
Surveillance médicale du personnel hospitalier : Dr Emmanuella Ahissi relève des défaillances
Autant d’exemples qui ont aiguisé la curiosité d’Emmanuella Ahissi Affoué de réaliser des recherches dans le domaine en Côte d’Ivoire. Surtout qu’elle a relevé que peu de travaux ont été consacrés à la problématique de la promotion de la santé et la sécurité des travailleurs du secteur public, en particulier, le personnel en milieu hospitalier.
Les trois Centres hospitaliers d’Abidjan ont donc constitué son champ d’études ainsi que les Services de médecine du travail fonctionnel. Les résultats obtenus par l’impétrante mettent à nu la faiblesse des services de santé au travail ainsi que la faiblesse de la fréquentation par le personnel hospitalier.
S’agissant par exemple des ressources matérielles, « les services de santé au travail ne disposent pas de locaux pour la formation du personnel mais aussi, on note un défaut d’appareils de métrologie, qui devront servir au mesurage des niveaux d’exposition à différentes ambiances de travail ».

Concernant les activités de prévention des risques hospitaliers et maladies professionnelles, notamment au niveau des visites réglementaires, « nous avons noté que 746 visites réglementaires avaient été réalisées, mais les visites périodiques ou annuelles ne l’étaient presque pas. Cette situation pourrait s’expliquer par des difficultés budgétaires que rencontrent les services de santé au travail et aussi une démotivation du personnel voyant le coût élevé des examens paracliniques », déplore l’impétrante. Il en est de même pour les séances de vaccination contre, par exemple, la fièvre typhoïde et le tétanos, la méningite, qui n’avaient pas été réalisées au Chu de Yopougon et au Chu de Treichville.
De ces résultats, Emmanuella Ahissi Affoué déduit que « des problèmes budgétaires et le fait qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de cadre réglementaire en matière de vaccination obligatoire du personnel de santé pourraient justifier ces données ». A cela, s’ajoute le manque de sensibilisation, l’absence de conférences, de formation continue en collaboration avec les services d’hygiène hospitalière. « Nos services de santé au travail ne disposent pas de ces moyens », soutient-elle.
Au total, à en croire Emmanuella Ahissi, les examens réalisés étaient incomplets pour la surveillance médicale adéquate des agents hospitaliers. Et cela montre, dit-elle, des insuffisances des services de santé au travail en matière de surveillance médicale des travailleurs hospitaliers. Le personnel hospitalier étant exposé à plusieurs types de risques de contamination à des pathologies sur leur lieu de travail, l’impétrante a suggéré que les autorités politiques et sanitaires, les directeurs des Chu, les services de santé au travail s’impliquent réellement dans l’amélioration de la surveillance médicale des travailleurs hospitaliers.
La pertinence du sujet et la bonne présentation des résultats par l’impétrante ont séduit le jury composé des professeurs Jean Sylvain Bonny (président), Aimé François Tchicaya (directeur de thèse), Abodo Jacko Rhedoor et Aka Lepri Bernadin Nicais (tous des assesseurs) qui a décidé de faire d’Emmanuella Ahissi, un docteur en médecine, avec la mention Très honorable, et la possibilité d’échange avec d’autres universités. De plus, ce travail va être proposé au concours pour le prix de thèse.