Bébi Philip, arrangeur et artiste coupé décalé. (DR)
Musique/Bébi Philip : « Nos autorités doivent revoir le quota de diffusion de la musique étrangère »
Un an après la mort de Dj Arafat, le coupé-décalé est en perte de vitesse.
Certes, je suis un artiste catalogué coupé-décalé, mais je fais de la musique. Je ne veux même pas qu’on nous compare parce que chacun a sa particularité. Et, chacun a son domaine où il excelle. Ce que je peux dire, chacun a apporté sa touche au mouvement. Si on doit dire que le coupé-décalé est mort, tant mieux. Je pense que si je suis nationaliste, j’aime mon pays, je ne dois pas avoir cette position. Je dois plutôt encourager les artistes à travailler. Moi, je peux chanter sur n’importe quelle musique, même en chinois. D’ailleurs, mes chansons à succès ne sont pas du genre coupé-décalé. Arafat a juste innové avec les ‘’Roukasskass’’. Et, c’est un peu sévère de dire qu’il est parti avec le mouvement coupé-décalé. Alors que c’est cette même musique qui continue de faire connaître la Côte d’Ivoire. Que l’âme d’Arafat repose en paix, que vive la musique ivoirienne! Qu’on ne soit pas l’Ivoirien méchant. Qu’on soit ensemble pour de vrai.
A quel niveau êtes-vous dans la réalisation de votre prochain album dont la sortie est prévue pour le 19 septembre ?
C’est un travail que j’ai entamé depuis 2017. Maintenant, tout est fin prêt et la sortie est prévue pour le 19 septembre. Je suis partagé entre les arrangements des œuvres des artistes, de mes propres productions et la gestion de ma carrière de chanteur. Ce n’est pas facile parfois de gérer tout ça à la fois. Mais la pandémie du coronavirus m’a permis de me concentrer sur ma carrière. J’ai su profiter de cette période de confinement pour finir mon album. J’ai découvert également dans cette période de crise sanitaire mes vrais amis, mes vrais soutiens. C’est une leçon de vie.
Quelle est la coloration de cet album à venir ?
J’avais prévu 10 titres. Après nous sommes passés à 13. Finalement, avec l’intro, il y aura 16 titres. Vous aurez 1heure 5 minutes d’écoute pour cet album. Pendant la réalisation, j’ai dû effectuer des voyages au Sénégal, en Belgique... afin d’apporter d’autres sonorités à l’album. Parce que Bébi Philip a toujours fait du brassage culturel. Ceux qui suivent ma carrière savent que je suis un artiste polyvalent. Je suis permanemment en quête de nouvelles couleurs musicales. Souvenez-vous, mon premier single ‘’Freetsyle ‘’ était un cocktail d’électro et de coupé-décalé. Et, dans cette évolution de ma carrière, j’ai voulu toucher à d’autres styles. J’aime innover, vous allez découvrir sur l’album un titre en malinké, en wolof et bien d’autres belles surprises. Comment définissez-vous le genre musical de cet album ? Dans le jargon ivoirien, je dirai, c’est un album ‘’Nzassa’’ multicolore, multiculturel. Sans être ingrat, je ne dirai pas que ce n’est pas un album coupé-décalé; parce que c’est grâce à ce style que j’ai été révélé au public. Mais étant un artiste musicien, vous allez avoir un album de plusieurs couleurs. J’ai touché à une bonne partie de la musique africaine ainsi qu’à la musique du terroir ivoirien. Il y aura du gospel, de l’afro pop, du reggae, et seulement quelques titres coupé-décalé. Sachez qu’un album s’écoute, un album ne se danse pas. La musique que j’ai faite dans cet album, elle est faite pour être écoutée. Si cette musique arrive à faire danser un public, il faut en savoir tirer le côté positif. C’est l’un de mes secrets de travail. Je n’aime pas trop le thème recherche musicale, je prends du plaisir à apporter des nouvelles couleurs dans mes chansons et dans mes arrangements.
Vous avez lancé une levée de fonds pour réaliser l’album. Où en sommes-nous ?
