Patrimoine culturel africain : Les enjeux de la restitution au centre d’un colloque à Abidjan
A l’initiative de l’académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad) se tient à Abidjan-Plateau, à la Rotonde des arts, un colloque sur le thème : « Les enjeux de la restitution du patrimoine culturel africain ».
A l’ouverture, le 30 janvier 2020, deux panels ont sanctionné le premier jour de ce colloque, à savoir, une conférence inaugurale intitulée «Restituer le patrimoine africain, les enjeux » et « l’état des lieux des œuvres à restituer ».
Ce colloque réuni des experts africains qui s’interrogent sur pourquoi et comment restituer aux pays africains les œuvres d’art collectées ou pillées pendant les conquêtes coloniales et conservées dans les musées français. Il s’agit du Professeur Yacouba Konaté (critique, d’art, auteur, curateur, enseignant à l’Université Félix Houphouët-Boigny), d’Alain Comian Godonou (Directeur du programme Musées Bénin), Henry Bundjuko (Directeur du musée Congo), Emile Zida (Chef de division culture à la commission de la Cedeao), Malick El Hadj N’Diaye (Directeur du musée Théodor Mono de Dakar), Patrick Emery Effiboley (Professeur, assistant au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey), Dr Silvie Memel Kassi (Directeur du musée des civilisations de Côte d'Ivoire) et Salia Malé (Directeur adjoint du musée national du Mali).
Ces experts tout en appréciant la restitution du patrimoine africain sont d’avis sur la problématique que cela va engendrer. « Le musée force la puissance du regard. Les objets qui vont venir ont été vus (...) Les musées occidentaux ont donné à voir nos objets. La valeur dont ces objets sont investis vient des procédures et des dispositifs qui ont été mis en place pour que ces objets soient vus et revus, etc. Si jamais nous devons adopter ce modèle, nous devons donc nous donner les moyens de faire en sorte que ces objets soient vus. S’ils ne sont pas vus, ils vont perdre de la valeur (...) Une œuvre qui a été vues 10000 fois n’apparaît pas comme une œuvre qui a été vue 10 fois », a indiqué le Professeur Konaté.
Pour lui, il est donc important de réfléchir à ce « régime de la vue » de telle sorte que lorsque ces œuvres seront en Afrique, quelque chose qui fonctionne soit mis en place.
Poursuivant, il a souligné qu’il ne faut pas perdre de vue, la valeur d’exposition de l’objet. Le bon musée, dira-t-il, crée une valeur d’exposition. Si cela n’est pas le cas, les œuvres que nous allons accueillir vont être dépréciées. A l’en croire, c’est une partie qui n’a pas été assumée par les deux rapporteurs du « rapport Savoy-Sarr ». C’est dire qu’il n’a pas eu une analyse d’institution muséale dans ce livre.
Selon Patrick Emery Effiboley (Professeur, assistant au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey), il faut tenir compte de la dimension identitaire du patrimoine. « Si les Africains réclament le retour de leur patrimoine, c’est parce qu’ils veulent reconstruire leur identité et surtout la continuité de leur mémoire. C’est d’ailleurs pourquoi, je préfère l’emploi du terme rapatriement plutôt que restitution ». A l’en croire quand on parle de restitution c’est qu’on répare un préjudice. Aussi a-t-il indiqué que les Africains soutiennent l’idée de circulation et de partage de leurs œuvres. Cependant ces idées doivent être ajustées.
Pour Malick El Hadj N’Diaye, directeur du musée Théodor Mono de Dakar, la question de la restitution nécessite la redéfinition du concept de musée. « Aujourd’hui, nous sommes dans une mutation qui a affecté le mécanisme de mise en scène des objets et qui influencé les nouvelles politiques muséales », A l’en croire les questions muséales doivent être repensées.
Situant le contexte, l’architecte Guillaume Koffi, secrétaire général de l’Ascad a rappelé le « Rapport Savoy-Sarr » et ce que cela implique pour les pays africains désireux de d’accueillir leurs œuvres.
Dans son discours en date du 28 septembre 2017, à Ouagadougou, le Président Emmanuel Macron évoquait cette question qui agite la communauté des arts. « Le premier remède c’est la culture, dans ce domaine, je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle, le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris mais aussi à Dakar, à Lagos, à Cotonou, ce sera une de mes priorités. Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », déclarait le Chef de l’Etat français.
