Méité Bouaké, Dg de la Sotra: “ Nos projets sont certes contrariés, mais nos équipes sont toujours au travail ”
Deux types de mesures ont été prises. Il y a eu d’abord des mesures internes pour les agents de la Sotra. En tout premier lieu, il fallait faire de chacun d’eux, un prolongement des mesures arrêtées par le Conseil national de sécurité et le gouvernement. D’abord, il a fallu sensibiliser les agents au mode de contamination et aux mesures barrières pour arrêter la propagation du Covid-19. Parallèlement, nous avons doté le personnel d’un dispositif de protection, notamment l’équipement pour le lavage des mains sur tous les sites de l’entreprise, le masque de protection pour tous les agents et le gel hydro-alcoolique pour les machinistes principalement. Enfin, nous avons mis en congés, les 2/3 du personnel administratif, dans une dynamique de décongestion de nos sites et de respect de la distanciation sociale d’un mètre.
Et concernant
les voyageurs ?Pour les voyageurs, nous mettons en œuvre les décisions du Conseil national de sécurité et du gouvernement. Les plus récentes émanent d’un arrêté du ministre des Transports, M. Amadou Koné, en date du 14 avril dernier. Conformément à cet arrêté, nous venons de rendre obligatoire le port du masque dans nos gares, autobus et bateaux. Nous avons limité le nombre de voyageurs dans nos autobus et bateaux à 45 passagers y compris le machiniste ou les pilotes. Bien avant cet arrêté, nous avons commencé à désinfecter nos autobus, dès les premiers cas de Covid-19 signalés en Côte d’Ivoire. Tous nos autobus et bateaux sont désinfectés par des équipes de l’Institut national de l’hygiène publique (Inhp). Nous avons également procédé à un marquage au sol de gares terrestres et lagunaires pour amener les voyageurs à respecter la distanciation sociale d’un mètre. Nous faisons nettoyer au gel hydro-alcoolique les mains des voyageurs avant qu’ils n’embarquent dans nos véhicules. Ils sont également sensibilisés dans toutes nos gares à éviter tout contact et toute conversation dans les autobus.
De façon concrète, comment arrivez-vous à contrôler le nombre de passagers dans vos véhicules et surtout comment arrivez-vous à faire respecter la distanciation sociale et le port de masques pour éliminer les risques de contamination ?Dans nos gares, tous les quais sont marqués au sol pour donner des repères aux voyageurs afin de leur permettre de respecter la distanciation sociale. Cette mesure est appuyée par la sensibilisation quotidienne des voyageurs par les agents. A la pratique, je dois admettre qu’ils sont parfois difficiles à discipliner. Le respect de la distanciation sociale est avant tout une question de discipline personnelle et de prise de conscience de la gravité de la situation. Et j’en appelle encore une fois à la responsabilité et à la conscience de chacun, voyageur comme agent pour le respect scrupuleux des mesures prises par nos autorités. Seule la discipline peut nous aider à briser la chaîne de propagation de cette pandémie.
La pandémie du Covid-19 impacte indéniablement le secteur des transports, notamment le transport urbain. Quelle est son incidence réelle sur le fonctionnement et les activités de la Sotra ?Comme nous l’avons dit tantôt, la Sotra a mis en congé les 2/3 de ses effectifs administratifs. Cela impacte nécessairement notre fonctionnement. Il faut noter également l’introduction du télétravail avec l’utilisation de matériel et d’applications dédiés à cet effet. Il y a donc désormais une très forte utilisation du digital dans l’exécution des tâches.
En ce qui concerne nos activités, notre exploitation a été impactée par les horaires du couvre-feu. Les premiers et derniers départs sont respectivement fixés à 5h30 et 18h00, au lieu de 5h00 et 21h00 avant la crise sanitaire. D’environ 800 000 voyageurs que nous transportions quotidiennement, nous sommes aujourd’hui à environ 240 000 voyageurs par jour, du fait de la limitation du nombre de voyageurs. Il y a aussi une nouvelle façon de travailler pour nos machinistes, qui doivent désormais compter le nombre de passagers, porter le masque et l’exiger aux voyageurs, et enfin se nettoyer les mains au gel hydro-alcoolique. C’est une situation inédite pour tout le monde.
Les mesures gouvernementales et les restrictions se durcissent au fur et à mesure que le nombre
de malades confirmés augmente. Comment la Sotra s’adapte-elle à ces changements ?Dès les premiers moments de la crise sanitaire, nous avons mis sur pied un comité de crise. Ce comité de crise est en réalité un comité de veille qui évalue quotidiennement la situation, qui fait le point sur la mise en œuvre des mesures arrêtées par le gouvernement. Des visites quotidiennes sont organisées sur tous nos sites d’exploitation pour avoir le ressenti des voyageurs. Cette crise que nous traversons est dynamique, en témoignent les chiffres de contaminés qui évoluent tous les jours, tout comme les mesures que prend le gouvernement de façon progressive. Pendant ce temps, la Sotra était déjà engagée dans bien des activités. La réorganisation de son réseau d’exploitation, l’assemblage de véhicules qui a d’ailleurs commencé, la fin du programme de renforcement de son parc auto, le développement du programme de digitalisation de ses prestations, etc. Il faut toujours pousser vers les objectifs, même s’il faut reconnaître que la crise sanitaire ralentit fortement les choses. Nos projets sont certes contrariés par la situation, mais rien ne s’est arrêté. Nos équipes sont toujours au travail et nous maintenons le contact avec tous nos partenaires.
Le nombre de malades augmente fortement à Abidjan. Craignez-vous aujourd’hui un confinement général des populations ? Quel pourrait être l’impact économique et social d’une telle mesure au niveau de la Sotra ?
C’est le gouvernement qui décide de ces questions au vu de l’évolution de la situation. Et la Sotra reste un instrument de régulation sociale de l’État. Elle marche selon le rythme et la direction indiqués par le gouvernement.
Envisagez-vous déjà un après Covid-19 ?
Il est indéniable qu’il y aura un après Covid-19 pour la Sotra. Et nous nous y préparons quotidiennement. Tous les projets en cours font l’objet d’un suivi. Nous avons déjà commencé l’assemblage des véhicules à Sotra Industrie. Les derniers contrats pour le renforcement du parc autobus dans le cadre du programme gouvernemental d’acquisition de 2000 autobus de 2017 à 2020 ont été signés. Nous avons sorti la semaine dernière des autobus du Port. En réalité, rien ne s’est arrêté à la Sotra. Nous continuons de travailler, en dépit de cette situation sanitaire dont nous subissons tous les conséquences négatives sur nos activités. Mais, au risque de me répéter, nous continuons notre travail pour l’atteinte de nos objectifs et surtout pour le bonheur des usagers et de nos partenaires.