Célébration An 1 Arafat DJ/Tina Glamour : « Nous allons prier pour le repos de l’âme de mon fils »

La belle complicité entre Tina Glamour et son fils Dj Arafat. (DR)
La belle complicité entre Tina Glamour et son fils Dj Arafat. (DR)
La belle complicité entre Tina Glamour et son fils Dj Arafat. (DR)

Célébration An 1 Arafat DJ/Tina Glamour : « Nous allons prier pour le repos de l’âme de mon fils »

La mère du Daïshikan parle du leader des ‘’Chinois’’ et donne le sens de cette célébration.
Cela fait aujourd’hui un an que votre fils, le célèbre Dj Arafat, est décédé. Comment avez-vous vécu cette période de deuil ?

Ma douleur est grande, car comme on le dit généralement, ce n’est pas la mère qui enterre son enfant. Aujourd’hui, cela fait un an que mon fils est parti dans ce tragique accident. J’avoue que cela a vraiment été difficile pour moi et même aujourd’hui encore, je n’arrive véritablement pas à faire mon deuil, tout comme ces milliers d’Ivoiriens qui continuent de le pleurer. C’est une partie de moi qui est morte. Je ne peux que me plier à la volonté de Dieu et prier pour le repos de son âme.

Cette perte serait-elle pour vous comme un espoir perdu ?

Et oui, mon fils était tout mon espoir. Il se battait pour deux raisons. Il m’a dit: «Papa est décédé. Il a tout donné à la musique ivoirienne mais au final, il s’en est allé sans rien. Moi, je veux donc bosser dur d’abord pour toi maman, afin que tu ne manques de rien; ensuite pour mes enfants, mes frères et sœurs. Je veux aussi assurer mes vieux jours et laisser quelque chose d’historique à la Côte d’Ivoire». Malheureusement, il est parti dans la fleur de l’âge.

On peut dire que la vie n’a pas été facile pour vous sur les réseaux sociaux durant cette période. Pensez-vous avoir été incomprise ?

J’ai été beaucoup combattue durant cette période de deuil, au moment où j’avais besoin d’amour. Vous avez d’ailleurs pu constater toutes les méchancetés à mon endroit sur les réseaux sociaux. Mais je les pardonne. Ce n’est pas parce qu’on est en deuil qu’on ne doit pas bien s’habiller ou se maquiller. Le faire ne veut pas dire qu’on n’aime pas son enfant. L’amour pour son enfant est une relation particulière qui est tissée depuis la conception dans le ventre par le cordon ombilical. Aimer son enfant, ce n’est pas faire de la fanfaronnade. Quand on a connu la douleur de l’enfantement, on ne peut pas ne pas aimer son enfant. Celles qui m’ont critiquée ont sans doute oublié ce détail.

Sous quel signe placez-vous cette célébration de l’an 1 du décès de votre fils ?

Une levée de deuil, c’est la transition de la terre au paradis céleste. Mon fils a besoin de beaucoup de prières pour réussir sa transition. C’est pourquoi j’organise cette levée de deuil avec comme action principale la prière. Nous irons à l’église pour prier pour le repos de son âme, nous irons ensuite sur le lieu du drame pour encore prier, ensuite nous partagerons un repas toujours en prière et enfin, ses amis de la Yôrôgang lui offriront une parade de motos et des animations, comme il aimait bien les partager avec eux. J’invite tout le monde, toutes les confessions religieuses à se joindre à nous pour prier pour le repos de l’âme de Houon Ange Didier.

Pour cette célébration, vous êtes retournée en studio. D’où est venue l’idée de le faire ?

J’ai fait un single en hommage à mon fils. Il est intitulé ‘’Héros, hommage à Daïshi’’. On était dans le confinement et on dormait assez vite. Cela a réveillé mon instinct de compositeur et un soir, j’ai couché les textes sur le papier. Cette chanson est un cadeau à mon fils que je voudrais laisser pour la postérité. Sa perte a déchiré mon cœur de mère. J’en ai souffert et je continue de souffrir, tout comme ses nombreux fans qui n’arrivent pas encore à faire leur deuil. C’est cette douleur que j’ai exprimée dans ce single qui est sorti aujourd’hui même. Le clip va suivre bientôt.

Quel genre d’enfant était Ange Didier ?

