A livre ouvert : Agnès Kraidy dévoile demain « Les affranchis du sort »
Paru aux Éditions Kailcédra, le 6e ouvrage de la journaliste sera officiellement présenté demain 3 décembre, à partir de 9h, au Palais de la culture Bernard B. Dadié.
Une couverture en rouge et blanc. Titraille présentée dans un style d’écriture en relief, pour traduire la force de vie et la volonté de vaincre, qui caractérisent toutes ces personnes en situation de handicap mais fières de se tenir debout, pour apporter leur pierre à la construction d’une nation éprise de stabilité et de paix intérieure.
Une nation qui, pour atteindre ces objectifs nobles, est invitée à changer de regard envers ses handicapés moteurs ou sensoriels, en vue de les intégrer comme des personnes capables. Et surtout, dans une vision gouvernementale, prévoir pour eux des espaces qui leur donnent l’occasion de s’épanouir en donnant leur part à la nécessaire volonté de bâtir et partager la joie du vivre-ensemble. C’est un peu à cette vision qu’invite la journaliste Agnès Kraidy dans son 6e livre intitulé « Les affranchis du sort ».
Paru aux Éditions Kailcédra, cet ouvrage retrace l’histoire de femmes et d’hommes qui ont vaincu leur handicap. Dans un style simple et émouvant, la journaliste, conseillère technique au ministère de la Communication et des Médias et présidente du Réseau des femmes journalistes et professionnels des médias, retrace le parcours difficile mais inspirant d’une vingtaine de personnalités en situation de handicap devenues ministres, avocats, sportifs de haut niveau...
Sous sa plume, témoignent, photos à l’appui, des personnalités telles que l’ancien ministre, chef d’entreprise et homme politique, Joël N’Guessan, le magistrat Jean-Baptiste Angaman, l’Avocat général près la Cour suprême, Sékongo Couhoua Isidore, le directeur de cabinet du maire de Cocody, Ange Dagaret-Dassaut, le pasteur Sansan Dah, l’ex-secrétaire d’État Raphaël Dogo, le prêtre Benoît Marie Emmanuel Etté, l’artiste Joss Kezo ou l’athlète, moniteur de sport, coach Koné Oumar.
L’auteur les fait témoigner, pas pour inviter les consciences à s’appesantir, mais plutôt dire comment ils se sont affranchis du sort pour écrire autrement leurs histoires extraordinaires.
Et si on changeait de regard ?
Réussir à les faire témoigner ? « Cela a duré trois ans. Trois ans de rencontres, d’échanges, de confidences. Il a fallu les convaincre, faire naître une forme de crédibilité pour les rassurer du fait que ce qu’ils disent sera retenu comme tel. Nous l’avons fait parce que de façon générale, nous passons notre temps à regarder les personnes en situation de handicap sur fond de pitié. Nous avons ce regard presque méprisant qu’on porte sur elles. On n’a jamais cherché à savoir comment vivent celles qui ont réussi à se battre. Celles qui ont refusé d’être handicapées par leur handicap. Comment vivent ces personnes en situation de handicap ? D’où viennent-elles ? Comment les regarde-t-on ? Comment les juge-t-on ? Comment les voit-on ? », fait savoir l’auteure.
Pour Agnès Kraidy, la réponse à tous ces questionnements justifie la naissance de cet ouvrage de haute portée qui, somme toute, donne l’occasion de montrer des pages d’exemples et d’ouvrir des chemins d’exemplarités à suivre pour d’autres personnes qui seraient en situation de handicap ou non. A propos de ce livre qui s’affiche à l’occasion de la 28e édition de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, journée placée sous le thème : « Et si on changeait de regard ? », l’auteure répond : « Le meilleur moyen pour nous de changer de regard est justement de mettre en valeur le parcours de certains parmi nous et que nous pouvons qualifier de grands handicapés de l’histoire de la Côte d’Ivoire moderne ». Mais comment ont-ils pu s’affranchir de leur sort ?
