Musée national, Statue de l’Unité, maison de Gandhi : Voyage au cœur de la civilisation indienne (REPORTAGE)

Haute de 182 mètres, la Statue de l'Unité à l'effigie de l'homme d'État indien Sardar Vallabhbhai Patel fait la fierté de l'Inde. (Ph: Fatou Sylla)
Haute de 182 mètres, la Statue de l'Unité à l'effigie de l'homme d'État indien Sardar Vallabhbhai Patel fait la fierté de l'Inde. (Ph: Fatou Sylla)
Haute de 182 mètres, la Statue de l'Unité à l'effigie de l'homme d'État indien Sardar Vallabhbhai Patel fait la fierté de l'Inde. (Ph: Fatou Sylla)

Musée national, Statue de l’Unité, maison de Gandhi : Voyage au cœur de la civilisation indienne (REPORTAGE)

Le 05/11/24 à 11:34
modifié 05/11/24 à 14:06
Il fait écho à l’histoire et à la civilisation indienne. Le musée national, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un lieu incontournable pour qui arrive dans la capitale et veut appréhender l’histoire de l’Inde. A New Delhi, la ville verte, capitale de l’Inde, se trouve l’un des plus grands musées du monde. Situé sur une avenue rayonnante du Rajpath, ce chef-d’œuvre d’architecture regroupe une pléthore d’œuvres de collection. Des objets d’art décoratifs aux bijoux, en passant par des pièces de monnaie, des armes, etc. Il expose des pièces rares et de très grande valeur, tant sur le plan historique que culturel. Notamment les premières statues de Bouddha qui datent des 1er et 2e siècles, des collections qui font remonter l’histoire indienne à la civilisation de l’Indus.

Ici, les passionnés d’art ancien trouveront forcément leur bonheur. Pour explorer tous les coins et recoins du bâtiment, il faut s’offrir les services d’un guide. En ce dernier vendredi du mois octobre, l’ambiance qui règne dans la capitale indienne annonce les couleurs du festival de Diwali (célébration annuelle de la victoire de la lumière sur les ténèbres, du bien sur le mal, de la connaissance sur l’ignorance) dont l’apothéose a eu lieu le 31 octobre 2024.

A l’entrée principale du musée, résonnent les clameurs des nombreux visiteurs. Au nombre desquels, des écoliers dans une longue file qui se soumettent au contrôle d’usage. Une fois ces formalités terminées, ils accèdent au site touristique. « It’s magnificent. It is fabulous » (C’est magnifique. C’est fabuleux, Ndlr), s’exclame dans un accent typique du pays, l’adolescente Khaitan de l’École publique Leaders de la vie, à la vue des jouets que les enfants de la période de 3300 à 2700 ans avant Jésus-Christ utilisaient.

En incursion avec ses amis de classe et leurs enseignants, la jeune fille est émerveillée par les vestiges exposés, pour la plupart, derrière des baies vitrées sous une lumière tamisée. Il est impossible de visiter toutes les collections du musée national en une seule journée. La riche culture indienne est une vieille civilisation qui date de la période d’avant Jésus-Christ. On y découvre des reliques d’une jeune dame étendue derrière une baie vitrée, des jarres disposées avec soin, des ustensiles de cuisine placés çà et là.

La chambre de Ghandi, à Amhedabad est considérée comme le lieu de pèlerinage pour la majorité de la population indienne, et de nombreux visiteurs. (Ph: Fatou Sylla)
La chambre de Ghandi, à Amhedabad est considérée comme le lieu de pèlerinage pour la majorité de la population indienne, et de nombreux visiteurs. (Ph: Fatou Sylla)



Une galerie dédiée à Bouddha

À un jet de pierre, se trouvent également les premiers modèles de jeu d’échec. « Depuis 3300 ans avant Jésus-Christ, les Indiens jouaient déjà aux échecs. Des outils qu’ils utilisaient depuis l’époque ancienne pour faire l’agriculture. Vous avez les restes d’une jeune dame de 40 ans découverts dans le Sud de l’Inde. Cela montre comment les Indiens ensevelissaient leurs morts dans le passé. A cette époque, les gens ne vivaient pas longtemps parce que leur système immunitaire n’était pas assez développé. Les Indiens croient qu’il y a une autre vie après la mort. Tous ces ustensiles de cuisine sont installés à ses côtés pour qu’elle puisse poursuivre sa vie dans l’au-delà sans manquer de rien, notamment les vêtements, la nourriture», explique le guide Vishwas Gautam.

