École à la télévision : Élèves et parents saluent l’école l’initiative

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Kandia Camara. (DR)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Kandia Camara. (DR)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Kandia Camara. (DR)

École à la télévision : Élèves et parents saluent l’école l’initiative

Le 20/04/20 à 17:40
modifié 20/04/20 à 23:06
Depuis 8h 45 ce 16 avril, Coulibaly Mohamed Rayane et Amichia Jacques Junior ont pris place au salon, cahiers et stylos en main, pour suivre la leçon d’histoire. A Angré-Djibi chez leurs parents, c’est ainsi que se passent leurs matinées depuis le démarrage de l’enseignement à la télévision lancé par le ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle le 9 avril, après la fermeture des établissements scolaires pour éviter la propagation du Coronavirus.

La leçon du jour porte sur la « marche de la Côte d’Ivoire vers l’indépendance ». Sous la houlette du général de Gaulle, des Présidents africains, au nombre desquels Félix Houphouët-Boigny, Léopold Sedar Senghor, Modibo Kéita, se sont réunis en 1946 à Bamako où ils ont créé le Parti démocratique africain.

Revenu dans son pays, le représentant ivoirien a mis en place la sous-section dénommée Parti démocratique de Côte d’Ivoire, selon l’institutrice qui dispense le cours. Cette leçon est connue des enfants de Côte d’Ivoire depuis plus de dix ans, mais elle est toujours d’actualité, car au programme de l’enseignement primaire.

A la question de savoir ce que les deux garçons ont retenu du cours du jour, les réponses sont sans ambages. « J’ai oublié parce que c’était trop rapide », confie Rayane. Jacques Junior lui aussi n’a pas capté grand-chose. Et il ne le cache pas. « Dès que j’ai voulu écrire, le cours était fini. On n’a pas la possibilité de copier le résumé dans nos cahiers. Les cours sont intéressants, mais ils sont trop rapides ».

ecole
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Cours trop rapides et brefs

Tout en appréciant l’initiative du ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Jacques Amichia, le père des enfants, plaide pour quelques améliorations. « C’est une bonne initiative que de dispenser des cours aux enfants durant la période de confinement, pour leur permettre d’être toujours en éveil. L’idée d’avoir des leçons assez réduites n’est pas mauvaise.

Cependant, elles sont trop brèves et le rythme est trop rapide. Il faut prendre le temps d’expliquer et répéter les phrases importantes, surtout qu’il n’y a pas d’échange avec les élèves », dit-il. Pour les enfants dont les parents ne disposeraient pas de poste téléviseur, le parent d’élève plaide pour que les portes des maisons des voisins soient ouvertes pour éviter que ceux-ci ratent les séances.

Au quartier Yopougon Terminus 47, Dibi Goubo Malicka, en classe de CM2 à l’école Baptiste, que nous trouvons ce 17 avril avec sa grand-mère Mariam Ouattara, vient de faire une dictée avec son maître de classe dans le cadre des cours de renforcement.

La fillette a fait le choix de sacrifier les séances télévisées du matin qu’elle consacre à son maître pour ne suivre que celles de l’après-midi, au regard de la rapidité des cours à la télévision. « Quand ils font les cours à la télé, ils parlent très vite. Je ne peux pas copier parce que je ne vois pas bien », dit-elle.

Si malgré les difficultés, certains enfants restent accrochés à leur poste téléviseur, ce n’est pas le cas d’autres, qui ont très vite abandonné. Beto Nbaye Chancellin au quartier Cnps de Angré-Djibi à l’école primaire Joachim Boni du quartier et Oulou Eba Claire à Notre Dame de Treichville font partie de ce lot. Ils continuent le renforcement avec les maîtres de classe.

En effet, avant la fermeture des établissements scolaires décidée par le Conseil national de sécurité pour éviter la propagation du Coronavirus, certains enseignants avaient concocté des programmes pour permettre aux élèves de maintenir leurs cahiers ouverts. Dr Bara Sylvie, grand-mère de Chancellin, et Monique Bosso, mère de Oulou Eba, apprécient cette initiative.

« A l’école de mon petit-fils, ils ont conçu un cahier de devoirs dans lequel sont inscrits des exercices que l’enfant est tenu de faire chez lui. Ensuite, il les ramène au maître tous les mercredis afin que celui-ci les corrige », affirme Dr Bara, quand Monique Bosso se réjouit de ce que « les religieuses aient donné des exercices à faire aux élèves pour leur éviter d’être oisifs ».

Ecole Kandia
Ecole Kandia



Des cours sur des polycopies

Aholia Anon Jules Narcisse, directeur de l’école Joachim Boni, a sa méthode de travail depuis qu’il tient les rênes de l’établissement. Après s’être procuré un ordinateur et une imprimante à ses frais, il imprime des exercices sur des polycopies qu’il donne aux enfants.

Chaque mercredi, ceux-ci les lui apportent pour correction. Par ailleurs, il a ouvert un compte sur Whatsapp où il échange avec les parents sur les difficultés et les acquis. Cette méthode qui existait déjà a permis de continuer le suivi de ses élèves dans la période de confinement.

« Les parents ont placé leur confiance en nous. Dès lors, on ne pouvait pas abandonner les enfants dans cette période. Il nous fallait prendre des initiatives pour aller de l’avant. Vu qu’il nous est impossible de rencontrer les 222 élèves et toucher les parents, les initiatives que nous avions prises initialement sur les réseaux sociaux nous permettent de garder le contact avec eux », dit-il. Quoi de plus normal pour lui de se réjouir du projet « Mon école à la maison » initié par son ministère de tutelle, qui lui permet d’être en phase avec celui-ci.

« La mesure de nos autorités de continuer l’école est une très belle initiative, parce que nous étions tous inquiets de savoir si le programme d’enseignement que nous avions entamé allait s'achever. Nous autres sommes forcément des relais du ministère. C’est pourquoi nous sensibilisons les parents à l’importance des cours à la télévision, parce qu’en plus les enfants ont tout à gagner ».

ecoles 2
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Révision des cours ou rien

A l’école primaire publique du quartier Djorogobité 1, à Cocody, Flan Macsisa, tenant la classe de CM2, Zilé Marie-Jeanne et Yoboué N'Goran également enseignants, avaient pratiquement achevé le programme des cours avant la fermeture des établissements scolaires. Ces trois enseignants apprécient l’initiative du ministère visant à garder les cahiers des élèves ouverts durant cette période. Car, à les en croire, « une fois en congés, les enfants oublient tout ».

Toutefois, ils s’attendent à renforcer ces cours par des séances de révision, une fois les portes des établissements rouvertes. Plus qu’une période de repos, le confinement est aussi pour eux un moment de révision. Comment aborder la reprise ? Poursuivre les cours ou procéder à l’évaluation des élèves sur la base des deux trimestres achevés ? Ou encore s’en tenir aux notes de classe ? Pour l’heure, le sujet n’est pas à l’ordre du jour.



Le 20/04/20 à 17:40
modifié 20/04/20 à 23:06