A cette question qui appelle à un résumé de cet ouvrage, la réponse de l’auteure se fait encore plus incisive : « En refusant d’être handicapés. En refusant de subir cette fragilité physique, mais aussi en refusant manifestement d’être victimes d’injustice dans une société qui se donne de les user et encore de les caser comme des personnes à part. Alors qu’elles sont des personnes entièrement et totalement comme nous. Pour le juge Angaman, il a fallu passer le concours de l’Ena. Le repasser et puis s’entendre dire qu’il n’avait pas le droit de porter la robe noire parce qu’il pouvait la faire traîner du fait qu’il est en fauteuil roulant. Concernant le ministre Joël NGuessan, au concours d’entrée à l’Esca, il est admis. Mais on lui fait la même chanson en lui disant que son handicap ne lui permettait pas d’être utile en entrant dans cette école... Il n’y a pas qu’eux ; chacun d’eux a vécu des injustices. Nous avons Guillaume M’bra qui est enseignant et non voyant à qui on refuse qu’il passe l’examen de fin d’année parce qu’on estime qu’il est handicapé aveugle et que la place d’un aveugle est dans la rue. Mais ils se sont accrochés. Ils se sont dit, personne n’a le droit de nous brimer doublement, déjà que la nature ne nous a pas avantagés ; nous avons, nous, le devoir de nous surpasser. C’est donc de la volonté, l’engagement, la conviction et le désir de montrer qu’ils étaient capables de faire les choses comme tout le monde. La volonté de travail. La conviction qu’on pouvait vaincre la fragilité physique. Comme le dit Joss Kezo : je suis un handicapable ! Je suis peut-être handicapé, mais je suis capable de faire des choses. Comme le dit Angaman : je suis handicapé peut-être, je le suis certainement, cela se voit. Mais qu’on ne me juge pas seulement par mon apparence. Comme le dit Dr Koné : le physique ce n’est pas l’homme. Le handicap n’empêche pas de faire de la politique. Chacun a son expérience. Chacun prend sa vie en main et construit sa vie dans une forme de lumière qui est intérieure. Ces expériences sont magnifiques ! » s’exclame l’auteure qui, à travers son 6e ouvrage se dresse contre l’injustice sociale envers toutes ces personnes spéciales.
Avec ce livre postfacé par Sa Majesté Assémien Nogbou, roi d’Ebrah, et qui s’offre comme un hymne à la vie, Agnès Kraidy interpelle nos dirigeants à la construction d’une société plus humaine et plus solidaire : « Nous avons une société qui a été construite sans tenir compte de la question de l’accessibilité ». Justement, c’est aussi un handicap. C’est un handicap social qui peut être comblé par une volonté politique. Le Président de la République s’est engagé, il va falloir justement donner un contenu à cela pour que les personnes qui ont la volonté de se débattre, d’être autonomes comme le dit très bien l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly dans la préface, soient mises en exergue pour montrer le chemin.
En hommage à Amadou Gon Coulibaly
Disant quelques mots sur l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui a préfacé l’œuvre, l’auteure a le verbe fluide : « Quand je pensais à produire ce livre, j’ai pensé immédiatement à lui, en me disant. Il est Premier ministre, il pourrait avoir un regard à porter sur cette œuvre par rapport à la posture républicaine qu’il a, et peut-être engager l’État à s’intéresser à la vie des personnes en situation de handicap. Et l’autre raison fondamentale pour laquelle je lui dédie ce livre, c’est qu’on a vu comment il a été honoré quand il est parti de l’autre côté de la rive. Il a été dit, c’est un homme qui a travaillé jusqu’au bout, malgré sa fragilité. Il ne s’est pas laissé fragiliser. On a vu qu’il est parti à la tâche. Il a montré le chemin. Il a fait savoir que même fragilisé, on peut continuer à travailler pour sa communauté et montrer le chemin jusqu’à ce qu’on ne soit plus capable de le faire. Pas parce qu’on ne le veut pas, mais parce qu’on ne le peut plus ». Présentée en 235 pages, l’œuvre s’inscrit dans un plaidoyer contre toute forme de discrimination sociale.
Les affranchis du sort, Éditions Kailcédra, Abidjan, 2020
Paru aux Éditions Kailcédra, cet ouvrage retrace l’histoire de femmes et d’hommes qui ont vaincu leur handicap. Dans un style simple et émouvant, la journaliste, conseillère technique au ministère de la Communication et des Médias et présidente du Réseau des femmes journalistes et professionnels des médias, retrace le parcours difficile mais inspirant d’une vingtaine de personnalités en situation de handicap devenues ministres, avocats, sportifs de haut niveau...
Sous sa plume, témoignent, photos à l’appui, des personnalités telles que l’ancien ministre, chef d’entreprise et homme politique, Joël N’Guessan, le magistrat Jean-Baptiste Angaman, l’Avocat général près la Cour suprême, Sékongo Couhoua Isidore, le directeur de cabinet du maire de Cocody, Ange Dagaret-Dassaut, le pasteur Sansan Dah, l’ex-secrétaire d’État Raphaël Dogo, le prêtre Benoît Marie Emmanuel Etté, l’artiste Joss Kezo ou l’athlète, moniteur de sport, coach Koné Oumar.
L’auteur les fait témoigner, pas pour inviter les consciences à s’appesantir, mais plutôt dire comment ils se sont affranchis du sort pour écrire autrement leurs histoires extraordinaires.
Et si on changeait de regard ?
Réussir à les faire témoigner ? « Cela a duré trois ans. Trois ans de rencontres, d’échanges, de confidences. Il a fallu les convaincre, faire naître une forme de crédibilité pour les rassurer du fait que ce qu’ils disent sera retenu comme tel. Nous l’avons fait parce que de façon générale, nous passons notre temps à regarder les personnes en situation de handicap sur fond de pitié. Nous avons ce regard presque méprisant qu’on porte sur elles. On n’a jamais cherché à savoir comment vivent celles qui ont réussi à se battre. Celles qui ont refusé d’être handicapées par leur handicap. Comment vivent ces personnes en situation de handicap ? D’où viennent-elles ? Comment les regarde-t-on ? Comment les juge-t-on ? Comment les voit-on ? », fait savoir l’auteure.