En Côte d’Ivoire, beaucoup perçoivent et comprennent mal le mot fan. Un fan est celui qui est prêt à tout pour son artiste. C’est celui qui veut voir son artiste grandir, remplir les grandes salles et vendre des millions d’albums. J’ai plus de deux millions de followers mais tous ceux qui te suivent ne sont pas forcément tes fans. En 2010, quand je commençais ma carrière, beaucoup de mes fans étaient élèves et étudiants. La plupart ont grandi avec ma musique. Et, ils ont de l’estime pour moi. Parmi eux, certains ont fait parler leur cœur. Mais je n’en veux pas à ceux qui n’ont pas compris cette levée de fonds. Du moment où ils achètent légalement mes chansons et mon album, c’est l’essentiel. A partir de la levée de fonds, j’ai brisé beaucoup de tabous. C’est une manière pour faire comprendre que si tu as un projet pertinent, sérieux, n’hésite pas à solliciter de l’aide pour le réaliser.
Combien avez-vous perçu après la levée de fonds ?
Sur le site internet et ce que j’ai perçu directement, on va dire près de 15 millions de Fcfa. Vous trouvez que c’est un gros montant, mais je dois réaliser mes 10 clips vidéo à hauteur de 3,5 millions de Fcfa l’unité. Néanmoins, cette somme vient compléter mes revenus parce que le budget global de mon album s’élève à 48 millions de Fcfa. Donc, la levée de fonds m’a permis de démarrer une partie de la promotion de mon album, qui représente 10 années de scène que je veux célébrer avec faste. Je remercie tous ceux qui y ont contribué. Je vais leur témoigner toute ma gratitude.
Avez-vous sollicité l’appui du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) ?
J’ai sollicité l’aide à la création du Burida à plusieurs reprises. Je n’ai jamais eu de suite. Même au ministère de la Culture, je n’ai eu aucune réponse à ma demande. C’est tout cela qui m’a motivé à lancer la levée de fonds. Dieu merci, j’ai obtenu ce que je voulais. L’action que j’ai menée, je veux qu’elle serve d’exemple pour ces personnes intelligentes, avec des projets nobles. Elles peuvent aussi demander de l’aide sans avoir honte ou peur de la réaction des gens.
Quel est votre regard sur le coupé-décalé?
Je n’ai pas de regard sur le coupé-décalé. Je regarde plutôt la musique ivoirienne. Je pense que les artistes doivent se rassembler et voir dans quelle perspective parler à nos autorités pour que certaines choses changent. Sans vouloir être xénophobe, nos autorités doivent revoir le quota de diffusion de la musique étrangère en Côte d’Ivoire. Cela se fait et ça existe dans tous les pays. Je suis étonné de constater que je peux écouter une semaine durant une radio sans que l’on joue une seule chanson d’Ernesto Djédjé. Je tire la sonnette d’alarme: on ne doit pas se laisser envahir par la musique étrangère. Nous avons les grands monuments de la musique africaine en Côte d’Ivoire. Nous avons des légendes vivantes. Donc, ne les délaissons pas pour faire honneur à ceux de l’extérieur. Moi, je suis une légende en devenir. Je pousse ce coup de gueule parce que les artistes ivoiriens n’ont aucun soutien de nos autorités. Si nous aimons notre culture, nous devons nous battre pour la préserver
INTERVIEW REALISEE PAR SERGES N’GUESSANT
A quel niveau êtes-vous dans la réalisation de votre prochain album dont la sortie est prévue pour le 19 septembre ?
C’est un travail que j’ai entamé depuis 2017. Maintenant, tout est fin prêt et la sortie est prévue pour le 19 septembre. Je suis partagé entre les arrangements des œuvres des artistes, de mes propres productions et la gestion de ma carrière de chanteur. Ce n’est pas facile parfois de gérer tout ça à la fois. Mais la pandémie du coronavirus m’a permis de me concentrer sur ma carrière. J’ai su profiter de cette période de confinement pour finir mon album. J’ai découvert également dans cette période de crise sanitaire mes vrais amis, mes vrais soutiens. C’est une leçon de vie.
Quelle est la coloration de cet album à venir ?
