Mauvaise gouvernance supposée à la BAD: Le président Adesina réfute des «allégations fallacieuses et sans fondement»
Le Comité d'éthique du Conseil d'administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d'examen interne. Laissons le Comité achever son examen et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit, conseille M ; Adesina. « Je suis totalement convaincu, poursuit-il, que sur la base de faits et de preuves, les procédures régulières d'examen et la transparence révèleront que tout cela ne constitue que des allégations fallacieuses et sans fondement ».
« Je voudrais, recommande le président, que tous les membres du personnel, les actionnaires et les partenaires de la Banque, qui sont particulièrement dévoués, ne soient ni touchés ni ébranlés par ces allégations manifestement fausses. Je resterai calme et résolu. Je ne me laisserai pas distraire. Aucun mensonge, quelle qu'en soit la propagation, ne pourra jamais dissimuler la vérité. Bientôt, la vérité éclatera au grand jour ».
M. Adesina se veut plus déterminé que jamais : « Je continuerai à m'acquitter de mes devoirs et responsabilités de Président, avec le plus haut niveau de professionnalisme, de dévouement et de détermination inébranlable, pour diriger et soutenir la mission audacieuse de la Banque en faveur du développement accéléré de l'Afrique, et pour aider à protéger le continent en cette période de pandémie de COVID19".
Une enquête interne, sensible et gênante, suit son cours à la Banque africaine de développement (BAD). En toute discrétion car elle vise son président, le nigérian Akinwumi Adesina, écrivait Le Monde Afrique, hier. « A la tête, depuis 2015, de la première institution de financement du développement d’Afrique, ce brillant économiste et ancien ministre de l’agriculture du Nigeria (2011-2015) se retrouve accusé par une frange du personnel de favoritisme au profit de proches compatriotes et de comportements « contraires à l’éthique ».
Les soupçons portent également sur des cas de « violation du code de conduite » et d’« entrave à l’efficacité (...) affectant la confiance dans l’intégrité » de la Banque », écrivent les deux auteurs de l’article.
A l’origine de cette affaire embarrassante, poursuivent-ils, il y a « un groupe de membres du personnel préoccupés » par des pratiques jugées douteuses qu’ils ont recensées avec minutie, dans l’ombre, pour éviter, disent-ils, une « crise institutionnelle ». Soucieux de préserver leur anonymat, ces employés se sont mués en lanceurs d’alerte, comme le permet le code de conduite de la BAD.
Le 19 janvier, croit savoir le quotidien français, « ils ont déposé plainte et transmis au département de l’intégrité et de la lutte contre la corruption de la Banque un document de onze pages détaillant seize cas d’abus présumés, impliquant parfois directement le président Adesina. Des allégations actuellement « examinées par le conseil des gouverneurs de la BAD », précise le directeur du département des services juridiques, Godfred Awa Eddy Penn, qui s’interdit tout commentaire ».
M. Adesina, candidat à sa réélection (le scrutin devrait se dérouler lors des prochaines assemblées générales de la Bad théoriquement prévues en mai 2020), avait déjà essuyé, en début d’année, des remarques assez curieuses du président de la Banque mondiale, accusant l’institution basée à Abidjan, de prêter trop facilement aux pays africains. Ce qui était de nature, selon David Malpass, à aggraver l’endettement des pays bénéficiaires. D’un ton ferme, avec des chiffres, Akinwumi Adesina avait balayé ces accusations.