Etats Unis /Primaires démocrates: Joe Biden, favori en danger
Joe Biden avait anticipé la gifle du New Hampshire, partant pour la Caroline du Sud avant même l'annonce des résultats. « J'ai pris un coup dans l'Iowa et j'en prendrai probablement un autre ici », avait-il même lancé la semaine dernière en ouverture d'un débat très attendu dans ce petit État du nord-est. Il n'y a d'ailleurs pratiquement pas fait campagne. « Cela a beaucoup déçu. Le responsable de ses équipes sur place a même fait une déclaration assez violente à la télévision, expliquant qu'il devait au moins faire semblant d'y croire par égard pour tous les bénévoles mobilisés sur le terrain », note encore Jean-Eric Branaa.
Si ce nouvel échec n'est pas une surprise, il n'en est pas moins cuisant pour l'ancien vice-président qui se voit devancer non pas par un seul, mais par deux candidats modérés : Pete Buttigieg et la sénatrice Amy Klobuchar. « Cela rend encore plus terrible la chute de Joe Biden dans cet État. S'il avait réussi à capitaliser les voix de Buttigieg et de Klobuchar, il aurait été très largement en tête, là où Hillary Clinton avait très largement perdu face à Bernie Sanders il y a quatre ans », pointe le chercheur.
Alors comment expliquer une telle déroute ? Une question d'âge ? Sur RFI, Lauric Henneton balaie cette hypothèse. Joe Biden a certes 77 ans, mais Bernie Sanders en a 78. Pour le maître de conférences à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, c'est une question d'état d'esprit. « Sanders est à fond, il mobilise. Biden, il n'y croit pas, alors on n'y croit pas. Au niveau de l'enthousiasme, de l'énergie et de la capacité à mobiliser des électeurs, des activistes et des donateurs, il est perdant sur tous les tableaux. »
Son programme pourrait également expliquer le manque d'enthousiasme des électeurs à voter pour lui. « Il veut faire le troisième mandat de Barack Obama et promet de débarrasser les Américains de Donald Trump. L'anti-Donald Trump est ce que le parti démocrate fait à l'échelle nationale, c'est une faillite totale. Parce que les électeurs veulent qu'on leur propose quelque chose de nouveau, pas des candidats dont le programme se résume à une opposition à Donald Trump », observe Jean-Eric Branaa.