Coronavirus à Abidjan : ces ivoiriens qui ont besoin de voir et de toucher pour croire !

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Coronavirus à Abidjan : ces ivoiriens qui ont besoin de voir et de toucher pour croire !

Le constat est unanime. Abidjan est loin d’avoir l’apparence d’une ville en quarantaine. Notre traditionnelle insouciance et la défiance universelle vis-à-vis des autorités politiques y sont certainement pour quelque chose. Le besoin d’activités pour survivre aussi. Il y en a même qui ne croient pas à cette pandémie du corona virus, maladie frappant des gens très loin de chez nous. Ils sont nombreux, ces saints Thomas du Covid-19. Et comme cet Apôtre, ces Ivoiriens ont aussi besoin de voir et de toucher pour croire. Les médias d’état devraient en tenir compte et radicalement changer de stratégie de communication.

Depuis le début de la crise, les messages sur les gestes barrières sont constants et très expressifs à la télé et à la radio. Les reportages sur les dons de matériel anti-Covid à travers les différentes régions du pays sont abondants dans les journaux télévisés. Les chroniques sur les conséquences sociales et économiques de la pandémie sont nombreuses et bien faites. Mais force est de constater cela ne suffit pas pour une véritable prise de conscience dans la population. Les Ivoiriens ont besoin d’un véritable électrochoc.

L’injection quotidienne de statistiques sur le nombre d’infectés, de décès et de guéris a peu d’effet ; les chiffres nous laissent vraiment indifférents et n’arrivent pas à faire baisser la température de notre incrédulité. Il faudrait ajouter à ce traitement une bonne dose de témoignages concrets de nos concitoyens aux prises avec le dangereux virus. Il faudrait chaque jour que l’on puisse les voir et les entendre.

Oui, nous avons tous besoin de voir et d’entendre les héros du CHU de Treichville et de tant de centres de santé parler de leurs difficultés quotidiennes, des malades qu’ils rencontrent, des réactions face à l’annonce d’un test positif. Nous avons besoin de voir et d’entendre les agents de l’Institut National d’Hygiène Public, du SAMU, de l’Institut Pasteur nous raconter leur travail pour vraiment apprécier l’ampleur de la crise ; nous avons besoin de voir et d’entendre des familles de personnes infectées : nous avons besoin que ces ivoiriens-là, qui vivent dans la même ville que nous, nous parlent de leurs angoisses et de leurs espoirs quotidiens, de leurs relations avec le parent malade, de leur vie de famille profondément bouleversée. Nous avons besoin de voir et d’entendre en direct les récits des confinés de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS). Nous avons besoin de voir et d’entendre des malades guéris du Covid-19, ceux de Cocody et de Marcory : nous avons besoin qu’ils nous partagent leur expérience et qu’ils nous donnent des conseils précis de prudence, qu’ils nous invitent à la vigilance. Nous avons besoin de mettre des visages ivoiriens sur les chiffres, des noms et prénoms de chez nous sur les infectés et miraculés.

Une image vaut mieux que mille paroles, dit-on. Un témoignage vaut mieux que mille mises en garde. Voilà une autre thérapie qui pourrait peut-être contribuer à sensibiliser davantage les ivoiriens et leur montrer que le Covid, c’est vraiment « notre affaire ».

Landry Gbaka-Brédé, prêtre

Nb: Le titre est de la Rédaction