En Inde, nous avons pu le constater, le passé n’est pas passé. Il n’est ici qu’une des formes du présent qui l’assimile et le prolonge. Le pays revendique cinq millénaires d’existence et s’y réfère constamment.

A l’extérieur du bâtiment principal, se trouve la galerie dédiée à Bouddha. Ce conservatoire raconte dans le menu la vie de cette grande figure de l’Inde : son enfance, sa croyance et tous les événements marquants qui sont intervenus dans sa vie. Le bâtiment héberge toute une panoplie d’objets qui retracent la vie de l’homme. « Bouddha est né au Népal, néanmoins, il a sillonné toute la zone de l’Inde. Étant donné que la culture indienne est beaucoup influencée par lui, de l’architecture aux vêtements, tout est représenté dans la culture indienne.

C’est pour ces raisons que l’Inde a décidé de rendre hommage à ce personnage à travers ce bâtiment. Cela montre l’intérêt que le pays lui accorde. En plus, Bouddha fait partie d’une religion qui est le bouddhisme », nous fait savoir notre guide. La visite du musée nous aura pris 2 heures et au moment où nous marquions notre pause (pour la première étape de notre visite à Delhi), le soleil qui s’inclinait majestueusement annonçait la tombée de la nuit.

Symbole de plus de 500 royaumes après l’indépendance

Le lendemain, au matin du 25 octobre, après avoir expérimenté la générosité et l’hospitalité que les Indiens réservent à leurs hôtes, nous avons poursuivi notre immersion dans l’histoire de la civilisation du pays. Il nous a fallu parcourir des centaines de kilomètres pour atteindre l’État de Gujarat, à la rencontre du plus grand monument au monde : la Statue de l’Unité. Le décor est bien planté pour nous abreuver du témoignage du guide Mayursinh Raul.

Inaugurée en 2018, l’œuvre monumentale en bronze mesure 182 mètres de haut. Elle représente Sardar Vallabhbhai Patel, leader nationaliste et homme d’État indien. La sculpture se trouve sur la rivière Narmada, près du barrage de Sardar Sarovar. Le processus de construction qui a duré près de 4 ans a nécessité 210 000 m3 de ciment, 25 000 tonnes d’acier et 1 700 tonnes de bronze.

À titre de comparaison, la statue est presque cinq fois plus grande que la statue du Christ Rédempteur ‘’Corcovado’’ de Rio de Janeiro, au Brésil. «Gigantesque», «impressionnant», «merveilleux», «magnifique», «extraordinaire»...l’édifice, que les visiteurs qualifient avec tous les superlatifs, est la nouvelle attraction touristique majeure de la République indienne.

Pour accéder aux différents niveaux du complexe architectural de plusieurs paliers, des groupuscules d’hommes et de femmes forment de longues files. Puis l’on monte dans un ascenseur. Les hôtes sont conduits jusqu’aux galeries d’exposition et au musée de la statue, perché à près de 150 mètres au-dessus du sol.

Le musée national de New Delhi héberge une belle collection d'objets précieux qui couvrent plus de 5000 ans du patrimoine culturel indien et 200 000 œuvres, selon le guide. (Ph: Fatou Sylla)
Le musée national de New Delhi héberge une belle collection d'objets précieux qui couvrent plus de 5000 ans du patrimoine culturel indien et 200 000 œuvres, selon le guide. (Ph: Fatou Sylla)



« C’est le symbole de plus de 500 royaumes après l’indépendance. Patel a joué un rôle fondamental dans l’unité du pays. La Statue de l’Unité est bâtie sur une île naturelle. Il y a deux piliers qui soutiennent la construction. C’est une merveille qui peut contenir des milliers de touristes. Elle est plus grande que la Statue de Spring temple Bouddha en Chine, Ushiku Daibutsu au Japon, la Statue de la liberté aux États-Unis, The Motherland Calls en Russie et le Christ Rédempteur au Brésil », confie le guide non sans fierté.