A noter que le colloque sur « Les enjeux de la restitution du patrimoine culturel africain » se poursuit, ce vendredi 31 janvier 2020.
Ce colloque réuni des experts africains qui s’interrogent sur pourquoi et comment restituer aux pays africains les œuvres d’art collectées ou pillées pendant les conquêtes coloniales et conservées dans les musées français. Il s’agit du Professeur Yacouba Konaté (critique, d’art, auteur, curateur, enseignant à l’Université Félix Houphouët-Boigny), d’Alain Comian Godonou (Directeur du programme Musées Bénin), Henry Bundjuko (Directeur du musée Congo), Emile Zida (Chef de division culture à la commission de la Cedeao), Malick El Hadj N’Diaye (Directeur du musée Théodor Mono de Dakar), Patrick Emery Effiboley (Professeur, assistant au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey), Dr Silvie Memel Kassi (Directeur du musée des civilisations de Côte d'Ivoire) et Salia Malé (Directeur adjoint du musée national du Mali).
Ces experts tout en appréciant la restitution du patrimoine africain sont d’avis sur la problématique que cela va engendrer. « Le musée force la puissance du regard. Les objets qui vont venir ont été vus (...) Les musées occidentaux ont donné à voir nos objets. La valeur dont ces objets sont investis vient des procédures et des dispositifs qui ont été mis en place pour que ces objets soient vus et revus, etc. Si jamais nous devons adopter ce modèle, nous devons donc nous donner les moyens de faire en sorte que ces objets soient vus. S’ils ne sont pas vus, ils vont perdre de la valeur (...) Une œuvre qui a été vues 10000 fois n’apparaît pas comme une œuvre qui a été vue 10 fois », a indiqué le Professeur Konaté.
Pour lui, il est donc important de réfléchir à ce « régime de la vue » de telle sorte que lorsque ces œuvres seront en Afrique, quelque chose qui fonctionne soit mis en place.
Poursuivant, il a souligné qu’il ne faut pas perdre de vue, la valeur d’exposition de l’objet. Le bon musée, dira-t-il, crée une valeur d’exposition. Si cela n’est pas le cas, les œuvres que nous allons accueillir vont être dépréciées. A l’en croire, c’est une partie qui n’a pas été assumée par les deux rapporteurs du « rapport Savoy-Sarr ». C’est dire qu’il n’a pas eu une analyse d’institution muséale dans ce livre.
Selon Patrick Emery Effiboley (Professeur, assistant au département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Abomey), il faut tenir compte de la dimension identitaire du patrimoine. « Si les Africains réclament le retour de leur patrimoine, c’est parce qu’ils veulent reconstruire leur identité et surtout la continuité de leur mémoire. C’est d’ailleurs pourquoi, je préfère l’emploi du terme rapatriement plutôt que restitution ». A l’en croire quand on parle de restitution c’est qu’on répare un préjudice. Aussi a-t-il indiqué que les Africains soutiennent l’idée de circulation et de partage de leurs œuvres. Cependant ces idées doivent être ajustées.
Pour Malick El Hadj N’Diaye, directeur du musée Théodor Mono de Dakar, la question de la restitution nécessite la redéfinition du concept de musée. « Aujourd’hui, nous sommes dans une mutation qui a affecté le mécanisme de mise en scène des objets et qui influencé les nouvelles politiques muséales », A l’en croire les questions muséales doivent être repensées.
Situant le contexte, l’architecte Guillaume Koffi, secrétaire général de l’Ascad a rappelé le « Rapport Savoy-Sarr » et ce que cela implique pour les pays africains désireux de d’accueillir leurs œuvres.
Dans son discours en date du 28 septembre 2017, à Ouagadougou, le Président Emmanuel Macron évoquait cette question qui agite la communauté des arts. « Le premier remède c’est la culture, dans ce domaine, je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle, le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris mais aussi à Dakar, à Lagos, à Cotonou, ce sera une de mes priorités. Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », déclarait le Chef de l’Etat français.
A noter que le colloque sur « Les enjeux de la restitution du patrimoine culturel africain » se poursuit, ce vendredi 31 janvier 2020.