Eliakim Coulibaly (Espoir du tennis ivoirien): « Je me donne trois ans pour bousculer la hiérarchie mondiale »
Je viens, en effet, de finir avec la phase des juniors et je dois être prêt pour affronter les compétitions professionnelles. C’est ce à quoi je m’attelle en ce moment à Nice. Ce ne sera pas facile, mais j’ai foi en mon Dieu et en mes capacités. L’autre étape de mon rêve d’enfant n’est pas loin de se réaliser. C’est-à-dire voir Eliakim Coulibaly, l’Ivoirien face à des champions de la trempe de Djokovic, Nadal et autres. Je me donne juste trois ans pour bousculer la hiérarchie mondiale du tennis. Dans trois ans, je dois être capable de donner tout ce que j’ai, disputer les grands chelems. C’est cela mon objectif.
J’y suis, j’ai vu beaucoup de choses et je sais de quoi je parle. Et puis cette machine qui est derrière moi depuis quelques mois n’est pas là par hasard. Ce sont des professionnels qui me suivent. Ils savent ce que je vaux et je ne vais pas les décevoir. Et puis, je m’appuie non seulement sur mon nouveau staff, mais aussi sur la situation familiale difficile de mon père, qui s’est battu pour moi depuis tout petit, sur la situation de mon pays, la Côte d’Ivoire, qui n’a pas encore produit de grands joueurs de tennis. Tout petit, je lisais que le président Georges N’Goan rêvait d’une relève nationale avec au bout un futur grand champion. Je voudrais lui dire merci d’avoir eu cette idée des écoles fédérales et le coach Ilou Lonfo qui a guidé mes premiers pas. Je pense aussi à la situation de l’Afrique qui a très peu de joueurs de haut niveau, etc. Pour tout ce monde-là, je me dois d’aller jusqu’au bout. Vous comprenez qu’avec ça on ne peut pas manquer de motivation.
Comment s’est faite votre rencontre avec l’ex-championne, Mary Pierce, qui est en train de changer positivement le cours de votre vie ?
C’est au Maroc, pendant le confinement, que j’ai fait la connaissance de Mary Pierce. Le Centre de haute performance dont j’étais pensionnaire avait organisé des zooms. Des appels vidéo pour nous permettre d’échanger avec des joueurs professionnels, pour partager avec nous leur expérience. C’est à cette occasion que Mary Pierce qui participait à ce Zoom a été particulièrement intéressée par deux questions que je lui avais posées. Elle disait avoir entendu parler de moi et elle a approché le directeur du centre Amine Makhlouf, que je remercie au passage pour toute son attention pendant les 5 ans que j’ai passés à Casablanca. C’est comme cela que le contact s’est fait et Mary Pierce a été claire avec moi. Elle est décidée à m’aider à progresser.
Quand l’avez-vous vue pour la première fois ?
J’allais en France dans le cadre de Roland Garros juniors et elle en a profité pour me recevoir à Nice, au sein de l’académie Mouratoglou où elle m’a permis de faire des entraînements. Et ce, pendant une semaine avant le début du tournoi. Depuis, elle ne me lâche plus, pour mon plus grand bonheur.
Et comment vous sentez-vous à Mouratoglou ?
Je suis très heureux d’y être. C’est une véritable aubaine pour moi. Dans ce centre, je côtoie de grands joueurs. Le Grec Stefanos Tsitsipas, l’Américaine Serena Williams et bien d’autres champions y passent régulièrement. On y trouve beaucoup de jeunes tennismen qui ont les mêmes ambitions que moi. C’est-à-dire devenir un grand champion demain. Tout cela crée en vous une sorte d’émulation. En tout cas, avec Mary, Christophe, mon nouveau coach, je suis très bien entouré.
Quelle est la différence avec le Centre de haute performance de Casablanca ?
Casa, c’était un tremplin. C’est un peu comme lorsque je quittais Abidjan pour Dakar, puis Casablanca. Ce sont des étapes sur mon chemin vers le succès. Je m’épanouissais au Centre de Casablanca. Mais à Nice, c’est beaucoup mieux ; l’organisation, le système d’entraînement, le plateau technique, médical, tout cela est d’un niveau supérieur par rapport à Casablanca. Et puis, à Nice, il y a beaucoup plus d’opportunités, avec de nombreux tournois qui s’offrent à vous...
Je me souviens, Roland Garros juniors était un rêve pour vous...
En effet, C’était un rêve. Ce n’est pas donné à tout le monde de quitter l’Afrique, avec si peu de moyens et participer à cette compétition d’envergure. Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela fait de jouer ce tournoi, voir de si près, les grands champions, tes idoles, partager avec eux les vestiaires... Mais je suis devenu un habitué. Puisque avant 2020, j’avais déjà participé à Roland Garros juniors. J’étais 16e mondial et cela donnait droit à ce type d’épreuves. J’ai même joué en l’Australie, à Wimbledon, etc.
Maintenant que vous pouvez voir de très près votre idole, Rafael Nadal, quelles sont les idées qui vous taraudent l’esprit ?
Quand j’étais plus petit, je rêvais de faire comme Nadal. Je me suis battu pour obtenir ce classement et participer aux grands-chelems. Ce qui me permet de le voir et de le côtoyer, aussi bien Nadal que les autres Djokovic, Federer. Je réalise que j’ai fait du chemin. Eliakim a franchi plusieurs étapes ; il lui appartient maintenant de retrousser davantage ses manches. Car le chemin qui reste à parcourir est encore long. Être un champion de tennis demande beaucoup de sacrifices.
Avez-vous déjà échangé avec Nadal ?Malheureusement pas encore. Ils sont tellement occupés, les grands champions...
INTERVIEW RÉALISÉE PAR PAUL BAGNINI