Mamadou Bamba, Dg d’Orange-Côte d’Ivoire: “ Je ne comprends pas ceux qui défient ces mesures barrières ”
Il est fortement déconseillé de faire de l’automédication dans la mesure où face à ce virus, chaque individu réagit différemment. Certains ont des formes asymptomatiques, ou bénignes et d’autres ont des formes bien plus graves.
On va revenir au premier jour, à la première minute où l’on vous annonce que vous êtes testé positif. D’abord comment vous l’a-t-on dit ? Ensuite comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Pour commencer, j’ai ressenti une légère détresse respiratoire (essoufflement) qui n’était pas sévère. Je n’avais pas de fièvre. J’étais particulièrement fatigué.
La médiatisation à outrance du Covid-19 en fait quelque chose de très anxiogène. Nous sommes confrontés à l’actualité mondiale des chaînes d’informations qui égrènent à longueur de journée le décompte du nombre de personnes contaminées et du nombre de décès. C’est effrayant !
J’ai donc aussitôt contacté le médecin de l’entreprise qui était en contact avec le Professeur Eholié du SMIT.
Ils m’ont appris la nouvelle au téléphone. J’ai ensuite reçu une confirmation écrite par mail.
Oui j’ai eu peur. Peur de ne pas pouvoir être soigné, peur d’être intubé, peur de mourir tout simplement. Ce sont les premiers ressentiments... Puis mon optimisme a repris le dessus. J’ai pensé au nombre de personnes guéries. Pourquoi pas moi ? Il n’y avait aucune raison qu’il en soit autrement !
Mon cas n’était pas asymptomatique. Le Professeur Eholié a été d’un grand réconfort. Il m’a adjoint le docteur Mountarda que je ne remercierai jamais assez pour son excellent suivi.
Avez-vous une idée de là où vous avez contracté le virus ?
C’est la première question que l’on se pose bien entendu. Je n’en ai aucune idée. Je respecte scrupuleusement les mesures barrières, au point d’être excessif avec mes proches mais apparemment, ça n’a pas suffi.
Quelle a été la réaction de vos proches ?
Ils ont fait preuve de beaucoup de compassion. Il me fallait les protéger en continuant de respecter les mesures barrières. Mon confinement s’est donc passé en chambre avec le port du masque.
Comment vos collaborateurs ont-ils pris la nouvelle et quelles ont été les réactions reçues de l’opinion ?Je n’ai pas jugé utile d’alarmer mes collaborateurs aussitôt dans la mesure où nous avions commencé le télétravail à plus de 90% à l’exception des équipes techniques d’interventions et des agences.
Ma hiérarchie, et mon intérimaire ont été informés afin de respecter la gouvernance et de permettre à l’entreprise de poursuivre ses activités.
Après avoir annoncé la nouvelle publiquement, oui, j’ai reçu énormément de messages de soutien et de sympathie. Ça réchauffe le cœur.
Cette maladie est stigmatisée. Elle peut paraître honteuse pour beaucoup alors qu’en réalité, cela n’arrive pas qu’aux autres ! Il est primordial de se faire dépister au plus tôt.
Avez-vous repris normalement vos activités ?
C’est vraiment difficile de s’arrêter de travailler. Je suis encore en repos. J’ai repris à 50%. Je dois prendre le temps de récupération nécessaire pour un rétablissement optimal.
Pensez-vous avoir été à l’origine de la contamination d’autres personnes ?
J’ai en toute responsabilité, informé aussi vite que possible les personnes avec lesquelles j’ai été en contact. Il fallait qu’elles puissent se faire dépister rapidement, se faire suivre le cas échéant, et surtout, qu’elles ne propagent pas le virus involontairement à d’autres personnes. Cela a été ma priorité ! Il est de notre responsabilité de bloquer sa réplication !
J’ai procédé au dépistage de ma famille et de toutes les personnes avec lesquelles je travaille quotidiennement. 18 personnes au total, de mon entourage proche, ont été scrupuleusement dépistées.
J’étais le seul à l’avoir contracté à l’exception de l’un de mes agents de sécurité aussitôt confiné au VITIB par les équipes du SMIT. Il avait une forme asymptomatique. Dieu merci, il est aujourd’hui négatif.
Aujourd’hui que diriez-vous à ceux qui rusent avec les mesures de protection ?Je ne comprends pas ceux qui défient ces mesures barrières. Elles sont là pour nous protéger. Pour sauver nos vies. Il en va de leur vie, mais également de celle de leurs proches, de leurs enfants, de leurs parents... Je trouve irresponsable de ne pas considérer ces gestes si simples.
A titre préventif, c’est la seule manière de faire barrage à cette maladie. En curatif, le dépistage rapide, le traitement précoce et le confinement sont les seules façons de guérir.
