Musique urbaine de la décennie 90: Zouglou, une histoire de tubes qui traversent le temps

esprit de yop (DR)
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Musique urbaine de la décennie 90: Zouglou, une histoire de tubes qui traversent le temps

La musique urbaine puise aux sources de tous les dialectes y compris le nouchi, l’argot populaire de la rue qui est aujourd’hui adopté par presque toutes les couches de la société. Cette musique, déclinée en zouglou, gnakpa gnakpa, coupé-décalé et autres Rap ivoire, au fil des années, s’est imposée comme la première musique véritablement nationale de Côte d’Ivoire. De « Gboglo Koffi » à « Premier Gaou » en passant par Asec Kotoko, Les Côcô, Waligou, ‘’Mange mil’’ Zomamanzo’’, la décennie 90 regorge de tubes qui, aujourd’hui, encore font la fierté du zouglou.

Zougloumania écrit l’hymne national

du zouglouLead vocal du groupe Zougloumania, Galet Paul Toussaint dit ‘‘Poignon’’ et son binôme Bouabré ont été révélés en 1991 avec l’album Zomamanzo constitué des tubes du même nom et de la chanson d’anthologie Kappa arrangé par le manager Olivier Blé. Dans la ferveur du mouvement zouglou, le duo s’impose comme une référence zougloutique avant de s’éclater lorsque Bouabré décide de s’installer en France, où il vit depuis lors. Resté en Côte d’Ivoire, Poignon a aujourd’hui intégré les « Doyas », un trio de la première génération zouglou, composé d’Allan Bill Desouza (Esprit de Yop), L’enfant Yodé Côcô et de Poignon, lui-même. Pour beaucoup de zouglouphiles la chanson ‘’Zomamanzo’’ est considérée comme l’hymne national du zouglou. Et Kappa, l’âme du zouglou.

Didier Bilé et Les Parents du Campus : Gboglo Koffi, le classique du genre

1991, cité universitaire de Yopougon, au nord d’Abidjan. Bilé Didier et sa bande de joyeux larrons qui deviendront pour la cause artistique ‘’Les Parents du campus’’ se réunissent tous les soirs après les amphis de l’Université. Tambours et bouteilles sonnants, ils rythment leurs chants exutoires et livrent une chorégraphie caractérisée par une stature raide, des mouvements désarticulés, une mimique grimacée, et les bras lancés dans toutes les directions, questionnant les esprits de l’univers sur leur condition sociale. C’est le zouglou dans toute son expression musicale et chorégraphique qui sera traduite dans une œuvre discographique en 1991 intitulé ‘’Zougloudance’’. ‘’Gboglo Koffi’’, le titre éponyme devient très vite un tube considéré aujourd’hui comme un classique du zouglou. Zougloudance s’écoulera à plus de 90.000 exemplaires en quelques semaines.

L’enfant Yodé et ses catégories de Côcô

Jean Martial Yodé, plus connu sous le nom de l’enfant Yodé, figure au nombre des pionniers du zouglou en Côte d’Ivoire. Les chansons célèbres ‘’Parisien moisi’’ et le mythique titre ‘’Les Côcôs’’, portent sa signature. Eclipsé de la scène musical depuis quelques temps, le ‘‘Côcô’’ prend son temps et promet bientôt un retour. En attendant il roule avec les ‘’Doya du Zouglou’’.Esprit de Yop a fait ‘’Mange mil’’

Esprit de Yop est un groupe qui a marqué l’avènement du zouglou au début des années 90. Les membres sont Alan Bill de Souza, Bloco, Colin et Nicaise. Après une tournée européenne, Nicaise décide de rester à Londres où il poursuit ses études en communication. Bloco et Colin rejoignent Soum Bill et Debengue, des transfuges des Garagistes pour former en 1995 le groupe Les Salopards. Le groupe s’est illustré par quelques tubes comme ‘’Mange mil ”, ‘’Amonguê-Monguê.

