Covid-19 : les réseaux télécoms, les Tic et le digital à l’épreuve du GÔPÔ (*)

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Covid-19 : les réseaux télécoms, les Tic et le digital à l’épreuve du GÔPÔ (*)

Tiendront, tiendront pas, telles étaient les questions légitimes que bon nombre de personnes se posaient sur les capacités des réseaux de communications numériques du fait de nouveaux usages déclenchés par le Covid-19. Où en sommes-nous ? Et peut-on faire mieux ?

Sous le générique TIC se cachent deux notions complètement disjointes, bien que. Il faut faire ici et maintenant une différence nette entre les télécommunications et les Technologies de l‘information et de la communication (TIC). Les réseaux de télécoms sont en fait l’ensemble des infrastructures physiques qui interconnectées permettent le voyage d’une information produite à un lieu donné vers un autre endroit géographique plus ou moins éloignés. Les distances pouvant aller jusqu’à des millions de kilomètres. Point. On peut aisément imaginer le nombre d’efforts faits çà et là depuis plus de 160 ans pour continuer de façon progressive à construire le ‘‘village planétaire’’ en bannissant les frontières. Elles permettent le transport de la voix, des documents virtuels, des photos, vidéo, des sensations, etc...

Parallèlement, les possibilités offertes par ces infrastructures vont indure des services nouveaux avec leur mode de fonctionnement basé sur les logiciels et capteurs d’interaction sociale facile et quasiment intuitifs. Avec les imaginations fertiles des uns et des autres, il y a eu l’explosion extraordinaire des usages portés en partie par des acteurs non télécom au sens noble du terme. Quant au digital de façon simple, il va être un ensemble de pratiques qui consiste à numériser, dématérialiser et automatiser certaines tâches et activités usuelles de société et à les mettre à la disposition des usagers au niveau des terminaux fixes comme mobiles que nous avons. Exemple : avoir des cours en ligne, payer ses contraventions à distance, indiquer sa position géographique, tirer sans intervention humaine son casier judiciaire, etc.

Au regard de cette présentation, il va avoir deux catégories de pays : ceux qui ont pris pour option la connectivité (permettre à tout le monde d’avoir accès au service de base : voix et internet) et ceux qui en plus de la première citée vont s’engager à digitaliser de façon globale leur société. Je ne peux même pas faire cas de ceux qui sont « hors monde » en sevrant leur population de cette évolution extraordinaire des sciences.

Le coronavirus vient donc tester les capacités des réseaux télécoms et la maturité digitale de nos sociétés ici et ailleurs. Je peux dire sans ambages que les réseaux télécoms en qualité de fournisseurs de connectivité et de transporteurs n’ont pas failli. Bien au contraire. Les images, sons et vidéos ont librement et aisément circulé aux quatre coins du monde avec leur cortège de vrai et de faux, les uns s’érigeant en médecins les autres en microbiologistes magiciens. Certaines voix dans le monde ont même failli demander la discrimination de la circulation des fakenews sur les réseaux sociaux afin permettre aux États de cadrer et coordonner la réponse à cette maladie ténébreuse. Ça c’est l’aspect gros public, l’usager ordinaire. Et les professionnels ? C’est là que la digitalisation va avoir son effet. Nos États étaient-ils prêts à cette nouvelle donne ? Nos législateurs avaient-ils au préalable statué sur le travail à distance (télétravail) au sens de la loi ? Est-ce que nos entreprises s’étaient-elles armées pour une situation aussi particulière ? En Côte d’Ivoire, force est de reconnaître que des progrès sont manifestes. Des églises par exemple ont des WebTV pour diffuser leurs messes et cultes. Nos services publics font et continuent de faire du digital externe (vers les usagers) leur principal cheval de bataille. Je ne peux que les féliciter. Certains documents administratifs des fonctionnaires, des inscriptions aux concours, des paiements d’impôts sont faits online. L’exemple du ministère de l’Éducation nationale est une belle illustration de la volonté des pouvoirs publics. Bravo ! Je suis d’avis qu’à situation exceptionnelle solution exceptionnelle. Mais la leçon à tirer de cette pandémie est qu’il faut institutionnaliser que tous les cours du cycle préparatoire (CP) au Master 2 soient en ligne (supports et cours filmés illustrés) pour toutes les disciplines. Ils peuvent être payants ou non, c’est selon. Certes, cela prendra du temps mais c’est un virage nécessaire pour construire notre résilience et gérer les surcharges des classes. Les éditeurs mettraient tous les livres scolaires numérisés sur ces plateformes si on leur trouve des mécanismes adéquats de rémunération dans ce dispositif innovant. On pourrait s’appuyer aussi sur les radios locales ou mettre rapidement en place une ou deux chaînes de télévision et de radio dédiées exclusivement aux formations et à tout ce qui tourne autour de l’éducation et de la connaissance. Mais en interne dans l’administration, quels sont les taux d’équipement en ordinateurs portables des agents et d’adoption du courrier électronique inter service ? A quel niveau utilisons-nous les systèmes numériques collaboratifs de validation traçable et authentifiable de dossiers ?

Je me demande s’il ne faille pas à la longue instituer une série d’indicateurs pour mesurer les taux de digitalisation et un classement périodique des régions et communes de Côte d’Ivoire en cette matière. Les indicateurs globaux suivis par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) comme l’Indice de Développements des TIC (IDI) ne montrent pas une fine évaluation des choses locales. Comme aiment illustrer les ‘’anti-moyenne’’ dans les appréciations des situations « si la tête d’un homme est à 60° et les pieds à 24° survivra-t-il quand bien même la moyenne de son corps soit à 37° ? »Le Covid-19 nous impose de nouvelles normes sociales et sociétales. L’après Coronavirus pourrait engendrer une refonte globale de nos habitudes, de nos coutumes jugées par certains immuables.

DEALOUE Dodo Alexis

Manager Senior Telecom

dodoalexis@gmail.com

(*) : Epreuve de vérité

en pays Krou (Centre-ouest Cote d’Ivoire)