Mobilisation des ressources: La crédibilité de la Côte d’Ivoire, sa principale arme contre le Covid-19

La riposte contre la pandémie à Coronavirus proposée par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été jugée pertinente et solide par le Fmi.
La riposte contre la pandémie à Coronavirus proposée par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été jugée pertinente et solide par le Fmi.
La riposte contre la pandémie à Coronavirus proposée par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été jugée pertinente et solide par le Fmi.

Mobilisation des ressources: La crédibilité de la Côte d’Ivoire, sa principale arme contre le Covid-19

Le 26/04/20 à 21:21
modifié 26/04/20 à 21:22
Après neuf ans de croissance continue et de développement, la Côte d’Ivoire classée parmi les pays pré-émergents par les institutions de Bretton Woods, s’apprêtait à faire le grand bond cette année en se dotant d’un budget record.
Élaboré sur la base d’une nouvelle approche, à savoir le budget-programmes, la loi de finances 2020 est structurée en 35 dotations et 149 programmes budgétaires logés au sein des institutions et des ministères. Il s’équilibre en ressources et en charges à 8 061 milliards de francs Cfa et enregistre une progression de 9,9% par rapport au budget 2019 dont le montant est de 7 334,3 milliards de francs Cfa. Les recettes et les dépenses budgétaires prévues en 2020 s’élèvent respectivement à 4 379,5 milliards de francs Cfa et à 5 807,2 milliards de francs Cfa. Les ressources et les charges de trésorerie qui s’intègrent à la nomenclature classique du budget-programmes se chiffrent pour le projet de budget 2020, respectivement à 2 921,8 milliards de francs Cfa et à 1 494,1 milliards de francs Cfa. Cet équilibre devrait s’établir à 8 432,6 milliards de francs Cfa et à 9 383,1 milliards de francs Cfa respectivement en 2021 et 2022.

Adossé à une croissance du Pib projetée à 7,4%, le budget général 2020 de la Côte d’Ivoire est de loin le plus ambitieux et le plus important dans l’espace Uemoa. Le pays qui vient juste après la Côte d’Ivoire se situerait à un peu plus de 4000 milliards de FCfa.

C’est cette perspective heureuse qui est quasiment compromise avec la survenue de la pandémie à Coronavirus. Les priorités ont changé et les investissements sont réorientés vers la lutte contre la pandémie, dans un contexte marqué par le ralentissement de l’activité économique et l’appel insistant du secteur agricole et privé, fer de lance de l’économie nationale, à l’aide publique.

La réponse ne s’est pas fait attendre. Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en charge du Budget et du Portefeuille de l’État, a présenté le 31 mars, le plan de riposte du gouvernement pour « atténuer l’impact » du Coronavirus en Côte d'Ivoire, d’un coût de 1700 milliards de FCfa.

Dans l’urgence, l’État a mis la main à la poche pour parer au plus pressé, le temps de mobiliser auprès des partenaires techniques et financiers le gap pour exécuter son plan de riposte. Dans la foulée, les ministres africains en charge de l’Économie et des Finances tiennent des réunions virtuelles, sous l’égide de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (Cea).

Après avoir fait le constat des risques d’effondrement de leurs économies, les pays africains appellent, à la réunion du 31 mars, les partenaires bilatéraux, multilatéraux et commerciaux à l’allègement de la dette, avec le soutien des institutions financières multilatérales et bilatérales telles que le Fmi, le Gbm, l’Ue, pour garantir qu'ils disposent de l’espace budgétaire nécessaire pour faire face à la crise du Covid-19, selon le communiqué qui a sanctionné la rencontre.
Le Fonds monétaire international a réagi le 13 avril en annonçant l’approbation, par son conseil d’administration, d’un allègement immédiat du service de la dette pour 25 pays membres au titre du fonds fiduciaire réaménagé d’assistance et de riposte aux catastrophes (fonds fiduciaire Arc), dans le cadre des mesures que l’institution prend pour aider ses pays membres à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19.
Éligibilité
Cette faveur ne concerne pas tous les pays africains. Le succès économique de la Côte d’Ivoire de ces dernières années l’exclut de ce guichet réservé aux pays pauvres. Cependant, la bonne tenue de l’économie, la qualité du plan de riposte proposé par le gouvernement lui ouvre le coffre du Fmi. « La Côte d’Ivoire fait face à un choc considérable causé par le fardeau de la pandémie du Covid-19. Les perspectives économiques de 2020 vont considérablement se détériorer à cause du ralentissement abrupt de l’activité économique chez les partenaires commerciaux de la Côte d’Ivoire, au choc négatif sur la confiance des investisseurs, et à l’impact économique négatif des mesures nécessaires mises en œuvre par les autorités pour empêcher la propagation de la pandémie », constate le Conseil d’administration du Fmi. Qui, en conséquence, approuve, le 17 avril, un décaissement au titre de la Facilité rapide de crédit (Frc) équivalent à 216,8 millions de Dts us (environ 295,4 millions de dollars, ou 33,3 % de quote-part), et un décaissement au titre de l’Instrument de financement rapide (Ifr) équivalent à 433,6 millions de Dts us (environ 590,8 millions de dollars ou 66,7 % de quote-part), pour aider la Côte d’Ivoire à répondre aux besoins urgents de financement de sa balance des paiements causés par la pandémie de Covid-19. Outre le fait que cet appui d’urgence du Fmi au titre de la Facilité de crédit rapide et de l’Instrument de financement rapide aidera les autorités à combler les besoins urgents de financement budgétaire et de balance des paiements, il aidera également à catalyser les financements supplémentaires des autres partenaires au développement. « Des financements concessionnels supplémentaires sont essentiels pour combler l’écart de financement restant et préserver les acquis considérables de développement que la Côte d’Ivoire a réalisés au cours de la dernière décennie », souligne le Conseil d’administration du Fmi. Cette caution du Fonds monétaire international, fruit de la qualité de la signature de l’État, n’est pas étrangère à la facilité avec laquelle le gouvernement est parvenu à mobiliser des ressources auprès d’autres partenaires. Le 25 avril, la ministre du Plan et du Développement, Kaba Nialé, a indiqué que son département ministériel a contribué à la mobilisation d’environ 90 milliards de FCfa auprès des bailleurs de fonds, en vue de préparer le plan de riposte sanitaire, économique et humanitaire, lors du point presse quotidien sur du Coronavirus. « Dans le cadre des mobilisations des ressources, la Banque islamique du développement (Bid) a contribué à hauteur de 30 milliards de FCfa. La Banque africaine de développement (Bad) a apporté un appui budgétaire à hauteur de 48 milliards de FCfa. Le système des Nations unies a, quant à lui, apporté une assistance technique et financière qui s’établit à 12 milliards de FCfa. Au total, c’est 90 milliards de FCfa qui ont été mobilisés à ce jour », s’est félicitée Kaba Nialé. Et d’ajouter que des négociations se poursuivent afin de mobiliser davantage de ressources.

Le 26/04/20 à 21:21
modifié 26/04/20 à 21:22