Depuis un moment, lors des points quotidiens sur l’évolution de la maladie à coronavirus dans le pays, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Aka Aouélé, ou son représentant, demandent formellement aux personnes du 3e âge et celles atteintes de pathologies d’observer le confinement obligatoire. Une situation à laquelle doivent faire face nombre d’entre elles, contraintes de se rendre tous les jours dans les hôpitaux pour leurs soins.

Dans le département de Daoukro, près de 300 personnes du 3e âge sont regroupées au sein d’une mutuelle, dirigée par Nanan Kouadio Rigobert. Face à la menace du coronavirus dont elles sont en grande partie la cible, ces personnes ont décidé de vivre avec beaucoup de précaution, pour préserver leur vie. Le confinement obligatoire qui leur est imposé contribue à cela. Malheureusement, plusieurs d’entre elles sont appelées à se rendre journellement à l’hôpital, pour les soins que nécessitent leurs maladies chroniques. Comment concilient-elles donc le confinement obligatoire et leurs soins réguliers ?

Respect du confinement obligatoire et des mesures barrières

« Nous respectons scrupuleusement le confinement obligatoire, qui est le premier remède ». Tels sont les mots rassurants de Nanan Kouadio Rigobert, président de la mutuelle des retraités de Daoukro, pour indiquer que les personnes du 3e âge de cette cité suivent à la lettre les consignes du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Bien installé à son domicile, échangeant avec son épouse et ses enfants, Nanan Kouadio Rigobert répercute ainsi l’ambiance qui règne dans les maisons de ces personnes vulnérables pendant leur confinement. « Dès que nous avons reçu l’annonce du ministère sur le confinement obligatoire, nous avons pris nos dispositions pour la respecter. Dans ce sens, aucune réunion du bureau de la mutuelle ne se tient. C’est par des Sms que nous donnons les informations à tous les membres. Nous savons que nous sommes les plus touchés, donc nous prenons nos précautions », précise-t-il. Une attitude observée chez d’autres membres de la mutuelle. Karim Ouattara renchérit en ces termes : « Entre nous, nous sommes conscients d’être la grande cible de cette maladie, donc nous faisons attention. Les sorties sont très limitées. Par exemple, ce matin, je suis allé commander un médicament à la pharmacie et je suis rentré. Demain, je sortirai juste pour aller récupérer ce médicament et rejoindre mon domicile ».

Les déplacements limités,

les personnes âgées y tiennent Leur président, Kouadio Rigobert en dit plus : « D’abord, nous ne sommes plus jeunes pour avoir cette envie de sortir régulièrement pour diverses activités récréatives. Et avec la présence de cette maladie dans notre pays, qui nous contraint à rester à la maison, nous trouvons des occupations pour ne pas nous ennuyer. Par exemple, moi je suis en train de nettoyer mon jardin et les alentours de ma maison. Même en cas de maladie ou d’approvisionnement en médicaments, nous trouvons les moyens pour éviter les déplacements. Moi, je suis hypertendu. J’ai des médicaments à prendre tous les jours jusqu’au soir de ma vie. Je n’attends pas d’être en rupture pour chercher à m’en procurer. Je fais la commande avant que la boîte ne tende vers les derniers comprimés. C’est cette démarche que je conseille à mes amis, qui ont également des pathologies. L’un d’entre eux avait rendez-vous avec son médecin à Abidjan. Mais le déplacement est devenu compliqué. Je lui ai demandé d’appeler son médecin, pour recevoir les consignes au téléphone, comme je le fais moi-même. C’est pour vous dire que nous passons tout notre temps à la maison ». Ainsi, tout comme le président de leur mutuelle, les personnes du 3e âge sont en phase avec la décision du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, qui leur impose le confinement obligatoire. Aussi, tout en se réjouissant du fait que la maladie ne soit pas encore arrivée à Daoukro, elles souhaiteraient plus d’attention de la part du gouvernement, en termes de soutien en vivres et non vivres et surtout avoir la possibilité de disposer d’équipements, particulièrement des masques.

Les stratégies de l’hôpital général de Daoukro

Dispositions prises par l’hôpital, pour ceux qui souffrent de pathologies.

A l’hôpital général de Daoukro, les personnes âgées et surtout celles souffrant de pathologies sont au bon soin de leurs médecins traitants, dans cette période de coronavirus et de confinement obligatoire pour elles. Docteur Tchimou Narcisse, médecin-chef et chargé du suivi des maladies chroniques, indiquera que des dispositions particulières ont été mises en place, pour faciliter leur prise en charge. « Nous avons mis deux stratégies en place. La première concerne les malades qui doivent forcément voir le médecin, à savoir ceux qui ont un suivi clinique et qui doivent passer par le laboratoire. Pour ceux-là, les rendez-vous ne durent pas et il existe un dispositif léger pour les recevoir. Ainsi, nous faisons l’effort de vite les recevoir, afin qu’ils puissent rapidement rentrer chez eux. La seconde stratégie concerne les autres, qui n’ont pas toujours besoin de rendez-vous. Nous gardons le contact avec eux et ils peuvent rester à la maison pour leur suivi », clarifie-t-il. Et d’indiquer que les mesures barrières sont appliquées à l’hôpital, afin de les mettre en sécurité. Des cache-nez étant même distribués à ceux qui n’en possèdent pas. Docteur Tchimou expliquera qu’en raison de la situation, beaucoup de malades ne fréquentent pas l’hôpital et que certains ont des problèmes particuliers. « Dans ce sens, après une séance de travail avec la direction régionale de la protection sociale, nous avons décidé de recenser tous les malades et lorsque l’un a besoin d’une assistance à domicile, nous allons vers lui. Nous sommes donc disposés pour toutes les personnes du 3e âge, particulièrement celles qui traînent des pathologies », précise-t-il. Le médecin en charge de ces malades rassurera que depuis l’avènement du coronavirus et l’application du confinement obligatoire, aucun de ces patients n’a eu de complications. « Aucun patient n’a présenté des complications liées au coronavirus. Ce sont les mêmes problèmes qu’ils présentaient bien avant que cette pandémie n’arrive en Côte d’Ivoire », a-t-il souligné pour terminer.