Venance Konan : «Edem Kodjo était comme l’albatros...»
Et pourtant, «c’était un grand homme, un brillant et immense intellectuel», n’a pas manqué de souligner Venance Konan. Question de saluer à sa juste valeur l’esprit de grandeur de ce panafricaniste de renommée internationale. Pour l’écrivain, Edem Kodjo restera cet homme qui a toujours présenté une stature, bien au-delà de l’échiquier politique de son pays natal, le Togo. «Il reste avant tout un grand panafricaniste. Et il n’accepterait donc pas qu’on le réduise à son Togo natal», a-t-il précisé.
Dans tous les cas, il a fait savoir qu’il a toujours été «un homme de consensus » dans son pays, aussi bien, sous le régime d’Eyadema que de celui de Faure Gnassingbé. Malheureusement «quand vous êtes un homme de compromis, on vous accuse souvent de compromission», a déploré Venance Konan, en expliquant que cette position lui a attiré la foudre de l’opposition togolaise.
Par ailleurs, de la rencontre à la complicité intellectuelle entre lui et Edem Kodjo, il en a été également question. «C’est un grand intellectuel de réputation que nous connaissions, quand j’étais étudiant en France. Il venait de signer son livre intitulé "Et demain l’Afrique". C’était notre bréviaire, creuset de nos discussions et débats. Et j’ai eu la chance de me faire dédicacer le livre», a-t-il révélé. Plus tard, «quand je suis devenu journaliste, il était candidat à la présidence de son pays en 2003. Je l’ai interviewé. Mon premier livre venait de paraître. Il l’a aimé. C’est de là qu’est née cette complicité intellectuelle entre nous », a précisé Venance Konan.
Les circonstances qui ont entouré la rédaction du livre «Edem Kodjo, un homme un destin ou le parcours politique d'un intellectuel africain» n’ont pas été aussi occultées. Du reste, l’auteur explique qu’il n’a pas voulu faire les choses à moitié. S’appuyant sur les règles d’or en matière d’écriture, le journaliste émérite a pris le soin de rencontrer le gotha des hommes politiques togolais. «J’ai voulu que le livre soit équilibré. Je l’ai écouté. Mais j’ai aussi pris le soin d’écouter ceux qui n’étaient pas forcément d’accords avec lui. Ce qui m’a permis de faire un portrait équilibré», se plaît-il à éclairer. C’est le lieu de préciser que ce livre a été auréolé du grand prix littéraire d’Afrique noire en 2012.
Tout comme Edem Kodjo qui croit en une Afrique qui «brille de mille feux», l’écrivain Venance Konan assure que l’Afrique n’est pas condamnée à rester dans sa léthargie actuelle. La seule condition, préconise-t-il, «si les Africains le veulent ». Il a saisi en outre cette occasion pour appeler les populations ivoiriennes à respecter les mesures barrières dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus.