Toulepleu/Divulgation de rumeurs: Des familles réfugiées à la frontière ivoiro-libérienne, invitées à retourner

Une vue des « déplacés de rumeurs » à la frontière ivoiro-libérienne sensibilisés par le chef du village. (Photo : Saint-Tra Bi)
Une vue des « déplacés de rumeurs » à la frontière ivoiro-libérienne sensibilisés par le chef du village. (Photo : Saint-Tra Bi)
Une vue des « déplacés de rumeurs » à la frontière ivoiro-libérienne sensibilisés par le chef du village. (Photo : Saint-Tra Bi)

Toulepleu/Divulgation de rumeurs: Des familles réfugiées à la frontière ivoiro-libérienne, invitées à retourner

Le 02/11/20 à 20:51
modifié 02/11/20 à 21:13
Des centaines de personnes à Toulepleu, craignant des violences électorales annoncées par des rumeurs divulguées à travers les réseaux sociaux et par des hommes politiques, ont trouvé refuge à Pekan Houebly, village situé à la frontière ivoiro-libérienne. Nous avons suivi les traces de ces personnes apeurées et déplacées par les rumeurs.

Ces personnes déplacées sont pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards. Elles ont été accueillies dans des familles à Peka Houebly, village situé à la frontière ivoiro-libérienne. Mais leurs conditions de vie sont très difficiles. Elles vivent dans une promiscuité qui montre leur souffrance.

Les enfants dorment à même le sol et les femmes se retrouvent par dizaine dans une chambre à coucher. Des vieillards, le regard interrogateur, scrutent, assis sous des arbres qui les protègent du soleil, l'horizon, qu'on imagine plein d'incertitudes.

Oué Marthe, déplacée avec six enfants, souligne qu'elle a tout perdu en 2010 parce qu'elle n'avait pas cru aux rumeurs. Cette fois-ci, elle a décidé de fuir avec ses enfants et ses biens acquis durement après la crise post-électorale. Elle précise qu'elle retournera à Toulepleu seulement après la proclamation des résultats de la présidentielle du 31 octobre 2020. Avant d'affirmer qu'un militant de l'opposition lui a demandé de traverser la frontière car la prochaine crise sera plus grave que celle de 2011.

Mais pour l'heure, la frontière ivoiro-libérienne est fermée et les militaires qui y sont postés, exhortent les déplacés à rebrousser chemin. C'est une tâche difficile. En dépit des assurances des autorités locales, le préfet de Toulepleu en tête, certains candidats au départ préfèrent attendre de voir l'issue du scrutin présidentiel avant de regagner leurs villages.

Un jeune du village qui a requis l'anonymat, a révélé que les conducteurs de motos-taxis sont à la base des déplacements. Selon lui, ces derniers, pour avoir plus de clients, colportent des rumeurs pour les obliger à partir...

Interrogé, Kah Sami Vincent, chef du village de Pékan Houebly, a donné les raisons de l'hospitalité accordée aux personnes déplacées, avant de rassurer et inciter ces derniers au retour. « Le pays n'est pas en guerre. L'élection présidentielle passera et celui qui sera élu, sera le président de tous les Ivoiriens. J'ai demandé aux parents de retourner chez eux. On ne peut pas quitter son pays en paix pour aller souffrir au Liberia. Je leur ai signifié que notre fille Anne Ouloto, nous a rassurés sur tous les plans. Il n'y a pas à s'inquiéter », a expliqué le gardien de la tradition que nous avons suivi lors d'une tournée de sensibilisation dans le village.

Michel Gondo qui a reçu cinq (05) familles dans sa maison, devenue désormais trop étroite, abonde dans le même sens que le chef du village. Il appelle les déplacés qu'il qualifie de « déplacés de rumeurs » à regagner leurs villages car, dira-t-il, « il n'y a rien et il n'y aura rien ». Avant de nous montrer un grand poster de la présidente du Conseil régional du Cavally qui, selon lui, veille sur le département et la région.

Dans la gestion de cette situation, le préfet de Toulepleu, Bini Koffi, n'a eu de cesse de rassurer les populations de Toulepleu quant au déroulement sans heurts du scrutin du 31 octobre. Tout en exhortant les déplacés à regagner leurs domiciles, avant d'enjoindre par arrêté les forces de l'ordre à veiller au respect scrupuleux de la décision de fermeture de la frontière, toujours en vigueur.

Incitées à retourner et rassurées par les autorités administratives et policières, plusieurs familles déplacées se sont résolues à retourner à Toulepleu.

Informée de la volonté de retour de ces familles, Anne Désirée Oulotto, présidente du Conseil régional du Cavally, a affrété deux véhicules pour le transport de ces familles. Ainsi, la moitié des déplacés de Pekan Houebly a pu être convoyée à Toulepleu le 31 octobre 2020. Et des démarches sont en cours, sous la conduite de la présidente du conseil, en vue d'encourager les familles encore réticentes à regagner Toulepleu.

Cet acte a été salué par les autorités administratives et traditionnelles. Elles souhaitent que la ministre continue de soutenir ces « déplacés de rumeurs » pour leur retour définitif à la maison.


Le 02/11/20 à 20:51
modifié 02/11/20 à 21:13