Puis d’ajouter : « Durant toute sa vie, Sardar Patel avait lutté pour le bien-être des Indiens, notamment pour les populations de son État, Gujarat. Cette bâtisse, située dans la ville de Kevadia avec une salle de projection, est donc un hommage pour son combat. Et l’impact économique de ce site se jauge à l’aune des nombreux emplois qu’il a créés pour les populations locales. Aussi, dans la mise en œuvre de ce programme, le gouvernement a initié la construction d’importants projets dont des infrastructures routières. En outre, c’est la plus grande statue au monde ».

Quand l’horloge sonne 19 heures, c’est le moment de l’illumination de cette immense statue qui symbolise une Inde plus que jamais confiante en elle-même et fière de son histoire, de ses progrès et de ses figures héroïques qui ont jeté les jalons d’un pays prêt à jouer sa partition dans le concert des nations. La majesté de l’édifice qui s’éclaire dans une sorte de spectacle pyrotechnique incline à l’émerveillement et au silence contemplatif.

Les milliers de visiteurs, qui sont tous subjugués, observent sans un mot le spectacle de son et de lumière. « Du grand art», murmure un touriste qui, comme nous, découvre les lieux pour la première fois. L’édifice fait rêver ! Puis soudain, se font entendre des cris de joie, des ovations nourries des nombreux visiteurs. On se croirait à la fin d’un spectacle d’opéra.

« L’illumination dure 30 minutes. Cela permet aux touristes de mieux s’imprégner après l’étape de la visite », confie Mayursinh Raul. Il est presque 20 heures quand les visiteurs, les étoiles dans les yeux, se bousculent pour regagner la sortie après ce grand moment de découverte. Mythe, mystère et légende agrémentent la narration de l’histoire de la civilisation indienne par notre guide.

Mahatma Gandhi

24 heures après la visite de la Statue de l’Unité, nous allons sur les traces de Mahatma Gandhi. A Amhedabad, à proximité du fleuve Sabarmaty, se trouve le Musée du mémorial de Gandhi, également connu sous le nom de Sabarmati Ashram. C’est un site historique emblématique dans l’État du Gujarat. Fondé en 1917 par Mahatma Gandhi lui-même, ce musée est un témoignage vivant des principes de vie de ce dernier et de son rôle crucial dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde.

Le site, qui fut la résidence de Gandhi pendant près de 12 ans, a été méticuleusement préservé et transformé en musée, attirant des visiteurs du monde entier. Ici, comme un peu partout en Inde, les touristes découvrent Gandhi en effigie. En tête, en buste, en pied, peint ou sculpté, souvent mêlé au panthéon traditionnel, il est partout. Chaussé de sandales, maigre, vêtu d’une pauvre cotonnade blanche, avec ses grosses lunettes et son bâton, il s’avance, immobile. Il est la ponctuation de l’Inde, son aide-mémoire, un signe de reconnaissance et de ralliement qui veut dire, pour tous, indépendance et souveraineté.

Ce musée est un signe que tous reconnaissent. Il est aussi un message que tous déchiffrent : tradition, indianité, pauvreté et surtout «ahimsa», non-violence. Gandhi est l’homme qui a obtenu l’indépendance de la plus grande démocratie du monde sans jamais tenir une arme dans sa main. Phénomène presque incroyable : il lui suffisait d’entrer dans une grève de la faim pour que chancelle l’Empire britannique ou, tout au moins, son pouvoir sur l’Inde. Jamais l’histoire n’avait connu une force de cette nature, d’où l’extraordinaire popularité de Gandhi qui a conquis le monde.

La vaste collection du musée comprenant des effets personnels de celui qui prônait la non-violence, des lettres manuscrites et des photographies ainsi que des expositions interactives offre un large panorama sur sa vie et sa philosophie. Que l’on soit un passionné d’histoire ou pas, un érudit ou simplement un voyageur curieux, Dr Virat Kothari, le guide, vous plonge dans l’histoire de cet homme dont le nom est indissociable à celui de l’Inde. Le site enregistre environ 25 000 visiteurs/jour.

