Noël Dourey (Auteur, compositeur, chanteur) : « Vous attendiez ma présence musicale, je reviens »
Pca du Palais de la Culture, membre du Conseil de gestion du Burida, président du Cercle des artistes pour la paix et l’émergence (Cape). Qu’est-ce qui fait courir Noël Dourey ?
Ce qui me faire courir, c’est la grâce de Dieu et je lui donne toute la gloire. C’est cette grâce qu’il m’accorde qui me permet d’être en bonne santé, c’est la grâce qu’il me donne qui me permet d’apporter à mes frères ce que je peu et c’est aussi la manifestation du trop-plein d’énergie que je mets à la disposition des uns et des autres.
Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que vous avez abandonné votre carrière artistique pour des activités plus rentables que la musique ?
La meilleure réponse c’est ce que je vis en ce moment. J’ai fait un break, et là je signe bientôt mon retour avec un album. Je voudrais dire à mes fans que je les ai écoutés et entendus. Ils attendaient ma présence musicale parmi eux, je suis de retour, je reviens. Mais avant cette reprise effective, je propose un single intitulé ‘’Je reviens’’. Une chanson qui répond à des objectifs liés d’une part à l’actualité politique que nous vivons et d’autre part à ma carrière artistique qui reprend de plus belle. Du point de vue de l’actualité politique, nous avons vécu une crise, nous en sommes sortis et il est bon de rappeler que quand on sort d’une crise comme celle que nous avons vécue, on ne vient pas pour régler des comptes. Mais, on vient pour apporter la paix et l’amour. En tant qu’artiste, nous avons le devoir d’appeler les uns et les autres à faire table rase des incompréhensions du passé pour construire ensemble l’avenir dans la paix et l’amour. ‘’Je reviens’’ est donc un message pour dire que vous avez sûrement beaucoup perdu dans cette crise mais, il est bon aujourd’hui de dire que tout ça fait partie du passé. C’est un engagement que nous devons tous prendre. C’est cela le sens de ce single qui sortira en début de semaine prochaine. Début décembre, nous allons faire un concert dédicace. A cette occasion, des personnalités artistiques de ma génération seront là et ensemble nous allons vous faire plaisir. De bonnes surprises vous attendent.
Pour revenir à votre album à venir, à quoi doit-on s’attendre ?
Je reste fidèle à mon art musical qui est une sorte de variété à forte connotation pop, rock, blues, jazz, gospel, soul, accompagnée de messages forts. Je reste et demeure un chanteur à texte comme dans mes productions précédentes. Aujourd’hui, malheureusement, beaucoup de mélomanes ne font pas attention aux textes, or, c’est la quintessence de toute musique bien élaborée. Ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire, je l’ai déjà chanté dans ma chanson ‘’Seul’’ (1994).
J’ai dit dans cette chanson : ‘’un jour, le jour se lèvera sur nos héros, des faux comme des vrais. Il y en a qui se gonflent aujourd’hui de vide et se voient un destin’’. Je suis un messager qui envoie des messages que les gens ne décryptent pas. Pour mon retour, je vais donc encore envoyer d’autres messages. Il n’y a rien au-dessus de l’amour qui, pour moi, est un sentiment qui nous unis et qui nous dit que nous avons un seul créateur qui est Dieu. C’est à cela que nous invite mon prochain album qui sera très coloré.
N’avez-vous pas d’appréhension sur votre retour avec la nouvelle configuration du paysage musical ivoirien ?
Je suis fan de la génération actuelle, comme d’autres avant nous étaient aussi fans de nous. Je vais travailler avec des garçons comme David Tayorauld et Bebi Philip. Ce sont de jeunes talentueux qui peuvent apporter une touche nouvelle à mon album. C’est vrai j’ai beaucoup d’expérience et une ligne artistique propre à moi mais, en même temps, j’ai besoin de m’actualiser. La nouvelle génération est pleine de talents, de dextérité, de sonorité et d’ouverture. Avec ces jeunes, nous allons faire un bon cocktail musical qui plaira à toutes les générations.
A suivre votre parcours musical, vous donnez l’impression d’être dispersé, au point de ne pas donner toute votre potentialité artistique par un manque de suivi artistique.
Dans les pays industrialisés, un titre peut vivre éternellement. Moi je suis dans cette logique. La preuve, j’ai chanté ‘’Salut’’ qui, aujourd’hui, 20 ans après, est encore d’actualité. Ce sont plutôt les mélomanes ivoiriens qui ne suivent pas et n’accompagnent pas leurs artistes. Quand vous prenez par exemple Johnny Halliday en France, ces concerts regroupent toutes les générations. Je crois qu’il faut travailler sur la culture musicale des Ivoiriens qui est très limitée. Il faut également une remise en cause des médias au plan culturel. Leur rôle est-il de susciter des vocations, de promouvoir des valeurs et non la médiocrité, de faire la promotion des artistes ou faire leur propre promotion ? Il faut que les acteurs des médias comprennent que c’est en faisant la promotion des artistes qu’ils se taillent eux-aussi une réputation. En Europe, Antoine de Caunes n’a pas fait sa propre promotion, pareil pour Michel Drucker. Ici en Côte d’Ivoire, tu as des noms comme Roger Fulgence Kassy, George Benson. Toutes ces personnalités sont devenues des stars parce qu’elles ont fait la promotion d’artistes qui sont devenus de grosses stars. C’est ce que doivent retenir nos hommes de média.
