Lionel LIU (Dg de Huawei-CI) : « Il nous tient à cœur de favoriser l’émergence d’un écosystème national du numérique »

Lionel LIU, Directeur général de Huawei-Côte d'Ivoire
Lionel LIU, Directeur général de Huawei-Côte d'Ivoire
Lionel LIU, Directeur général de Huawei-Côte d'Ivoire

Lionel LIU (Dg de Huawei-CI) : « Il nous tient à cœur de favoriser l’émergence d’un écosystème national du numérique »

Le 08/02/21 à 09:03
modifié 08/02/21 à 09:16
Présent en Côte d’Ivoire depuis 2004, Huawei-Côte d’Ivoire qui est une société de droit ivoirien œuvre pour l’émergence d’un écosystème national du numérique. Selon Lionel LIU, Directeur général de Huawei Côte d’Ivoire, l’entrée de Huawei dans le pays a dynamisé le marché ivoirien des TIC. Entretien.

Il est de plus en plus question d’éducation numérique, domaine dans lequel Huawei s’illustre particulièrement. Concrètement, qu’est-ce que referme cette notion ?

Pour Huawei, l’éducation numérique comprend la formation des talents au numérique ainsi que l’alphabétisation digitale des populations afin d’augmenter leur productivité, et, à terme, leurs revenus. Ceci consiste à la fois à introduire des outils numériques dans le fonctionnement éducatif des écoles et des lieux de formation, tels que les tablettes ou les outils de vidéos, et à apprendre à la population à se servir de ces objets pour commercialiser leurs produits, consulter des prix comparés, contacter leurs clients, etc. Cette ambition passe par la simplification des relations avec les usagers et la modernisation du fonctionnement de l’administration avec des systèmes d'information repensés, deux rôles que Huawei endosse en Afrique. Pour ce faire, nous avons plusieurs projets éducatifs comme le programme « Seeds for the future », lancé en 2014 sur le continent et dont l'objectif premier est d’identifier et de soutenir les nouveaux talents dans les métiers des nouvelles technologies. Huawei est convaincu que la mise en œuvre de ce type de programmes contribuera à atteindre les principaux objectifs de la Côte d’Ivoire en termes d’appui aux projets stratégiques nationaux dans le domaine des TIC.

Doit-on s’attendre à une école sans craie, sans ardoise, sans stylo ?

Ceci n’est pas l’objectif. Les enfants et les étudiants doivent être habitués à écrire, lire des livres, etc. En revanche, les programmes éducatifs et la qualité de l’enseignement peuvent être améliorés grâce aux outils numériques. À la condition de faire l’objet d’une formation rigoureuse, les performances scolaires des élèves comme des enseignants peuvent bénéficier des progrès technologiques liés à la puissance de calcul et à l’intelligence artificielle. Ces techniques peuvent ainsi être utilisées pour une plus grande individualisation des parcours des élèves aux compétences différentes, une meilleure évaluation des élèves et le développement de nouveaux outils pour les professeurs. De plus, dans le cadre de la pandémie, la distribution de tablettes permet aux enfants de pouvoir continuer à apprendre tout en respectant les mesures de distanciation sociale.

Un pays comme la Côte d’Ivoire qui inscrit l’éducation au cœur de ses préoccupations, mais qui a des contraintes budgétaires eu égard aux immenses besoins dans d’autres domaines, pourrait-il suivre la cadence mondiale ?

C’est là que le secteur privé a un grand rôle à jouer. Nous sommes conscients de ce défi, et aux côtés du gouvernement, nous faisons de l’investissement dans l’éducation une nécessité. Ainsi, en avril 2020, Huawei a notamment fait don d’une salle multimédia à l’École Militaire Préparatoire Technique, permettant aux élèves d’accéder à internet et à un projecteur. Une autre salle multimédia de dernière génération est également en construction dans l’une des plus prestigieuses universités de la Côte d’Ivoire, que les ivoiriens découvriront bientôt. Autre exemple, en mars 2020, nous avons distribué des équipements électroniques à la Fondation de Didier Drogba qui contribue au projet de l’alphabétisation numérique porté par le Ministère de l’éducation nationale et l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique. Ce type de partenariats offre les opportunités nécessaires à la Côte d’Ivoire pour combler son déficit en formant sa jeunesse aux métiers numériques pour assurer son développement socio-économique.

Monsieur le directeur général, on peut avoir une idée de vos activités en Côte d’Ivoire et leur importance ?

Nous œuvrons en Côte d’Ivoire depuis 2004, et sommes une société de droit ivoirien. Il nous tient à cœur d’avoir un impact réel dans le pays, de favoriser l’émergence d’un écosystème national du numérique pour le pays parmi les leaders de l’économie de l’Afrique de l’Ouest. L’entrée de Huawei dans le pays a dynamisé le marché ivoirien des TIC, car nous sommes présents sur toute la chaine technologique. Nous apportons des solutions de qualité, une expertise pointue, des délais de déploiement très rapide et des prix qui défient toute concurrence, à des prix raisonnables. C’est ainsi que nous équipons le pays en fibre optique pour lui permettre de développer une économie digitale capable d’entraîner la croissance du pays. L’ensemble de ces efforts démontre la grande importance que revêt la Côte d’Ivoire pour Huawei.

