Football ivoirien : Le Comité de normalisation fait l’état des lieux

Mariam Dao Gabala, présidente  du Cn-Fif. (Dr)
Mariam Dao Gabala, présidente du Cn-Fif. (Dr)
Mariam Dao Gabala, présidente du Cn-Fif. (Dr)

Football ivoirien : Le Comité de normalisation fait l’état des lieux

Le 05/04/21 à 21:31
modifié 06/04/21 à 09:58
Mariam Dao Gabala et son équipe ont initié une rencontre au cours de laquelle elles ont fait un premier bilan de leur gestion de la Fif.
Installé à la tête de la Fédération ivoirienne de football le 21 janvier, le Comité de normalisation de la Fif, dirigé par la sénatrice Mariam Dao Gabala, gère la Fif sur décision de la Fédération internationale de football association (Fifa) depuis un peu plus de deux mois.

Une gestion marquée par la relance du championnat d’élite de Côte d’Ivoire qui est à sa troisième journée. Mais ce n’est pas l’unique mission du Comité. Qu’en est-il des autres chantiers ? Mariam Dao Gabala et son équipe étaient les invités d’une émission télé pour faire un premier bilan aux Ivoiriens.

« Cela fait deux mois que nous avons pris fonction. Il y a beaucoup de sollicitations, beaucoup d’interprétations; il y a eu également beaucoup de fausses informations. Il était important de faire un état des lieux aux Ivoiriens et de dire où nous en sommes et nous allons. Après deux mois, nous avons eu le temps de comprendre comment fonctionne la maison, de voir quelques points négatifs et positifs », a expliqué d’entrée la présidente du Cn-Fif dans l’émission enregistrée, samedi, à la Fédération ivoirienne de football.

De façon globale, les membres du Cn-Fif disent avoir trouvé une maison « fractionnée du point de vue de l’organisation et du fonctionnement. Les rapports entre la Fif et les clubs n’étaient pas au beau fixe. Il y a des clans opposés qui se combattent et un manque de confiance dans la maison. Nous nous sommes rendu compte que le chantier était vaste. Des clubs nous ont montré que nous n’étions pas les bienvenus ».

L’état des finances de la Fif

Selon la première responsable du Comité de normalisation, les caisses de la Fif étaient pratiquement vides quand ils ont pris fonction. « Quand nous sommes arrivés, les caisses étaient pratiquement vides. Les ressources de la Fifa n’existaient pas parce que depuis 2019, elle avait arrêté d’apporter son soutien à la Fif. A notre arrivée, nous avons eu des difficultés à payer les salaires de février. La maison n’avait pas de trésorerie suffisante. Nous avons trouvé une trésorerie négative de plus d’un milliard. Je ne veux pas aller plus loin. Mais cela peut s’expliquer par beaucoup de choses », a déclaré Mariam Dao Gabala.

Elle a ensuite indiqué qu’un audit a été commandité et que les résultats sont toujours attendus. La sénatrice a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières. « Ce n’est pas notre mission d’aller fouiller jusqu’en 2013, comme nous l’ont demandé certaines personnes. Si la Fif a tenu jusque-là, c’est que les clubs eux-mêmes ont donné leur quitus. Nous n’allons pas ouvrir des placards pour sortir des cadavres qui ne nous appartiennent pas », a-t-elle indiqué.

Sur la question des employés fictifs qui existeraient dans la maison, une rencontre a été initiée avec chacun des membres du staff pour comprendre ce qu’il fait exactement. C’est un travail qui est en cours. Le cahier des charges de certains cadres également n’est pas bien défini, selon le Cn-Fif. En outre, pour les assurances des acteurs, le Comité, après avoir analysé l’existant, a décidé d’apporter des améliorations.

« En regardant les statuts et la loi sur le sport, on s’est rendu compte que c’est une assurance en la personne qui était importante. Nous avons laissé les assurances maladie en l’état, à l’exception de l’auto assurance maladie à l’intérieur de la Fif », a-t-elle relevé.

La question du parrainage sera renvoyée aux clubs

L’autre aspect sur lequel est attendu le Comité de normalisation dans sa mission, c’est la question des textes qui a bloqué le processus électoral. Après deux mois d’analyse, c’est finalement vers les clubs que va se tourner le Cn-Fif, notamment pour le problème du parrainage.

