Logements sociaux, financement des PME, développement des régions…: Ce qui va changer avec la Caisse des dépôts

Le Directeur général de la CDC-CI, Lassina Fofana signant la convention avec la CDC France représentée par son DG, Eric Lombard, sous le regard attentif du ministre ivoirien de l'Economie et des Finances, Adama Coulibaly.
Le Directeur général de la CDC-CI, Lassina Fofana signant la convention avec la CDC France représentée par son DG, Eric Lombard, sous le regard attentif du ministre ivoirien de l'Economie et des Finances, Adama Coulibaly.
Le Directeur général de la CDC-CI, Lassina Fofana signant la convention avec la CDC France représentée par son DG, Eric Lombard, sous le regard attentif du ministre ivoirien de l'Economie et des Finances, Adama Coulibaly.

Logements sociaux, financement des PME, développement des régions…: Ce qui va changer avec la Caisse des dépôts

Le 23/03/20 à 22:50
modifié 23/03/20 à 22:58
Un an après son opérationnalisation, cette nouvelle institution publique est parvenue à nouer des partenariats avec l’écosystème financier traditionnel qu’il vient compléter, pour accroître les possibilités de financement du développement.

Est-ce une institution financière de plus ? Serait-elle concurrente des banques et autres établissements financiers classiques ? Quel est son rôle dans le développement économique et social d’un pays ? Autant d’interrogations qui fusaient au sujet de la Caisse de dépôts et consignations de Côte d’Ivoire (CDC-CI), et qui ont reçu des réponses appropriées au sortir de la Conférence-débat organisée, le 4 mars à Abidjan-Plateau, par l’institution opérationnelle depuis janvier 2019 après sa création, un an plus tôt.

Sur la première interrogation concernant la place exacte de la Caisse dans le paysage financier national, le Directeur général de la CDC-CI, M%. Fofana Lassina, a été clair : « Nous ne sommes pas une banque, et nous ne sommes pas non plus concurrents des banques. La Caisse de dépôts et consignations de Côte d’Ivoire est chargée, en vertu de la loi qui l’a créée, de la mobilisation et de la gestion sécurisée des fonds publics et privés notamment, les dépôts des professions juridiques (les notaires par exemple), les fonds d’épargne réglementés, les fonds de prévoyance sociale, l’épargne des institutions de microfinance coopérative et mutualiste, les fonds issus des comptes dormants et des comptes inactifs, les consignations de toute nature, les cautionnements administratifs divers, les ressources des marchés de capitaux ». Pour être complet sur le chapitre du positionnement exact de la CDC-CI, le premier responsable de l’institution a jouté que la Caisse a aussi une mission d’investisseur, plus précisément, d’investisseur d’intérêt général, d’investisseur financier par la gestion de portefeuille diversifié constitué entre autres, de bons du Trésor, d’actions, d’obligations publiques et privées. La Caisse peut aussi jouer un rôle de gestionnaire pour compte de tiers, par exemple de gestion de fonds de retraite, fonds de prévoyance et recapitalisation. Elle apporte également une expertise en ingénierie financière, lui permettant d’accompagner la mise en place de montages financiers.

L’expertise de la Caisse de dépôts de France intégrée

Le modèle de la Caisse de dépôts, institution financière publique ayant pour mission de recevoir, conserver et gérer des ressources privées et les transformer pour financer des projets d'intérêt général, est certes d’expansion récente en Afrique, mais il n’est pas nouveau. Il a été imaginé en France au début du XIXe siècle. Avec 151 milliards de dollars d'actifs financiers en 2017, la Caisse de Dépôts et Consignations (CDC) française est devenu le premier investisseur institutionnel du pays. Des consœurs existent en Italie, au Brésil, au Portugal, en Belgique et au Québec.

