Saisir les opportunités numériques pour la transformation économique en Afrique de l’Ouest
L’Assemblée des régulateurs des télécommunications de l’Afrique de l’Ouest (ARTAO) est à l’avant-garde de cette transformation. En tant que forum collaboratif pour les régulateurs régionaux, ARTAO joue un rôle déterminant dans l’élaboration de réglementations qui encouragent l’investissement et élargissent l’accès à des services numériques abordables. Ce faisant, nous pouvons débloquer l’avenir numérique de l’Afrique de l’Ouest, favorisant la résilience, l’inclusion et la croissance durable.
Le potentiel de transformation numérique de l’Afrique de l’Ouest est immense. Avec plus de 400 millions de personnes et un âge médian de seulement 18,6 ans, la région possède l’une des populations les plus jeunes du monde. Cette réalité démographique présente à la fois des défis et des opportunités. D’un côté, des millions d’emplois doivent être créés pour accueillir cette main-d’œuvre croissante.
De l’autre, l’économie numérique, si elle est bien exploitée, pourrait ajouter 180 milliards de dollars au PIB de l’Afrique d’ici 2025, selon la Banque mondiale.
Des technologies comme l’Internet mobile, l’IoT, l’IA et la blockchain ne sont pas que des mots à la mode ; ce sont des outils puissants qui peuvent stimuler l’innovation dans des secteurs clés tels que l’agriculture et la finance. Le taux de pénétration d’Internet en Afrique s’élevait à environ 43 % en 2023, l’Afrique de l’Ouest connaissant une croissance rapide. Cette poussée a créé un environnement fertile pour les entreprises numériques, alimentant la création d’emplois et la diversification économique.
Prenons l’exemple du Nigeria où le secteur de la fintech, à lui seul, a attiré plus de 1,6 milliard de dollars d’investissement en 2021, soit 60 % du total du capital-risque levé en Afrique cette année-là. Des plateformes comme Paystack et Flutterwave ont non seulement révolutionné les paiements numériques, mais ils ont également inspiré une vague de startups, prouvant que l’innovation africaine peut prospérer sur la scène mondiale. Pourtant, des défis subsistent. L’accès à Internet varie considérablement en Afrique de l’Ouest. Le Nigeria, un marché clé, affiche un taux de pénétration d’Internet de 47 %, avec plus de 109 millions d’utilisateurs. Si l’Internet mobile a élargi l’accès à des zones, auparavant mal desservies, une fracture numérique persiste. Les zones rurales, en parti culier, ont du mal à disposer d’un accès Internet abordable et fiable, et la maîtrise du numérique reste inégale.
Dans des pays comme la Sierra Leone et le Liberia, les taux de pénétration sont inférieurs à 20 %, ce qui souligne la répartition inégale des ressources numériques.
Pour exploiter pleinement le potentiel de la technologie numérique, l’Afrique de l’Ouest doit s’attaquer à un problème crucial : le « fossé d’utilisation ». Ce fossé désigne la disparité entre la disponibilité des infrastructures et des gadgets de télécommunication et l’utilisation efficace de ces technologies pour améliorer l’accès aux services sociaux et publics. Pour combler ce fossé, il faut non seulement déployer davantage d’infrastructures, mais aussi créer des applications à la fois pertinentes et conviviales, en particulier pour les millions d’Africains de l’Ouest ayant un faible taux d’alphabétisation. En mettant l’accent sur la commodité et l’accessibilité, nous pouvons combler ce fossé et faire en sorte que les avancées numériques profitent à tous les citoyens, transformant la vie quotidienne et favorisant le progrès régional.
En outre, une gestion prudente du spectre des communications est essentielle à cette transformation. Des tarifs optimaux pour le spectre permettent aux entreprises de télécommunications d’investir davantage dans les infrastructures, ce qui conduit à des services de meilleure qualité et plus abordables. Cela peut, à son tour, accélérer la fourniture des avantages numériques dans toute la région.
Pour combler l’écart d’utilisation, il faut des stratégies ciblées. L’expansion de l’infrastructure à large bande dans les zones rurales et mal desservies est de l’infrastructure à large bande dans les zones rurales et mal desservies est cruciale et les partenariats public-privé seront essentiels pour mobiliser les res sources nécessaires.
La Banque africaine de dé-veloppement (BAD) a joué un rôle important dans le financement de projets visant à améliorer l’infrastructure des TIC en Afrique de l’Ouest. Par exemple, le projet Central African Backbone (CAB) vise à connecter les pays enclavés à l’Internet à haut débit via des câbles sous-marins sur la côte. Assurer la résilience des câbles sous-marins d’Afrique de l’Ouest est également essentiel pour une connectivité Internet fiable. Le renforcement des mesures de surveillance et de reprise, après sinistre, contribuera à atténuer les risques et à renforcer l’infrastructure numérique de la région.
Un environnement réglementaire favorable qui encourage l’innovation tout en protégeant les consommateurs est tout aussi important. ARTAO se consacre à l’harmonisation des politiques entre les États membres pour garantir une expérience numérique transparente. Nous nous
concentrons sur des questions cruciales telles que la protection des données, la cybersécurité et l’inclusion numérique. En outre, l’établissement d’un cadre réglementaire solide pour les opérateurs d’orbites de satellites non géostationnaires (NGSO), comme Starlink, renforcera l’innovation et l’inclusion tout en préser vant la compétitivité.
PAR ALIYU ABOKI, SECRÉTAIRE EXÉCUTIF DE ARTAO