Yamoussoukro/ Affaire de confinement d’employés d'une société d'exploitation minière dans un hôtel: le Préfet Brou Kouamé fait toute la lumière

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Yamoussoukro/ Affaire de confinement d’employés d'une société d'exploitation minière dans un hôtel: le Préfet Brou Kouamé fait toute la lumière

Les populations riveraines du Royal Hôtel, situé au quartier 220 Logements à Yamoussoukro, étaient quasiment sur le pied de guerre le 24 avril. La raison? Ces riverains ont été informés de ce que 31 employés de la société minière Perseus Mining, en exploitation aurifère à Bouaflé, auraient été mis en confinement par leur employeur dans ledit réceptif. Question de vérifier leur statut par rapport au Covid-19, avant d'être déployés sur les sites d'exploitation à Bouaflé. Ces employés proviennent de destinations diverses, à savoir, Bouaké, Abidjan, Bonoua, Hiré, Aboisso, Soubré et Yamoussoukro.
Après vérification, cette information s'est avérée exacte.
A l'idée donc qu'ils vont cohabiter avec un "centre de confinement", les riverains étaient à deux doigts de se soulever. Un soulèvement évité de justesse grâce à la célérité du préfet Brou Kouamé qui a donné des instructions fermes à la gendarmerie, à l'effet d'évacuer tous les agents en confinement.

En sa qualité de président du Comité d'éveil et de lutte contre le coronavirus, le préfet de région, préfet du département de Yamoussoukro, que nous avons rencontré à son bureau le samedi 25 avril, a donné tous les détails de cette affaire dont les tractations ont débuté depuis une semaine déjà.

Sans détour, il a fait la chronologie de cette affaire qui défraie la chronique dans la capitale politique et administrative.

Selon lui, c'est le dimanche 19 avril que son secrétaire général 1 a été saisi par le directeur régional de la Santé et de l'Hygiène publique de ce que les populations des 220 Logements projetaient de se soulever, au motif que le Royal Hôtel aurait été réservé comme centre de confinement des malades du Covid-19 à Yamoussoukro.

"Informé le lundi 20 avril, je convoque M. Kouakou Kouakou, propriétaire de l'hôtel et le directeur régional du Tourisme et des Loisirs, aux fins de savoir de quoi il s'agit. Au cours de cette rencontre, il a expliqué que la société Perseus Mining Côte d'Ivoire SA, qui a conclu un contrat avec lui en tant que propriétaire dudit hôtel, entend y confiner ses employés", a-t-il révélé.

A en croire le préfet Brou Kouamé, il a fait clairement savoir au patron de l'établissement que cela n'était pas possible. Et que ces employés devaient être confinés soit à Abidjan, soit à Bouaflé sur le site de l'exploitation minière, mais pas à Yamoussoukro.

" Car le quartier 220 est un quartier quasi-dortoir, mais en plus, nous ne sommes pas certains que ces employés vont respecter les exigences du confinement ", a-t-il poursuivi.

Toujours selon lui, le propriétaire de l'hôtel lui a fait savoir que la société dispose d'un médecin qui viendra régulièrement suivre les 31 employés confinés. "Et moi de répondre que leur médecin, non seulement n'est pas du ministère de la Santé de Côte d'Ivoire, mais en plus, il ne maîtrise pas le protocole pour cerner cette maladie. Les nôtres, en charge ici de gérer la pandémie, ont reçu une formation et savent quoi faire. A savoir, comment les confiner, les nourrir, les loger, comme cela se fait à l'Injs à Abidjan", a expliqué le président du Comité d'éveil et de lutte contre la pandémie à Yamoussoukro pour justifier son refus.

Pour donc éviter de prendre le moindre risque, le préfet aurait opposé, selon lui, une fin de non-recevoir à ce projet qui expose la capitale politique et administrative à d'éventuels cas de Covid-19.

Malgré ces explications et le refus du préfet, le patron de l'hôtel a décidé d'honorer son contrat vis-à-vis de la société d'exploitation minière.

" Le vendredi 24 avril, j'étais en réunion dans la matinée avec le chef du village de Morofé. La rencontre terminée, je reviens au bureau dans l'après-midi et je vois un courrier qui m'est adressé par la société Perseus Mining, à titre informatif, m'annonçant le confinement de 31 personnes à Royal Hôtel, en vue d'un déploiement sur le site minier de Yaouré, dans le département de Bouaflé. Quand on sait qu'à Bouaké, Soubré et Abidjan, il y a des cas, il y a de quoi s'inquiéter. On ne peut pas laisser Abidjan et venir se confiner ici à Yamoussoukro", a poursuivi le préfet Brou Kouamé.

Avant d'ajouter: " Immédiatement donc, j'ai donné ordre aux forces de défense et de sécurité d'aller vider l'hôtel. Ayant considéré cet acte comme un acte irrespectueux de la part du patron de l'hôtel à qui nous avons demandé de surseoir à cette démarche. Parce que s'il y a une situation qui éclate ici à Yamoussoukro, c'est nous qui allons en assumer la responsabilité. Nous ne pouvons l'accepter. Voilà pourquoi dans la même nuit du vendredi 24 avril, nous avons mis tout en œuvre pour que 20 de ces employés, en provenance d'Abidjan et de ses environs, soient convoyés sous escorte de la gendarmerie à Abidjan. Les 6 autres de Bouaké, Soubré et Hiré sont rentrés le samedi 25 avril matin, dans leurs localités de provenance".

N'Dri Célestin