La Caisse de dépôts de Côte d’Ivoire a donc eu le nez creux en sollicitant l’expertise de la Caisse de France, vieille de deux cents ans. Présent à la conférence-débat d’Abidjan, le Directeur général du groupe Caisse de dépôts et consignations France (CDC), M. Eric Lombard, a partagé l’expérience de son institution au cœur du développement des territoires français, et de l’immobilier social comme du financement des PME.

Les actions de la CDC pour le financement de l’économie se regroupent principalement autour de trois axes, qui intéressent particulièrement sa jeune homologue ivoirienne.

Le premier concerne le financement du logement social, une problématique qui tient à cœur au gouvernement ivoirien. Via la collecte de fonds par le biais du Livret A (livret d’épargne français), la CDC prête ensuite aux organismes sociaux de l’habitat comme les offices publics de l’habitat (OPH), ou les entreprises sociales de l’habitat (ESH ex-SA HLM). Selon les statistiques, près d’un Français sur six est aujourd’hui logé dans le parc locatif social composé de plus de cinq millions de logements. Cette action en faveur du logement des populations moyennes et modestes repose en partie (aux trois quarts) sur les prêts sur fonds d’épargne qui assurent le financement de la construction neuve et de la réhabilitation du parc existant, avec des volumes annuels de prêts de 12 milliards d’euros (moyenne 2000-2013 ; 1 euro=environ 655 FCfa) consentis pour le logement social et la politique de la vile. Par ailleurs 6 milliards d’euros de prêts ont été consacrés aux infrastructures et à divers emplois d’intérêt général.

Ce dispositif de prêts, soutient l’institution, est sans équivalent dans les circuits financiers «classiques». Les conditions financières privilégiées permettent aux organismes de logement social de produire des logements dans des conditions économiques de marché (coût de construction, foncier) tout en respectant des loyers fixés réglementairement, bien inférieurs aux niveaux de marché libre.

La CDC a aussi pour mission de soutenir des politiques d’investissement dans les territoires. Un autre domaine prioritaire pour la Côte d’Ivoire, qui a entrepris une politique de développement régional à partir de pôles de compétitivité régionale devant valoriser les ressources des territoires ruraux et communaux. La Caisse française « finance des projets d’infrastructure de transport et apporte son expertise aux collectivités locales qui souhaitent lancer des projets. Elle investit également dans le domaine des technologies vertes et vise à favoriser la transition énergétique. Elle favorise la transition numérique ».

Enfin, la CDC a une mission de soutien aux entreprises. Elle peut investir directement dans des entreprises pour favoriser leur développement, y compris à travers ses filiales présentes dans de nombreux domaines comme l’assurance (CNP Assurances), le transport (Transdev), l’écologie (Institute for Climate Economics, Société Forestière), le tourisme (Compagnie des Alpes), le numérique (CDC Arkhineo)...

La CDC intervient particulièrement pour les entreprises ou activités qui peinent à trouver des financements comme le financement à l’export des PME ou le financement des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Elle utilise pour ce faire sa filiale – conjointe avec l’Etat – BPI France (Banque Publique d’Investissement).

Dans un contexte ivoirien où le financement des PME reste largement en-deçà des besoins exprimés, il va sans dire que l’expérience de la Caisse de dépôts de France sera fort utile. L’une des retombées de la Conférence-débat, sur ce point, est que la CDC France s’est dite prête et résolue à accompagner sa consoeur ivoirienne, comme elle avait du reste soutenu le déploiement des caisses d’Afrique du nord. « Il y a une grande solidarité entre les caisses de dépôts du monde entier. Nous formons une famille, et serions particulièrement heureux d’apporter notre contribution au développement de la CDC-CI », a promis M. Lombard qui a signé avec la Caisse ivoirienne une convention de coopération. Dont la mise en œuvre permettra sans doute à la CDC-CI de changer radicalement la donne en Côte d’Ivoire, en matière de logement social, de financement des PME et de développment équilibré des régions.


Le 23/03/20 à 22:50
modifié 23/03/20 à 22:58