Le musée national de Delhi abrite une belle collection d’artefacts et d’objets précieux qui couvrent plus de 5 000 ans de patrimoine culturel indien et 200 000 œuvres selon le guide.
Le musée national de Delhi abrite une belle collection d’artefacts et d’objets précieux qui couvrent plus de 5 000 ans de patrimoine culturel indien et 200 000 œuvres selon le guide.



L’architecture construite avec des tuiles en rouge et blanc comprend plusieurs bâtiments. Notamment la résidence personnelle de Gandhi au sein de laquelle la chambre de son épouse Kasturba et celle des visiteurs. Juste en face, on a l’espace qui abrite la cuisine et la salle de séjour où sont exposés, derrière une baie vitrée, ses vêtements, ses chaussures, ses assiettes, son couteau de table, sa paire de lunettes... Bordé d’arbres, de fleurs, de vastes jardins bien entretenus, d’une piscine... pour les visiteurs qui souhaitent méditer sur la vie et les enseignements de Gandhi, l’endroit est propice à une promenade paisible à laquelle le chant des oiseaux ajoute une note de gaieté.

La simplicité du décor renseigne sur la vision et la vie du Mahatma faite de dépouillement et de renonciation au superflu. « Nous avons un pays qui a une belle culture, de belles traditions. Gandhi est une inspiration pour beaucoup de personnes qui voudraient transformer leur pays. Ghandhi est un bel exemple, c’est pourquoi nous effectuons régulièrement des visites ici. Je suis très fière d’appartenir au peuple indien. C’est un plaisir pour moi de connaître l’histoire de ce grand homme », confie la jeune Manshika en visite en ces lieux.

Son souhait est de voir toutes les nations qui rêvent de se développer copier l’exemple de l’Inde, un pays fascinant, riche en culture et en histoire. Du Taj Mahal aux temples hindous, en passant par les danses traditionnelles, cette terre du continent asiatique dépaysante, à plus d’un titre, offre une expérience unique à tous ceux qui la visitent.

(Envoyée spéciale en Inde)

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L’Inde, le cinquième investisseur en Afrique

La politique étrangère de l’Inde en l’Afrique repose sur quatre piliers. A savoir le partenariat de développement et le renforcement des capacités, le commerce et l’investissement, des liens solides entre les peuples ainsi que la sécurité de la défense et de la mer. Des priorités guidées par des principes de non-ingérence et de respect mutuel. C’est ce qui ressort de la séance de travail que les hommes de médias de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont eue, le 25 octobre, avec des responsables du ministère des Affaires étrangères, à New Delhi, en Inde.

En effet, la mission organisée du 23 au 31 octobre 2024 aura permis aux journalistes de comprendre notamment le fonctionnement de certaines structures et de s’imprégner de la culture du peuple indien. Une initiative du ministère des Affaires étrangères de la République de l’Inde, en collaboration avec ses représentations diplomatiques d’une dizaine de pays africains. « Nous avons organisé trois éditions du Sommet du forum Inde-Afrique (Iafs), la dernière ayant eu lieu en 2015, avec la participation de 41 Chefs d’État et de gouvernement africains.

L’Inde et l’Afrique partagent une relation économique multidimensionnelle, l’Inde étant le quatrième partenaire commercial et le cinquième investisseur en Afrique. Notre commerce avec l’Afrique avoisine les 100 milliards de dollars US et nos investissements cumulatifs dépassent les 75 milliards de dollars US », confie Kumaran Periasamy, secrétaire spécial des relations économiques et développement de partenariat en administration sur l’état de la coopération avec certains pays africains.

Par ailleurs, ce pays entend soutenir d’autres initiatives en Afrique, dont les infrastructures numériques. Il est clair que cette ambition ne sera possible que grâce à des structures telles que l’Institut de management d’Ahmedabad, l’Institut national de design, la Cité des sciences d’Ahmedabad située dans la plus grande ville de l’État du Gujarat en Inde qui offrent de bonnes opportunités de formation et d’apprentissage.



Le 05/11/24 à 11:34
modifié 05/11/24 à 14:06