J’avais prévu 10 titres. Après nous sommes passés à 13. Finalement, avec l’intro, il y aura 16 titres. Vous aurez 1heure 5 minutes d’écoute pour cet album. Pendant la réalisation, j’ai dû effectuer des voyages au Sénégal, en Belgique... afin d’apporter d’autres sonorités à l’album. Parce que Bébi Philip a toujours fait du brassage culturel. Ceux qui suivent ma carrière savent que je suis un artiste polyvalent. Je suis permanemment en quête de nouvelles couleurs musicales. Souvenez-vous, mon premier single ‘’Freetsyle ‘’ était un cocktail d’électro et de coupé-décalé. Et, dans cette évolution de ma carrière, j’ai voulu toucher à d’autres styles. J’aime innover, vous allez découvrir sur l’album un titre en malinké, en wolof et bien d’autres belles surprises. Comment définissez-vous le genre musical de cet album ? Dans le jargon ivoirien, je dirai, c’est un album ‘’Nzassa’’ multicolore, multiculturel. Sans être ingrat, je ne dirai pas que ce n’est pas un album coupé-décalé; parce que c’est grâce à ce style que j’ai été révélé au public. Mais étant un artiste musicien, vous allez avoir un album de plusieurs couleurs. J’ai touché à une bonne partie de la musique africaine ainsi qu’à la musique du terroir ivoirien. Il y aura du gospel, de l’afro pop, du reggae, et seulement quelques titres coupé-décalé. Sachez qu’un album s’écoute, un album ne se danse pas. La musique que j’ai faite dans cet album, elle est faite pour être écoutée. Si cette musique arrive à faire danser un public, il faut en savoir tirer le côté positif. C’est l’un de mes secrets de travail. Je n’aime pas trop le thème recherche musicale, je prends du plaisir à apporter des nouvelles couleurs dans mes chansons et dans mes arrangements.
Vous avez lancé une levée de fonds pour réaliser l’album. Où en sommes-nous ?
En Côte d’Ivoire, beaucoup perçoivent et comprennent mal le mot fan. Un fan est celui qui est prêt à tout pour son artiste. C’est celui qui veut voir son artiste grandir, remplir les grandes salles et vendre des millions d’albums. J’ai plus de deux millions de followers mais tous ceux qui te suivent ne sont pas forcément tes fans. En 2010, quand je commençais ma carrière, beaucoup de mes fans étaient élèves et étudiants. La plupart ont grandi avec ma musique. Et, ils ont de l’estime pour moi. Parmi eux, certains ont fait parler leur cœur. Mais je n’en veux pas à ceux qui n’ont pas compris cette levée de fonds. Du moment où ils achètent légalement mes chansons et mon album, c’est l’essentiel. A partir de la levée de fonds, j’ai brisé beaucoup de tabous. C’est une manière pour faire comprendre que si tu as un projet pertinent, sérieux, n’hésite pas à solliciter de l’aide pour le réaliser.
Combien avez-vous perçu après la levée de fonds ?
Sur le site internet et ce que j’ai perçu directement, on va dire près de 15 millions de Fcfa. Vous trouvez que c’est un gros montant, mais je dois réaliser mes 10 clips vidéo à hauteur de 3,5 millions de Fcfa l’unité. Néanmoins, cette somme vient compléter mes revenus parce que le budget global de mon album s’élève à 48 millions de Fcfa. Donc, la levée de fonds m’a permis de démarrer une partie de la promotion de mon album, qui représente 10 années de scène que je veux célébrer avec faste. Je remercie tous ceux qui y ont contribué. Je vais leur témoigner toute ma gratitude.
Avez-vous sollicité l’appui du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) ?
J’ai sollicité l’aide à la création du Burida à plusieurs reprises. Je n’ai jamais eu de suite. Même au ministère de la Culture, je n’ai eu aucune réponse à ma demande. C’est tout cela qui m’a motivé à lancer la levée de fonds. Dieu merci, j’ai obtenu ce que je voulais. L’action que j’ai menée, je veux qu’elle serve d’exemple pour ces personnes intelligentes, avec des projets nobles. Elles peuvent aussi demander de l’aide sans avoir honte ou peur de la réaction des gens.
Quel est votre regard sur le coupé-décalé?
Je n’ai pas de regard sur le coupé-décalé. Je regarde plutôt la musique ivoirienne. Je pense que les artistes doivent se rassembler et voir dans quelle perspective parler à nos autorités pour que certaines choses changent. Sans vouloir être xénophobe, nos autorités doivent revoir le quota de diffusion de la musique étrangère en Côte d’Ivoire. Cela se fait et ça existe dans tous les pays. Je suis étonné de constater que je peux écouter une semaine durant une radio sans que l’on joue une seule chanson d’Ernesto Djédjé. Je tire la sonnette d’alarme: on ne doit pas se laisser envahir par la musique étrangère. Nous avons les grands monuments de la musique africaine en Côte d’Ivoire. Nous avons des légendes vivantes. Donc, ne les délaissons pas pour faire honneur à ceux de l’extérieur. Moi, je suis une légende en devenir. Je pousse ce coup de gueule parce que les artistes ivoiriens n’ont aucun soutien de nos autorités. Si nous aimons notre culture, nous devons nous battre pour la préserver
INTERVIEW REALISEE PAR SERGES N’GUESSANT