A quand remonte véritablement votre carrière artistique ?
C’est un rêve de copains qui est né avec des amis comme Dez Gad, N’st Cophies Vanié, Jean François Ekra, N’ZI Michel et autres. Nous étions tous de jeunes adolescents de Cocody. On écoutait les Beatles, Johny Hallyday que moi j’essayais d’imiter pendant que les autres mimais la musique avec des cartons, des boîtes et d’autres instruments de fortune.
Ce qu’il faut retenir c’est que l’art bouillait en moi et cela a développé plusieurs cordes à mon arc artistique. J’étais au lycée technique à Cocody et je me suis inscrit à l’institut des arts. Là, avec des amis, nous avons monté un groupe qu’on a appelé ‘’Paul et ses copains’’. On faisait des prestations à la télé. C’est comme ça que tout a commencé.
On vous a retrouvé aussi au cinéma en tant qu’acteur...
Effectivement, c’est justement au cours d’une émission télé, que le réalisateur Koffi Abdoul Karim m’a dit qu’il y a des Canadiens qui cherchent quelqu’un qui joue à la guitare, qui sait conduire et qui est un frimeur pour tourner un film. Je suis allé faire l’audition, en concurrence avec Lougah François, et j’ai été retenu. C’est là que j’ai eu mon premier million, c’était en 1976 avec le film Sikatio. J’ai aussi travaillé avec Henri Duparc, Yéo Kossola, Mamadou Berthé et autres pour parfaire mon talent d’acteur.
Vous avez touché aussi à l’évènementiel...
En effet, c’est moi qui ai organisé le premier grand concert d’Aïcha Koné au stade Robert Champroux à Marcory. J’avais 24 ans et c’était en 1978. Le mythique groupe Bozambo se casse. Je rentre en contact avec Djimi Hyacinthe et George Ouédraogo et j’émets le désir de les revoir sur scène avec en Guest star Aïcha Koné. Le mécène qui a financé le concert s’appelle Gervais Koffi, paix éternel à son âme. A propos de concert d’ailleurs, je me rappelle comme hier que, paix à son homme, Bernard Ahua, grand journaliste à Fraternité Matin, a titré dans le journal « De la problématique d’une organisation sérieuse », simplement parce que pour des problèmes techniques, le démarrage du concert a pris du retard.
Après, j’ai continué avec l’organisation de la ‘’Palme d’Or de la musique moderne féminine’’ avec Aïcha Koné, Reine Pélagie, Kassy Perpétue, Jeanne Agnimel au Centre culturel français. Ensuite il y a eu également la ‘’Palme d’Or de la musique traditionnelle’’ au Centre culturel de Treichville, avec les ‘’Ahizé Club’’, ‘’Mona Club’’, ‘’Les femmes d’Issia’’. Il y a eu plusieurs autres concerts avec Ernesto Djédjé, Wedji Ped et une tournée nationale avec les Parents du Campus, etc. Je suis même allé à Kinshasa en Rdc pour négocier des concerts avec Franco, Mbilla Bell. J’ai rencontré les grands artistes de l’époque comme Rochereau et c’est là-bas que j’ai découvert le groupe Zaïco Langa-langa à qui j’avais prédit un bel avenir.
A quel moment faites-vous donc véritablement votre entrée sur la scène musicale ?
En 1982, Roger Fulgence Kassy et moi sommes à Paris. Il écoute le titre Angabayo sur ma guitare sèche et décide de me produire avec sa bourse d’étudiant. Je rentre donc en studio avec de grands musiciens comme Sam d’Alpha Blondy, le Camerounais Djimy Sax et autres et en 1984, mon premier album sort en Côte d’Ivoire. Ensuite suivront en 1986 ‘’You wayou’’ avec des titres comme Ayoka, en 1989 Moni Koffi, en 1993-94 j’ai fait ‘’Seul’’ et en 2000 ‘’Salut’’.
Après, j’ai quelque peu traversé le désert à cause des problèmes sur lesquels je ne voudrais pas revenir ici. J’ai ensuite entamé une phase spirituelle parce que j’avais besoin d’accompagnement afin de me renouveler, me ressourcer. Parce que quand on surmonte de telles épreuves, le regard des gens changent.
J’ai compris que dans les pires moments, il ne faut pas te regarder avec le regard des autres car leur regard tue. Il faut plutôt te regarder avec le regard de Jésus qui pardonne et qui est miséricordieux. Je me suis donc regardé avec le regard de Jésus et cela m’a donné la force de tenir et me relever. Et voilà, aujourd’hui je reviens parce que le moment est favorable. Au temps favorable nous dit la bible, toutes les portes te seront ouvertes et le temps favorable appartient à Dieu. Je vais vous faire une confidence, mon plus grand bonheur est d’être allé en prison et d’avoir rencontré Jésus. Cette rencontre m’a permis de comprendre que tout l’être que je suis appartient à Dieu
Âge : 66 ans le 21 novembre
Marié, 4 enfants (3 filles et un garçon)
Plat préféré : je mange tout sauf l’homme
Couleur : bleu et le rouge
Un regret ? Je ne regrette jamais rien car rien de ce qui existe ne s’est fait sans Dieu.
Déteste : l’hypocrisie et le mensonge
Qualité : j’écoute beaucoup et œuvre pour que tout le monde soit heureux ensemble
L’amitié : c’est le partage et la solidarité.
INTERVIEW REALISEE PAR SERGES N’GUESSANT