Koumassi-Remblais : La dégradation de deux immeubles met en danger la vie de 56 locataires

Cet immeuble imposant souffre de nombreux maux, exposant la vie de ses locataires. (Honoré Bosson)
Cet immeuble imposant souffre de nombreux maux, exposant la vie de ses locataires. (Honoré Bosson)
Cet immeuble imposant souffre de nombreux maux, exposant la vie de ses locataires. (Honoré Bosson)

Koumassi-Remblais : La dégradation de deux immeubles met en danger la vie de 56 locataires

Le 19/10/20 à 12:51
modifié 19/10/20 à 15:26
Sous le poids de l’humidité et aussi des fissures à divers endroits, la bâtisse qui compte plus de deux-cents personnes est lentement mais sûrement en train de s’écrouler.
Les locataires des deux immeubles jumelées appelées ‘’Boma’’ dans la commune de Koumassi, précisément dans le sous-quartier Remblais sont dans le désarroi. Depuis plusieurs mois, ces deux bâtiments de trois étages, à cause de l’infiltration des eaux de pluie, s’inclinent petit à petit et impacte négativement les 56 appartements.

Sur place, dans l’après-midi du 18 octobre, après l’appel anonyme de quelques riverains inquiets, notre équipe a pu se rendre compte de l’état d’avancement de la dégradation de cet édifice et aussi des grands risques que courent ses locataires. En effet, cette bâtisse imposante située en bordure de la lagune souffre d’un problème d’étanchéité.

Les carreaux de sa façade qui constitue sa beauté à première vue se détachent progressivement, au point que certaines parties du mur en sont dépourvues. Dans les escaliers, les traces de l’infiltration des eaux laissent voir un mur défraîchi et le staff du plafond en ruine.

Le parking arrière pris en otage par les eaux de pluie mêlées à celles de la lagune laisse à désirer. (Honoré Bosson)
Le parking arrière pris en otage par les eaux de pluie mêlées à celles de la lagune laisse à désirer. (Honoré Bosson)



L’un des faits inquiétants, c’est l’explosion des carreaux du sol à l’intérieur de certaines habitations. C’est le cas de l’appartement « A 10 ». Habité par un jeune chef d’entreprise depuis bientôt quatre ans, le sol de la maison n’a plus sa forme d’antan. Depuis la nuit du 17 au 18 octobre, les carreaux du sol ont commencé à céder sous la pression de l’humidité.

Selon le locataire, Diomandé Saguidi, qui est encore traumatisé par les évènements, pendant qu’ils dormaient le 18 octobre, son épouse et lui ont entendu des explosions dans leur salon, aux alentours de 2 heures du matin. Croyant avoir affaire à des cambrioleurs, il s’est rendu sur les lieux, avec toute la prudence qu’il fallait. C’est une fois sur place qu’il se rend compte que ce sont les carreaux du sol qui explosaient à divers endroits. « Lorsque je suis arrivé au salon après avoir été alerté par mon épouse, je voyais les carreaux éclater l’un après l’autre, à divers endroits. Mon canapé s’est même incliné parce que le carreau sur lequel il était posé n’a pas été épargné par l’incident », explique-t-il.

Devant ces faits, monsieur Diomandé évacue sa famille avant de se rendre dans le commissariat le plus proche pour porter l’information aux forces de l’ordre pour un constat d’usage. L’opération ne relevant pas de leur ressort, ce sont les sapeurs-pompiers de la Zone 4 qui, alertés, se sont dépêchés sur place. « Ces derniers, après avoir fait le tour du bâtiment, ont conseillé d’évacuer les deux immeubles au risque de nous retrouver face à un incident malheureux. Ils nous ont confié que le bâtiment doit être démoli », dit-il. Parce que visiblement, les deux immeubles sont inclinés et risquent un jour de s’écrouler.

Même s’il est difficile à voir, le carrelage de sol de ce salon n’a plus sa forme habituelle. Les carreaux ont explosé pour former plusieurs figures à divers endroits. (Honoré Bosson)
Même s’il est difficile à voir, le carrelage de sol de ce salon n’a plus sa forme habituelle. Les carreaux ont explosé pour former plusieurs figures à divers endroits. (Honoré Bosson)



Attention à la lagune !

L’inquiétude des sapeurs-pompiers est à prendre au sérieux lorsqu’on fait le tour des deux immeubles. A l’arrière, le parking est en train de tomber en ruine. Son mur porte plusieurs stigmates de l’érosion et son sol est dans un état d’insalubrité spectaculaire.

Pendant la saison des pluies, explique l’un des agents de sécurité, ce parking et même les appartements situés au rez-de-chaussée deviennent infréquentables. « La lagune déborde en saison de pluie pour s’introduire dans la cour à partir de nombreuses fissures. Et c’est l’inondation ! », précise-t-il. Avant de faire remarquer qu’à force de s’incliner, les deux immeubles se sont adossés à un autre au point qu’il n’y a plus d’espaces entre eux.

Aucune réaction concrète du propriétaire

Face aux dégâts constatés dans son salon, Diomandé Saguidi et quelques voisins ont contacté les responsables de l’entreprise immobilière Drayat, propriétaire de l’édifice. En plus d’être venus plusieurs heures après les inquiétudes formulées par les locataires, les deux représentants de la société n’ont pas trouvé mieux à dire que la pose de nouveaux carreaux au sol.

Pire, révèle l’un des locataires situé au 2e étage qui avait été confronté à un incident pareil l’an dernier, les responsables de l’immeuble soutiennent qu’ils ne disposent pas de moyens conséquents pour sa démolition. « Lorsque j’ai échangé avec eux, ils m’ont indiqué que les immeubles étaient foutus mais qu’il leur fallait des moyens à la hauteur de ceux qui ont servi à le bâtir, pour le détruire. Moyens dont l’entreprise ne disposerait pas », confie-t-il.

Les piliers qui soutiennent l’immeuble, ne tenant plus, sont en train de se fissurer l’un après l’autre. (Honoré Bosson)
Les piliers qui soutiennent l’immeuble, ne tenant plus, sont en train de se fissurer l’un après l’autre. (Honoré Bosson)



Une chose est certaine, en attendant que des experts se rendent sur les lieux pour mener les études, les locataires de l’immeuble, pris de peur, souhaitent le versement de leur caution et le dédommagement de ceux qui ont été impactés par cette situation. Notre équipe a tenté en vain de joindre les responsables des deux immeubles pour avoir leur version des faits.



Le 19/10/20 à 12:51
modifié 19/10/20 à 15:26