Impact du Covid-19 : Le business de la beauté au ralenti
Visiblement désemparée, la jeune dame, le cache nez barrant la moitié de son visage, scrute l'horizon avec anxiété. Sa seule source de revenue est bien en péril. Rencontrée sur les lieux de son commerce, elle ne sait plus à quel saint se vouer. « J’ai perdu pas moins de 2 millions de Fcfa à cause de cette maladie. Si je dois reprendre mes activités, je me demande comment je vais y arriver. Presque tout est à l'arrêt à cause du Covid-19. J’ai perdu mes clients, mon chiffre d’affaires a chuté », se lamente t- elle.
Avant le Covid-19, elle avoue s’en sortir tant bien que mal. « Pendant la rentrée scolaire et les périodes de fêtes, mon chiffre d’affaires tournait autour de 800 mille francs par mois, contre une recette mensuelle de 400 à 500 mille francs en temps normal. Mais depuis l'avènement du Covid-19, nous sommes à la maison et nous vivons de nos économies ».
Pour cause de pandémie du Covid-19, les mariages se font à quatre et les futurs mariés se passent des salons de coiffure. La limitation à 50 personnes au maximum pour les cérémonies, n’est pas non plus faite pour arranger les choses. Nombre de nos clientes potentielles ne peuvent donc plus venir se faire belles dans nos salons pour aller assister à ces réceptions, affirme Pamela Adjoua.
A Cocody les Deux-Plateaux, au salon de beauté de Justine Kouassi, c’est le calme plat ! Le dispositif de lavage des mains installé à l’entrée, attend désespérément les clients. L’espace jadis bondé, est quasiment vide. Se soumettant à l’ordre de fermeture des salons, Justine Kouassi a momentanément mis au chômage la quasi-totalité de son personnel.
Cette situation ne l’empêche toutefois pas de passer deux fois à son lieu de travail, pour recevoir sur rendez-vous quelques clientes. « Quand c’est possible, je reçois deux ou trois clientes en semaine. Je fais tout pour respecter les mesures-barrières », précise-t-elle. Pour éviter toute contamination, Justine Kouassi assure qu’elle prend toutes les dispositions, notamment le port du cache-nez, le lavage régulier des mains au savon et le port du gant si le client l’exige.
La fermeture de tous les magasins est une décision salutaire, reconnaît cette professionnelle du business de la beauté, quand bien même la mesure plombe ses activités. Elle espère leur levée prochaine pour reprendre ses activités.
Au carrefour Rose-Marie Guiraud de la Riviera, Suzanne Yao a décidé de rouvrir son salon de coiffure. « Nous avons rouvert tout en prenant les précautions nécessaires, notamment le port du masque, le lavage des mains. Nous limitons surtout le nombre de clients pour respecter la distanciation physique ». La reprise reste timide, avoue Suzanne, car les clients qui ont certainement encore la peur du coronavirus au ventre, préfèrent rester chez eux.
Des prestations à domicile
Malgré ‘’la mise en quarantaine’’ de leurs activités, la plupart des professionnels des soins de beauté ne chôment pas. Virginie Maruy, coiffeuse totalisant plus de 15 années d’expérience, fait partie de ces téméraires qui refusent de jeter l’éponge. Elle propose des prestations à domicile. « J’ai dû appeler une à une mes clientes, pour les informer que je fais des prestations à domicile. Certaines ont été réceptives à mon appel, d’autres par contre ont opté pour des perruques en attendant que la situation revienne à la normale. D'autres encore restent prudentes à cause de la pandémie ».
Malgré tout, cette actrice du secteur affirme s’en tirer quotidiennement avec deux ou trois clientes. Ce n’est pas grand-chose certes, mais c’est mieux que rien, se console-t-elle. Comme elle, Dorine Kassi a choisi la même stratégie, à défaut du mieux. « La plupart de mes clientes se contentent des cheveux courts ou des perruques. Celles qui acceptent les prestations à domicile se comptent sur les doigts de la main. ».
Madeleine Yao s’est, quant à elle, reconvertie en confectionneuse de perruques qu’elle propose entre 10.000F et 30.00F. Sur les réseaux sociaux, son affaire rencontre un succès inespéré. « Les perruques sont demandées par plusieurs clientes ; je peux en vendre 10 par jour à domicile ou au travail. »
Les produits de beauté ne sont plus priorisés
Dans cette grisaille, le secteur des produits de beauté (rouge à lèvre, fond de teint, et autres) est plus touché. Le nécessaire avant l’agréable, les produits cosmétiques ne sont plus une priorité pour les clientes, dans ce contexte de Covid-19. Francine Dedi, coiffeuse et vendeuse de produits de beauté à la Djibi (Cocody Angré) trouve une explication à ce désintérêt pour les produits de beauté.
Un maquillage est fait pour être vu et apprécié, or le port du masque rendu obligatoire, le dissimule. Elle affirme avoir reçu une commande de rouges à lèvres mate de la France qu’elle peine à écouler. Dr Tanoe Angoua Emma, propriétaire d’une pharmacie au Plateau, dispose d’un important rayon de produits de beauté qui n’est plus visité comme avant « L’achat des maquillages, et de fond de teint a baissé. Les femmes utilisent de moins en moins ces produits. Elles affirment qu’avec le confinement, leur peau est devenue plus belle. Ce sont les crèmes de beauté et le lait de corps qu’elles achètent le plus. »