Arafat était un enfant honnête, timide, franc et taquin sur les bords. Quand il était petit et que je sortais, il rapportait à mon retour tout ce qui s’était passé en mon absence avec beaucoup d’humour. Je me rappelle qu’une fois, j’avais perdu ma meilleure amie et je n’étais pas encore informée. A la maison, ils lui ont dit : « Toi Didier là, tu n’as pas dit que tu es kpakpato, faut rien dire à maman hein ». Il a dit Ok. Mais dès que je suis rentrée à la maison, il m’a accueillie avec la nouvelle : « Maman, maman, Tantie Justine est morte ooooo ». Un autre jour, il m’a demandé de l’argent pour s’acheter une paire de baskets très à la mode, parce qu’il avait un show avec ses amis où il devait faire de l’animation. Il lui fallait donc être à la page. Je lui ai dit que je n’avais pas d’argent, malgré son insistance. Avant de sortir, je lui ai demandé de repasser les habits de sa sœur Carla avec un nouveau fer à repasser que je venais d’acheter. Ange Didier, après avoir repassé les habits de sa sœur, a vendu le fer pour s’acheter sa paire de baskets. Quand je lui ai demandé la raison de son acte, il m’a dit : « Maman, je ne voulais pas avoir honte devant mes amis. Mais laisse ça, je serai une grande star et je vais être tellement riche que je vais t’acheter plusieurs fer à repasser ». Voilà deux anecdotes que je partage avec vous.

Lorsqu’il est devenu plus tard Arafat Dj, avez-vous gardé ces mêmes relations ?

Mon fils et moi étions très complices. Il m’aimait tellement. Il me disait: « Maman, je n’aime pas quand un homme te fait souffrir. Papa l’a fait, avec Kassiry (le père de ma fille Carla), ça ne s’est également pas bien passé. Marie un Blanc et puis d’ailleurs, pourquoi tu ne retournes pas aux USA ou quelque part en Europe ? » C’est vrai, à un moment donné, le succès lui est monté à la tête, ajouté à un entourage qui n’était pas très catholique, cela a créé quelques incompréhensions entre lui et moi. Mon fils était une star en pleine activité, donc toujours entre deux avions, mais quand on pouvait se retrouver en intimité, on le faisait. Je respectais ses choix et lui les miens. Mon fils et moi, on n’a véritablement pas eu de problème. Je lui ai pardonné tout ce qu’il m’a fait. Nous avions même en projet de monter une maison de production et mon magasin ‘’Love Cosmetic’’. Malheureusement, nous n’avons pas pu concrétiser tout ça. Comme on le dit, l’homme propose et Dieu dispose.

Que devient la fortune de Dj Arafat ?

Je ne veux vraiment pas m’attarder sur cette question. Beaucoup de choses, qui en réalité n’étaient pas vraies, ont été dites. Arafat n’avait pas de dizaines de voitures de luxe et de motos, ni des milliards de FCfa, comme on voulait le faire croire. Certains de ses proches ont volé ses habits et autres effets personnels après son décès. C’est pour vous dire qu’Arafat était un homme normal comme tout le monde. Mais en sa qualité d’artiste, il devait tout simplement faire rêver. N’est pas or tout ce qui brille. Je voudrais m’arrêter là.

Quel appel avez-vous à lancer aux chinois pour cette commémoration ?

J’invite les chinois à beaucoup de retenue lors de cette célébration. Vous pouvez pleurer votre Daïshi sans tomber dans la violence et la bagarre. Je vous exhorte à être dans des dispositions de louange et de prière. Il faut pleurer votre président avec respect ! Arafat n’était pas violent. A un moment de sa carrière, il a été combattu et il a parfois réagi violemment verbalement. Mais c’est la vie d’un artiste. Aujourd’hui, nous devons, par des comportements exemplaires et des prières, l’aider à retrouver le repos de l’âme. Je voudrais préciser que la sécurité est garantie sur les sites de la célébration qui se déroulera dans le strict respect des mesures barrières liées au coronavirus.

Que voulez-vous dire pour conclure notre entretien ?

Je voudrais, en ce jour anniversaire de la disparition d’Arafat, encore une fois, dire merci au gouvernement pour qui le décès de mon fils fut un deuil national et qui lui a offert des funérailles dignes de son rang de leader de toute une génération. Grand merci particulièrement au Premier ministre, Hamed Bakayoko, qui a su gérer chaque membre de la famille. Je voudrais également lancer un message de paix aux Ivoiriens. Nous n’avons qu’un seul pays, ne le brûlons pas.

ENTRETIEN REALISE PAR SERGES N’GUESSANT