux élections, nous irons aux élections. S’ils pensent que nous devons nous associer avec d’autres pour y aller, nous le ferons. S’ils pensent que nous devons nous abstenir, nous nous abstiendrons.
Votre présence pendant ces années à la Cei n’a-t-elle pas été préjudiciable à votre posture de parti d’opposition ?
Non, pas du tout. Cela a été un peu difficile, mais le parti a tenu la route. Par ailleurs, ma présence à la CEI a permis à mes camarades d’appartenir à toutes les commissions électorales locales et d’être dans la décision en ce qui concerne les élections. Ils ont appris énormément. La camarade Laurette BOÉTÉ a su tenir le parti. Elle a su l’animer quotidiennement à travers des réunions et des rencontres régulières. Je retrouve un parti débout.
Mais les Ivoiriens ne voient pas suffisamment votre parti, peut-être parce qu’il est jeune. Sur l’échiquier, quels arguments avez-vous, en termes de nombre de militants ou d’assise territoriale ?
Vous verrez au congrès. Sur le plan de l’implantation, nous sommes représentés dans 21 régions sur les 31 et nous avons 74 coordinations. A la CEI, nous avons 230 postes de représentations dans les différentes commissions électorales locales. Le Cap-Udd s’implante lentement mais sûrement. La camarade Laurette BOÉTÉ a fait un travail formidable. Notre parti est là, en un seul morceau.
Votre nom renvoie à votre passé de porte-parole du président Laurent Gbagbo. En ce moment, un organe est en train d’être mis en place pour tenter de rapprocher les deux morceaux du Fpi divisés depuis près de dix ans. Quelle est votre opinion sur cette démarche ?
Je l’ai appris comme tout le monde. Je n’ai pas encore eu l’avantage de rencontrer le camarade Assoa Adou ou le camarade Affi N’guessan qui étaient à la rencontre de Bruxelles. Je sais seulement que cette rencontre de Bruxelles a eu lieu. Je m’en réjouis, car nous l’avons tous souhaitée. Il était temps qu’elle ait lieu. Maintenant c’est fait, nous prions Dieu pour que cette réconciliation se fasse. Car nous rêvons tous de retrouver le FPI fort que nous avons connu.
Il se murmure aussi qu’il y a une dégradation des relations entre l’ancien président et l’ex-Première dame Simone Gbagbo.
Je ne me suis jamais mêlé des relations entre mon patron Laurent Gbagbo et son épouse. Cela est certainement dû à mon éducation de Sénoufo.