Les Poussins chocs : ‘’Asec-kôtôkô’’ à jamais dans les mémoires

En 1993, l’équipe de football, l’Asec d’Abidjan en Coupe d’Afrique des clubs champions, connaît son plus grand drame à la faveur de son match retour contre le club Ashanti-Kôtôkô du Ghana. Des dizaines de cars de supporters ivoiriens sont pris d’assaut et saccagés par des hooligans ghanéens. En réponse, la communauté ghanéenne installée en Côte d’Ivoire subit de méchantes représailles. En 1994, un an après ce drame, un groupe ‘’Les Poussins Choc’’ commémore l’évènement en humour pour la paix retrouvée. Naît alors le fameux tube Asec-Kôtôkô avec un certain Yodé et Siro qui aujourd’hui en duo continue de perpétuer la tradition des tubes en zouglou.

Les Salopards : ‘’Waligou’’, l’hymne à la persévérance

Avec l’album ‘’Bouche B’’ (1995) du groupe Les Salopards, le zouglou connaît sa première révolution. Soum Bill, Bloco, Collin et Debengue ralentissent le rythme. Leurs textes, tranchants et pertinents surfent sur la satire sociale. L’album devient une réussite qui se traduit par plus de 200 000 cassettes vendues. Suivront ensuite ‘’Génération Sacrifiée’’ (1997) et ‘’Pays Perdu’’ en 1999 qui consacre la séparation du groupe. Trois albums, trois succès auréolés de tubes intemporelles le fameux ‘’Waligou’’, l’hymne à la persévérance sans oublier entre autres ‘’Monsieur le Maire’’, ‘’Politique’’, ‘’Cercueil Roulant’’, ‘’Waligou’’, ‘’Sans Papier’’.

Le ‘’Paradis’’ des Djigbôs

1996, alors que les musiques urbaines règnent en maîtres sur la musique ivoirienne, quatre jeunes au vent font leur apparition et bouleversent la hiérarchie. Le nom du groupe est très évocateur : ‘’Les Djigbôs’’ (le fétiche). Leur danse, le ’’Kpaklo’’, une déclinaison du zouglou, tiré du terroir Yacouba, séduit les mélomanes. Le titre phare de leur album, ‘’Paradis’’, conquit les cœurs et caracole en tête des hits. Un véritable tube, qui jusqu’à ce jour, continue de faire danser les Ivoiriens.

Magic System : L’interplanétaire ‘’Premier Gaou’’

Salif Traoré dit A’salfo, Goudé, Tino et Manadja, se révèlent aux mélomanes en 1999 avec le groupe Magic System. Leur manager, Angelo Kabila, réalise l’album éponyme ‘’Premier Gaou’’ dont le titre du même nom est devenu un des plus grands tubes du zouglou et même de l’histoire musicale ivoirienne. Aujourd’hui, de tous les albums de Magic System, Premier Gaou reste le plus abouti «zougloutiquement» parlant.

La décennie musicale 90 a été véritablement marquée par le zouglou qui a ouvert une nouvelle ère musicale pour la Côte d’Ivoire. Durant cette période, de nombreux artistes ou groupes zouglou ont contribué à enrichir le plateau «zougloutique». Les Copines (Coco frais), Vieux Gazeur (Sicogi), Sur Choc (Gnakpa-gnakpa), System Gazeur (Alloco), Petit Denis (Zinkogbôlô), Espoir 2000 (Série C), Les Garagistes (Kouyou) et bien d’autres ont laissé pour la postérité des chansons qui, aujourd’hui encore, s’écoutent avec la même ferveur que par le passé. Le groupe Magic System a bouclé cette décennie et a ouvert par la même occasion une nouvelle ère musicale avec une nouvelle génération aussi talentueuse que l’ancienne qui regarde avec fierté le zouglou faire sa mue avec pour point commun des tubes et classiques spécifiques à chacune des générations.

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