Covid-19 : Quand des populations bravent la mesure d’isolement d’Abidjan
À Man, dans l’ouest du pays par exemple, les candidats au voyage rivalisent d’ingéniosité pour se rendre à Abidjan. Deux possibilités s’offrent à eux. Soit ils empruntent un minicar à Man pour rallier Yamoussoukro puis un autre véhicule de Yamoussoukro pour Abidjan, soit ils optent pour les véhicules dispensés de l’interdiction de circuler.
Dame Oulaï Odette, résidant à Man, avoue s’être rendue à Abidjan au chevet de son fils en empruntant un camion transportant des produits vivriers. Au cours de ce voyage périlleux, elle a dû se faire passer pour une commerçante afin d’éviter de se faire épingler par les forces de l’ordre. Elle révèle avoir déboursé la somme de 20 000 FCfa pour effectuer ce trajet qui lui revient habituellement à 8 000 FCfa. Et une fois son séjour à Abidjan terminé, elle a utilisé le même procédé pour regagner Man.
Pour leur part, Kouassi Rodrigue et son frère, tous deux employés d’une entreprise chinoise du secteur de l’électricité installée à Duékoué mais fermée en raison de la pandémie, ont pu regagner Abidjan, leur lieu de résidence habituelle, à bord d’un corbillard, en payant la somme de 15 000FCfa chacun.

Quand Kamaté Abou, ingénieur en informatique, rencontré au corridor de Zélé à Man à bord d’un gros camion, dit s’être fait passer pour un apprenti-chauffeur pour rejoindre sa femme à Abidjan.
Interpellé sur leur implication dans ces pratiques dolosives, préjudiciables à la lutte contre le Covid-19, un chauffeur de camion de transport de marchandises rétorquera, sous le couvert de l’anonymat, qu’ils essaient d’aider les personnes qui doivent impérativement voyager. Sauf que cet altruisme proclamé n’est pas sans facture. Il a un coût et porte surtout un coup aux efforts engagés en vue de freiner la propagation de la pandémie dans le pays.
En effet, le prix du trajet de Man à Abidjan est littéralement passé du simple au double avec l’émergence de cette nouvelle race «de transporteurs en commun» qui n’ont pas conscience du danger qu’ils font courir à tout le pays.
En écho aux tarifs exorbitants qu’ils fixent aux voyageurs, les chauffeurs de gros camions, se défendant, accusent les agents des forces de sécurité d’être devenus plus avides dans le racket depuis l’avènement de la pandémie
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Ces citoyens qui jettent la pierre à l’arbre fruitier
Le gouvernement, soucieux de l’approvisionnement des marchés, accorde une dérogation à une catégorie de travailleurs qui échappent ainsi à l’interdiction de rallier la capitale économique imposée à toute la population ivoirienne. À l’arrivée, ce sont malheureusement ceux qui bénéficient de la faveur de cette dérogation qui mettent à mal le dispositif mis en place par le gouvernement pour freiner l’avancée du Covid-19.
L’objectif pourtant noble, c’était d’éviter d’impacter les secteurs d’activité jugés essentiels dont celui du transport de denrées alimentaires et ses acteurs. L’État a annoncé, par ailleurs, des primes de risque pour les acteurs en première ligne de la lutte au nombre desquels les forces de sécurité. Mais il ressort de nos investigations que certains membres de ces deux corps de métiers, mus sans doute par le gain facile, portent atteinte à la lutte engagée par le gouvernement pour freiner la pandémie à coronavirus.
Ces actes d’incivisme qui peuvent avoir une incidence grave sur la vie de la nation méritent d’être durement punis. Cela est nécessaire pour incliner les Ivoiriens et tous ceux qui vivent sur le territoire ivoirien, toutes les couches socio-professionnelles confondues, au civisme et au respect des mesures prescrites par le gouvernement pour lutter contre cette pandémie ravageuse et toujours sans remède.