Est-ce que la Côte d’Ivoire constitue un pôle important pour votre groupe ?

La Côte d’Ivoire est une locomotive économique de la sous-région ; la contribution des TIC au PIB s’élève à 9% selon l’ARTCI, ce qui montre que l’État a la volonté de devenir un carrefour technologique majeur. Le pays a aussi impulsé plusieurs réformes dans les secteurs du transport, des infrastructures, de la logistique et de la technologie qui sont indispensables pour un secteur privé qui se veut dynamique. Toutes ces initiatives s'inscrivent dans le cadre des engagements de Huawei en Côte d’Ivoire visant à accompagner le pays dans son développement, y compris technologique. Toutefois, nous sommes conscients des défis qu’il reste à résoudre, tels que la connectivité, la digitalisation de l’économie, les politiques encadrant l’usage du numérique.

Le nom Huawei est associé aux technologies innovantes. On peut savoir sur quoi vous travaillez aujourd’hui ?

Notre objectif premier pour la Côte d’Ivoire est d’en faire un pays entièrement connecté. Nous travaillons sur toute la chaine de valeur technologique, des infrastructures réseau à la fourniture de devices, et évoluons dans tous les domaines qui touchent à l’innovation, la connectivité mobile, l’électrification... Du côté des innovations, les priorités sont actuellement l’Intelligence Artificielle, la 5G, l’IoT (l’Internet des objets), et le développement du Cloud. Tous ces produits sont complémentaires, et nous nous assurons que les régions dans lesquelles nous sommes actifs aient accès à un matériel approprié à leurs besoins. Au-delà des activités commerciales, nous nous concentrons aussi sur l’aspect social des technologies. Nous avons par exemple mis en œuvre une plateforme unifiée de communication avec le MEMD et le MSPC afin de faciliter le télétravail durant la pandémie.

Combien de temps met une technologie de dernière nouvelle pour arriver en Afrique ?

Notre stratégie consiste avant tout à nous adapter aux besoins des populations, des besoins qui divergent énormément selon les pays. Par exemple, notre réseau 5G est capable de transformer l’industrialisation ivoirienne, mais nous sommes conscients que cela n’est possible que si nous travaillons en amont sur la chaine de connectivité et développons les infrastructures nécessaires. Les problèmes que rencontrent les pays africains comme la fracture numérique font que le réseau 5G ne pourra n’être prestement implantée que dans des zones qui bénéficient déjà d’une large couverture 4G et de serveurs puissants.

Quelles sont, pour la Côte d’Ivoire, les perspectives de Huawei ?

Nos objectifs sont multiples. Nous souhaitons à terme pouvoir développer toutes nos innovations, telles que l’IA ou la 5G, mais pour cela, il faut aussi développer les infrastructures nécessaires. Avec la crise actuelle, la plupart des États se sont rendu compte de l’importance de digitaliser les administrations. C’est pourquoi, un de nos grands projets est donc l’accompagnement du gouvernement sur cette voie pour une meilleure représentation des personnes et une efficacité accrue des services civils. Nous élaborons également aux côtés du gouvernement une stratégie nationale de développement de l’économie numérique dénommée « Côte d’Ivoire Numérique 2030 », pour un digital inclusif. De plus, le nombre de jeunes en Côte d’Ivoire va exploser dans la prochaine décennie, ce qui nous pousse à investir massivement dans l’éducation. Enfin, nous souhaitons approfondir nos partenariats stratégiques avec les opérateurs téléphoniques. Notre collaboration avec Orange, MTN et Moov nous permet de servir 80% de la population ivoirienne. Ce chiffre, déjà satisfaisant, peut encore être renforcé.

Vos activités sont-elles seulement concentrées sur Abidjan ou alors redéployez-vous sur les autres villes de l’intérieur ?

Nous sommes concentrés sur l’ensemble du territoire, dans sa diversité. La connectivité et l’éducation sont deux des secteurs clés que nous avons identifiés pour le développement du pays et nous mettons donc partout en œuvre des projets structurants avec des solutions telles que Rural Star et Tech4All, des initiatives qui entendent éliminer les inégalités de couverture et d'utilisation du numérique dans les zones les plus enclavées, hors d’Abidjan.

Huawei Côte d’Ivoire, aujourd’hui en termes de chiffres, c’est quoi ?

Nous avons une forte présence dans le pays. Les équipes Huawei sont constituées de 216 employés dont 72% sont ivoiriens, ce qui traduit notre volonté de nous implanter localement et de promouvoir les talents ivoiriens. Le personnel local occupe d’ailleurs des postes importants, et plus de 20 % travaillent chez Huawei depuis plus de 10 ans. Nous collaborons avec plus de 40 fournisseurs locaux, participant ainsi au développement de l’économie ivoirienne au-delà de nos propres services.

Entretien réalisé par Bledson Mathieu


Le 08/02/21 à 09:03
modifié 08/02/21 à 09:16