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Journée de l’Enfant africain: Les enjeux pour la Côte d’Ivoire
« La commémoration de la Journée de l’Enfant africain est une opportunité pour chaque État africain de marquer un arrêt afin de faire le point sur la situation des droits des enfants, à l’effet de leur assurer davantage le mieux-être », a affirmé la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Ramata Ly-Bakayoko, à l’occasion de sa déclaration relative à la Journée de l’Enfant africain le 16 juin 2019. Pour cette année, la Côte d’Ivoire célèbre cette journée sous le thème « "Respectons les Droits des enfants afin de mieux les protéger en cette période de Covid-19 ».
Détermination du gouvernement ivoirien
La situation des enfants en Afrique et surtout en Côte d’Ivoire est toujours préoccupante si l’on se réfère aux statistiques de l’Unesco selon lesquelles le taux brut de scolarisation était de 8,03 %, en 2017. Dans les provinces (intérieur du pays), sur environ 420 000 enfants non scolarisés, plus de 287 000 sont des filles. De son côté, la Banque mondiale estime à 10,7 millions le nombre d’Ivoiriens victimes de pauvreté ; ce qui place le pays au 170e rang sur 189 pays dans le classement de l’Indice de développement humain, publié en 2018. La pauvreté engendre de nombreux fléaux qui touchent les enfants, entre autres, le travail des enfants, les difficultés d’accès aux services de santé et à un logement décent. Face donc à cette situation peu reluisante, le gouvernement a marqué sa volonté à l’occasion de l’édition précédente (2019), par la voix de la première responsable du département ministériel, le Professeur Ramata Ly-Bakayoko, de poursuivre ses efforts pour assurer à tous les enfants les meilleures conditions de développement et d’épanouissement, à travers une éducation de qualité, un accès équitable aux soins de santé et l’élimination de toutes les formes de discrimination. D’ailleurs, à travers des mesures législatives et institutionnelles, le pays affiche sa ferme volonté de créer un environnement juridique et social propice au respect des droits des enfants. Cette volonté se traduit, dans le cadre de la politique nationale de protection de l’enfant, entre autres, par l’école obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans, la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants ; la lutte conduite par le Comité national de surveillance (Cns), sous l’autorité de la Première dame, Dominique Ouattara, le projet de loi sur la succession adopté le 27 mars 2019 en faveur de la veuve et surtout de l’enfant. La Côte d’Ivoire a également souscrit aux instruments juridiques internationaux de protection de l’enfant, notamment la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants (Cadbe) et la Convention relative aux droits de l’enfant (Cde).
Des défis demeurent...
Malgré ces avancées, plusieurs recommandations attendent leur mise en œuvre par l’État.
En effet, des recommandations ont été faites à la Côte d’Ivoire par le Comité des droits de l’enfant et le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant et ces recommandations doivent être prises en compte par l’État de Côte d’Ivoire, pour être en conformité avec les instruments juridiques internationaux et régionaux, en lien avec les droits de l’enfant qu’il a ratifiés. Il s’agit entre autres de conduire des campagnes de sensibilisation contre les sévices et les violences (sexuelles, physiques, psychologiques par exemple) faites aux enfants. C’est pourquoi, le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfant doit proposer un projet de loi contre les punitions physiques et humiliantes dont sont victimes les enfants. Car, selon l’enquête à indicateurs multiples 2016 « Mics » sur la situation des femmes et des enfants en Côte d’Ivoire, réalisée par l’Institut national de la statistique, sous l’égide du ministère du Plan et du développement, 86,5 % des enfants de 1à 14 ans déclarent avoir subi n’importe quelle forme de discipline violente. Il s’agit également de la mise en œuvre des programmes d’alimentation scolaire et de s’assurer que l’éducation gratuite est effective en supprimant les coûts directs et indirects (la règlementation des Coges), des campagnes de vulgarisation et de sensibilisation approfondie auprès des familles, communautés, de la police, des responsables en charge de l’application de la loi sur l’harmonisation de l’âge sur le mariage ainsi que des chefs religieux et traditionnels, précisément dans les régions du nord et du nord-ouest du pays où le mariage précoce de la jeune fille est récurrent malgré le combat des autorités contre cette pratique dont la conséquence immédiate et déplorable est de donner un coup d’arrêt à son éducation.