Monsieur le directeur général, comment le groupe que vous dirigez gère-t-il la crise sanitaire, notamment au niveau des ressources humaines et des différents services ?
Toutes les dispositions ont été prises dès les premières heures de la crise.
Notre priorité était avant tout de préserver le personnel d’Orange. Nous avons donc très vite mis en place le même dispositif que lors de la crise Ebola. Nous avons déployé notre comité de gestion de crise composé du comité de direction, des DG d’Orange Bank, d’Orange Money CI, du Groupement Orange Service etc., mais également des représentants du personnel, du comité d’hygiène et de sécurité, et la directrice de notre centre médical...
Nous avons équipé tous nos sites d’un dispositif de lavage des mains, d’usage de gel hydroalcoolique, de thermoflash. Nous avons fourni continuellement des masques à tous nos agents. Nous nettoyons trois fois par jour les sites et les agences. Nous avons sensibilisé notre personnel aux gestes barrières.
Nous avons également aménagé, avec l’aide de la directrice de notre centre médical d’Entreprise, une salle d’isolement du personnel, avant leur transfert à l’INHP en cas d’infection. Comme je vous le disais. Nous avons très vite pris toutes les dispositions nécessaires urgentes, dès les premières heures de la crise.
Vos abonnés ont-ils eu droit à quelques soutiens de la part de leur opérateur ?Nos abonnés, et tous les Ivoiriens sont une priorité pour ORANGE CI. Nous sommes tous engagés. Nous devons tous être solidaires pour faire face à cette crise sanitaire.
Dans un premier temps, nous avons privilégié l’information utile et la sensibilisation des populations. Aussi, ORANGE CI a-t-elle offert à notre Gouvernement, le « Centre d’Information Gouvernemental sur le Covid-19 » totalement équipé par nos soins. Ce centre, logé dans nos locaux, emploie 86 téléconseillers rémunérés par ORANGE CI.
Ensuite, en partenariat avec le Ministère de la santé, nous finançons également une caravane de sensibilisation à Abidjan et à l’intérieur du pays (en français et en langue locales) afin que le plus grand nombre reçoive toutes les informations nécessaires au sujet de la pandémie qui touche notre pays.
De nombreuses actions de générosité pour nos clients sont réalisées à travers des réductions et des bonus, sur la data, sur les équipements fixe internet, et à destination des Entreprises pour le télétravail.
En accord avec la BCEAO, nous offrons des gratuités sur les transferts et le paiement des factures Orange Money.
Nous proposons un accès gratuit à 10 chaînes sur la TV d’Orange.
Pour finir, à travers la fondation Orange, nous avons acquis 5 respirateurs, des électrocardiographes, des blouses, des équipements de protection pour le personnel médical, des masques, des produits d’hygiènes et des kits alimentaires que nous allons distribuer dans les jours à venir.
Les valeurs solidaires portées par notre groupe sont réelles. Elles constituent véritablement notre ADN. Nous ferons notre possible pour contribuer au bien-être de tous.
Dans cette crise, à quelques exceptions près, tout le monde a perdu quelque chose. Une idée des dommages et/ou impacts sur les activités d’Orange Côte d’Ivoire ?De mémoire d’homme, cette crise est sans précédent. La croissance de notre Chiffre d’affaires a connu un arrêt brutal. Tous nos clients sont fragilisés. Les Entreprises voient leurs activités baisser voire s’arrêter, les salariés au chômage technique voient leur pouvoir d’achat chuter, les professions libérales et les commerçants voient leurs revenus s’amoindrir, sans oublier les travailleurs qui disposent d’un revenu journalier. Tout cet écosystème qui constitue le vivier de nos clients connaît une baisse drastique de leurs revenus qui se ressent bien entendu sur notre activité.
A ce jour, nous enregistrons une baisse de 15% de nos revenus et nous estimons à plus de 16 Milliards de FCfa l’impact de la crise sur notre situation de trésorerie.
Nous sommes en État d’urgence sanitaire, les frontières terrestres, aérienne et maritime sont fermées, le couvre-feu est instauré.
Nous sommes aujourd’hui le principal lien entre les populations, entre les familles. Nous permettons à notre pays de rester connecté au monde.
Nous devons plus que jamais continuer à jouer notre rôle sociétal, en fournissant l’accessibilité et la connectivité aux populations.
Aussi, je tiens à remercier grandement les équipes d’Orange CI et en particulier toutes celles qui sont en première ligne. Nous prenons des risques en étant nuit et jour sur le terrain pour garantir cette disponibilité du réseau mais également pour assister nos populations en agence, et ce, sur toute l’étendue du territoire. Un grand merci à tous pour votre engagement. Tous solidaires, tous engagés !
on témoignage et surtout appelle au respect des mesures préventives édictées par les autorités.