Religion : Paquinou, virusé par le Covid 19

Une famille qui prépare pour "Paquinou" en pays Baoulé.
Une famille qui prépare pour "Paquinou" en pays Baoulé.
Une famille qui prépare pour "Paquinou" en pays Baoulé.

Religion : Paquinou, virusé par le Covid 19

Pandémie du coronavirus oblige ! Pâques, la plus importante fête chrétienne qui commémore la résurrection de Jésus Christ aura une coloration toute particulière dans le monde. Particulièrement en Côte d'Ivoire.
D'habitude célébrée avec faste par les Ivoiriens, notamment la communauté Baoulé ( originaire du centre de la Côte d'Ivoire), qui a trouvé une appelation, '' Pâquinou'' tout aussi particulière et surtout culturelle à cette fête.
Le gouvernement ayant décidé du confinement total du Grand Abidjan, poumon de l'économie nationale, les déplacements vers l'intérieur du pays sont depuis une dizaine de jours interdits. Sauf sur demandes adressées au ministère de l'Intérieur et de la protection civile.
Du coup, toutes les prévisions pour Pâquinou sont annulées.
La communauté Baoulé qui a fait de cette fête, des moments de rassemblements, de réunions, de concertations pour généralement, le développement de leurs différentes régions est astreinte au respect scrupuleux des mesures prises par les autorités pour freiner la propagation de ce monstre sans visage.
Quelques visites dans certaines gares routières d'Abidjan et chez certains citoyens témoignent du danger que constitue effectivement le covid-19.
Ce vendredi 10 avril matin, dans la commune de Koumassi, à la gare de l'union des transports de Bouaké (UTB) , leader du transport des voyageurs en Côte d'Ivoire, c'est le calme plat. Contrairement à la grouille habituelle de voyageurs, toutes les places sont vides. Aucun voyageur n'est présent. Néanmoins, les bureaux des responsables sont ouverts et l'un d'eux, Kouassi Konan nous reçoit. « Il faut dire que nous vivons difficilement cette période. Vous savez que Bouaké est la capitale du pays Baoulé et imaginez un peu ce que nous perdons quand personne ne peut sortir d'Abidjan. Mais je pense que le gouvernement a agi pour le bien des populations et ces mesures difficiles sont salutaires car la vie n'a pas de prix. Si nous sommes en vie, nous aurons d'autres fêtes de Pâques » s'est-il exprimé très ému.
A Adjamé, dans les autres gares, le constat est le même. Certains cars sont immobilisés quand d'autres en pannes sont au garage.
Les populations vivent aussi difficilement cette période.
A Marcory,chez dame Aya Victorine, Baoulé et chrétienne catholique pratiquante , ce vendredi consacré au '' chemin de croix'' n'aura pas lieu. L'église Sainte Bernadette qu'elle fréquente étant fermée, elle s'apprête en cet après midi à prier avec quelques membres de sa famille. « Je suis originaire de Tiébissou et chrétienne pratiquante. Toutes les années, nous nous retrouvons à Tiébissou pour nos réunions annuelles et fêter. Mais le coronavirus ne nous le permet pas cette année. Cette maladie fait des ravages dans le monde et nous devons respecter les mesures prises par nos autorités pour être en vie et éviter sa propagation dans tout le pays. Pâquinou va nous manquer mais il faut être d'abord en vie » fait t-elle remarquer.
Le constat est aussi le même partout dans le monde.
Le pape François, la semaine dernière, à l'occasion de la célébration des râmeaux a invité tous les chrétiens du monde à faire preuve de courage et d'amour dans cette période de crise sanitaire que traverse le monde entier.
Le coronavirus aura reussi à faire '' oublier'' la Pâques. La communauté baoulé, particulièrement les chansonniers sont les plus affligés.
Pas de Pâquinou cette année ? Sacré coronavirus !