« La question sera renvoyée aux clubs qui sont les premiers concernés. Ils nous feront des propositions relativement à chacun des points touchant aussi bien l’organisation que le fonctionnement des différentes structures. Nous aurons à les examiner à la lumière des textes nationaux et de la loi ivoirienne de 2014 relative au sport, relativement également aux textes régissant la Caf et la Fifa. Nous apprécierons bien sûr par rapport à d’autres textes extérieurs, à des statuts régissant d’autres fédérations de football et en rapport avec la mission qui nous est confiée, la vision qui a été rappelée et les objectifs à atteindre. Nous verrons ce qu’il conviendra de retenir et de proposer aux clubs qui adopteront des textes nouveaux à l’assemblée générale », a précisé le ministre Martin Bléou.

La Ligue1, les droits télé et les Éléphants

Au cours de l’émission, il a été également question de la reprise des compétitions, mais aussi des Éléphants qui viennent de valider leur ticket pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations prévue au Cameroun, l’année prochaine.

Concernant la Ligue1, il a été essentiellement question du cas de l’Africa Sports et de la décentralisation des matches à Abidjan à partir de la 4e journée. Une décision prise, selon la présidente du Cn-Fif, pour faciliter la tâche aux clubs face à la crise sanitaire.

« Nous sommes dans une phase de contamination relativement grande. Nous avons décidé de ramener les matches à Abidjan d’abord pour être capable de contrôler les tests et avoir les résultats à temps. Des clubs sont allés jouer à San Pedro, ils ont fait le test là-bas mais les résultats ne sont pas arrivés avant le match. Cela déstructure la programmation qui a été faite. C’est pour nous aider à respecter les mesures barrières et avoir les résultats des tests avant les matches. Les tests sont acheminés sur Abidjan où que vous les fassiez. Pourquoi ne pas le faire à Abidjan pour avoir les résultats à temps? Pour les clubs qui joueront à Abidjan, il y aura une compensation. Nous sommes en train de négocier avec l’Institut national de la jeunesse et des sports pour que les joueurs y soient logés. On n’a pas pris cette décision au hasard, mais en accord avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique », a expliqué Mariam Gabala.

Une décision qui, selon certaines indiscrétions, ne serait pas approuvée par les clubs. « Les clubs qui ne voudront pas jouer, c’est leur choix. Nous allons simplement constater et c’est tout. Nous appliquerons les textes », a-t-elle averti.

La présidente du Cn-Fif a ensuite évoqué la répartition des droits télé qui ont chuté de 70 millions à 55 millions de FCfa pour les clubs de la Ligue1, cette saison. « Les droits télé étaient réservés à 70% pour les clubs et à 30% pour la Fif. Mais nous sommes dans une situation particulière. Les clubs eux-mêmes sont dans une situation difficile. Ils n’ont pas joué l’année dernière, mais ils ont quand même perçu une partie de ces droits. Nous avons ce paramètre important qui concerne les mesures sanitaires. Ce que nous avons dit aux clubs, c’est qu’au lieu de faire 70 et 30%, on propose 50-50 puisque la saison est raccourcie. Les 50% vont permettre à la Fif d’assurer un certain nombre de dépenses, notamment la retransmission. Comme c’est un championnat rétréci, je pense que c’est un deal qui est bon aussi bien pour les clubs que la pour Fif », a-t-elle justifié.

Ce que risque l’Africa

Le cas de l’Africa a fait l’objet de longs échanges entre la presse et le Comité de normalisation. Face à la persistance de la situation, le Comité a tout simplement brandi la menace. Pour le Cn-Fif, les dirigeants de l’Africa ont intérêt à présenter une équipe unifiée. En cas de non-respect de cette décision, le club risque d’être placé sous administration provisoire ou d’être suspendu.

« Nous avons constaté qu’un camp dans l’entente se sent floué. L’équipe de la première journée n’était pas unifiée. Nous avons ramené le club à ses responsabilités. Nous leur avons demandé de trouver un secrétaire consensuel. Pour le match de la 2e journée, s’il s’avère que c’est celui d’une seule partie, nous allons être obligés de suspendre l’Africa. Nous avons évoqué également la possibilité d’une administration provisoire. C’est une question sur laquelle travaillent les juristes. Le destin de l’Africa est entre ses mains. Aucun club ne prendra en otage le championnat », a informé la présidente du Cn-Fif.

Enfin, sur le chapitre des Éléphants, le Comité de normalisation a exprimé sa satisfaction pour la qualification à la Can 2022 et a félicité les joueurs pour avoir compris la situation qui prévaut concernant le football ivoirien. Il a également assuré que le contrat du staff sera reconduit.

Pour la préparation de la Can 2022, des assurances ont été données par rapport aux moyens à mettre à la disposition de l’équipe. « Le challenge que je leur ai donné, ce n’est pas la Can qui est un acquis, c’est la Coupe du monde et ils sont d’accord », a conclu Mariam Dao Gabala.



Le 05/04/21 à 21:31
modifié 06/04/21 à 09:58