Journée de l’Enfant africain: Les enjeux pour la Côte d’Ivoire

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Journée de l’Enfant africain: Les enjeux pour la Côte d’Ivoire

Célébré depuis 1991 sur tout le continent africain, cet évènement est une initiative des États membres de l’Union africaine (Ua), en souvenir aux milliers d’élèves sud-africains tués par le régime d’alors pour avoir osé manifester à Soweto (township de Johannesburg) pour exiger une éducation de qualité.

Placée sous le thème : « Un accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique », l’édition de 2020, qui coïncide avec le 30e anniversaire de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe), présente trois enjeux pour les pays africains, à savoir, faire le point sur la situation des droits de l’enfant et communiquer sur les problématiques majeures liées à l’enfant ; approfondir les réflexions en vue de protéger cette population victime de nombreuses atteintes à ses droits ; puis passer au peigne fin la mise en œuvre des recommandations issues de la Charte africaine des droits et bien-être de l’enfant, émises par le Comité africain d’experts pour les droits et le bien-être de l’enfant, organe investi du mandat de surveiller la mise en œuvre des droits énoncés dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe) à la suite du dépôt du rapport initial de la Côte d’Ivoire sur la situation des enfants ivoiriens en 2017. Pour rappel, la Côte d’Ivoire a ratifié la Charte en 2007. Le suivi de la mise en œuvre des recommandations des différents instruments de protection de l’enfant en général et de la Cadbe en particulier est fait par le Forum des Ong, en tant que faîtière nationale agissant pour la promotion et la protection des droits des enfants. Ce suivi est fait dans un cadre permanent de réflexion. Une occasion pour les acteurs étatiques de rendre compte devant la société civile de tout ce qui est fait en vue de l’amélioration de l’environnement de protection de l’enfant en lien avec les mécanismes de protection de l’enfant notamment la Cadbe.

« La commémoration de la Journée de l’Enfant africain est une opportunité pour chaque État africain de marquer un arrêt afin de faire le point sur la situation des droits des enfants, à l’effet de leur assurer davantage le mieux-être », a affirmé la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Ramata Ly-Bakayoko, à l’occasion de sa déclaration relative à la Journée de l’Enfant africain le 16 juin 2019. Pour cette année, la Côte d’Ivoire célèbre cette journée sous le thème « "Respectons les Droits des enfants afin de mieux les protéger en cette période de Covid-19 ».

Détermination du gouvernement ivoirien

La situation des enfants en Afrique et surtout en Côte d’Ivoire est toujours préoccupante si l’on se réfère aux statistiques de l’Unesco selon lesquelles le taux brut de scolarisation était de 8,03 %, en 2017. Dans les provinces (intérieur du pays), sur environ 420 000 enfants non scolarisés, plus de 287 000 sont des filles. De son côté, la Banque mondiale estime à 10,7 millions le nombre d’Ivoiriens victimes de pauvreté ; ce qui place le pays au 170e rang sur 189 pays dans le classement de l’Indice de développement humain, publié en 2018. La pauvreté engendre de nombreux fléaux qui touchent les enfants, entre autres, le travail des enfants, les difficultés d’accès aux services de santé et à un logement décent. Face donc à cette situation peu reluisante, le gouvernement a marqué sa volonté à l’occasion de l’édition précédente (2019), par la voix de la première responsable du département ministériel, le Professeur Ramata Ly-Bakayoko, de poursuivre ses efforts pour assurer à tous les enfants les meilleures conditions de développement et d’épanouissement, à travers une éducation de qualité, un accès équitable aux soins de santé et l’élimination de toutes les formes de discrimination. D’ailleurs, à travers des mesures législatives et institutionnelles, le pays affiche sa ferme volonté de créer un environnement juridique et social propice au respect des droits des enfants. Cette volonté se traduit, dans le cadre de la politique nationale de protection de l’enfant, entre autres, par l’école obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans, la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants ; la lutte conduite par le Comité national de surveillance (Cns), sous l’autorité de la Première dame, Dominique Ouattara, le projet de loi sur la succession adopté le 27 mars 2019 en faveur de la veuve et surtout de l’enfant. La Côte d’Ivoire a également souscrit aux instruments juridiques internationaux de protection de l’enfant, notamment la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants (Cadbe) et la Convention relative aux droits de l’enfant (Cde).

Des défis demeurent...

Malgré ces avancées, plusieurs recommandations attendent leur mise en œuvre par l’État.

En effet, des recommandations ont été faites à la Côte d’Ivoire par le Comité des droits de l’enfant et le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant et ces recommandations doivent être prises en compte par l’État de Côte d’Ivoire, pour être en conformité avec les instruments juridiques internationaux et régionaux, en lien avec les droits de l’enfant qu’il a ratifiés. Il s’agit entre autres de conduire des campagnes de sensibilisation contre les sévices et les violences (sexuelles, physiques, psychologiques par exemple) faites aux enfants. C’est pourquoi, le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfant doit proposer un projet de loi contre les punitions physiques et humiliantes dont sont victimes les enfants. Car, selon l’enquête à indicateurs multiples 2016 « Mics » sur la situation des femmes et des enfants en Côte d’Ivoire, réalisée par l’Institut national de la statistique, sous l’égide du ministère du Plan et du développement, 86,5 % des enfants de 1à 14 ans déclarent avoir subi n’importe quelle forme de discipline violente. Il s’agit également de la mise en œuvre des programmes d’alimentation scolaire et de s’assurer que l’éducation gratuite est effective en supprimant les coûts directs et indirects (la règlementation des Coges), des campagnes de vulgarisation et de sensibilisation approfondie auprès des familles, communautés, de la police, des responsables en charge de l’application de la loi sur l’harmonisation de l’âge sur le mariage ainsi que des chefs religieux et traditionnels, précisément dans les régions du nord et du nord-ouest du pays où le mariage précoce de la jeune fille est récurrent malgré le combat des autorités contre cette pratique dont la conséquence immédiate et déplorable est de donner un coup d’arrêt à son éducation.