Pour Agnès Kraidy, la réponse à tous ces questionnements justifie la naissance de cet ouvrage de haute portée qui, somme toute, donne l’occasion de montrer des pages d’exemples et d’ouvrir des chemins d’exemplarités à suivre pour d’autres personnes qui seraient en situation de handicap ou non. A propos de ce livre qui s’affiche à l’occasion de la 28e édition de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, journée placée sous le thème : « Et si on changeait de regard ? », l’auteure répond : « Le meilleur moyen pour nous de changer de regard est justement de mettre en valeur le parcours de certains parmi nous et que nous pouvons qualifier de grands handicapés de l’histoire de la Côte d’Ivoire moderne ». Mais comment ont-ils pu s’affranchir de leur sort ?
A cette question qui appelle à un résumé de cet ouvrage, la réponse de l’auteure se fait encore plus incisive : « En refusant d’être handicapés. En refusant de subir cette fragilité physique, mais aussi en refusant manifestement d’être victimes d’injustice dans une société qui se donne de les user et encore de les caser comme des personnes à part. Alors qu’elles sont des personnes entièrement et totalement comme nous. Pour le juge Angaman, il a fallu passer le concours de l’Ena. Le repasser et puis s’entendre dire qu’il n’avait pas le droit de porter la robe noire parce qu’il pouvait la faire traîner du fait qu’il est en fauteuil roulant. Concernant le ministre Joël NGuessan, au concours d’entrée à l’Esca, il est admis. Mais on lui fait la même chanson en lui disant que son handicap ne lui permettait pas d’être utile en entrant dans cette école... Il n’y a pas qu’eux ; chacun d’eux a vécu des injustices. Nous avons Guillaume M’bra qui est enseignant et non voyant à qui on refuse qu’il passe l’examen de fin d’année parce qu’on estime qu’il est handicapé aveugle et que la place d’un aveugle est dans la rue. Mais ils se sont accrochés. Ils se sont dit, personne n’a le droit de nous brimer doublement, déjà que la nature ne nous a pas avantagés ; nous avons, nous, le devoir de nous surpasser. C’est donc de la volonté, l’engagement, la conviction et le désir de montrer qu’ils étaient capables de faire les choses comme tout le monde. La volonté de travail. La conviction qu’on pouvait vaincre la fragilité physique. Comme le dit Joss Kezo : je suis un handicapable ! Je suis peut-être handicapé, mais je suis capable de faire des choses. Comme le dit Angaman : je suis handicapé peut-être, je le suis certainement, cela se voit. Mais qu’on ne me juge pas seulement par mon apparence. Comme le dit Dr Koné : le physique ce n’est pas l’homme. Le handicap n’empêche pas de faire de la politique. Chacun a son expérience. Chacun prend sa vie en main et construit sa vie dans une forme de lumière qui est intérieure. Ces expériences sont magnifiques ! » s’exclame l’auteure qui, à travers son 6e ouvrage se dresse contre l’injustice sociale envers toutes ces personnes spéciales.
Avec ce livre postfacé par Sa Majesté Assémien Nogbou, roi d’Ebrah, et qui s’offre comme un hymne à la vie, Agnès Kraidy interpelle nos dirigeants à la construction d’une société plus humaine et plus solidaire : « Nous avons une société qui a été construite sans tenir compte de la question de l’accessibilité ». Justement, c’est aussi un handicap. C’est un handicap social qui peut être comblé par une volonté politique. Le Président de la République s’est engagé, il va falloir justement donner un contenu à cela pour que les personnes qui ont la volonté de se débattre, d’être autonomes comme le dit très bien l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly dans la préface, soient mises en exergue pour montrer le chemin.
En hommage à Amadou Gon Coulibaly
Disant quelques mots sur l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui a préfacé l’œuvre, l’auteure a le verbe fluide : « Quand je pensais à produire ce livre, j’ai pensé immédiatement à lui, en me disant. Il est Premier ministre, il pourrait avoir un regard à porter sur cette œuvre par rapport à la posture républicaine qu’il a, et peut-être engager l’État à s’intéresser à la vie des personnes en situation de handicap. Et l’autre raison fondamentale pour laquelle je lui dédie ce livre, c’est qu’on a vu comment il a été honoré quand il est parti de l’autre côté de la rive. Il a été dit, c’est un homme qui a travaillé jusqu’au bout, malgré sa fragilité. Il ne s’est pas laissé fragiliser. On a vu qu’il est parti à la tâche. Il a montré le chemin. Il a fait savoir que même fragilisé, on peut continuer à travailler pour sa communauté et montrer le chemin jusqu’à ce qu’on ne soit plus capable de le faire. Pas parce qu’on ne le veut pas, mais parce qu’on ne le peut plus ». Présentée en 235 pages, l’œuvre s’inscrit dans un plaidoyer contre toute forme de discrimination sociale.
Les affranchis du sort, Éditions Kailcédra, Abidjan, 2020