Bouaké/Réduction du personnel de la mairie : Bras de fer engagé entre le maire et les agents
Une décision lourde de conséquences sociales qui n’est pas du goût du personnel qui, 24h avant la prise officielle de celle-ci, est entré en grève pour marquer sa désapprobation. Tout de rouge vêtu, dès les premières heures de la journée du vendredi 16 avril 2021, le personnel s’est retrouvé devant les locaux de la mairie centrale.
Pour montrer leur détermination à faire échouer cette décision qu’ils jugent injuste et cynique, certains d’entre eux ont posé des barricades sur la Rn3 (Route nationale 3). Ce qui a perturbé la circulation toute la journée. Mais, les forces de l’ordre sont intervenues pour ne pas que cette grève dégénère en un mouvement violent.
Face à cette fronde, Nicolas Djibo a invité, en fin de matinée, les grévistes à une rencontre d’échange, à la salle de mariage de la mairie. Des échanges auxquels la presse n’a pas été conviée. Mais selon certaines indiscrétions, c’est à un véritable dialogue de sourd que se sont livrées les deux parties.
Dans la foulée, le maire fait une conférence de presse pour dire sa part de vérité. Pour le premier magistrat de la commune de Bouaké, cette décision de licenciement est une injonction faite par la Direction générale de la décentralisation et du développement local (Dgddl) compte tenu du nombre pléthorique d’agents. Car le budget communal qui est de 2 milliards de Fcfa ne peut plus faire face à la fois aux charges salariales et aux investissements. « Nous avons reçu un courrier spécifique de cette injonction de la part de la Dgddl », a-t-il révélé.
Nicolas Djibo a souligné que cette injonction est tellement formelle qu’elle est assujettie au budget 2021 de la mairie. « Au moment où je vous parle, le budget 2021 n’est pas mis en place parce que la tutelle attend que la mesure de licenciement soit prise et appliquée », a-t-il soutenu. Non sans indiquer que la Direction générale du trésor a également recommandé une réduction drastique du personnel avec pour conséquence, réduction de la masse salariale. « C’est à la suite d’un audit fait par la Direction générale du trésor que cette recommandation nous a été faite », a-t-il dit.
Par conséquent, ce ne sont pas les grèves et autres menaces qui lui feront revenir sur cette décision. « Nous leur demandons de mettre fin à la grève », a-t-il lancé.
Le personnel maintient sa position
Pour le personnel qui s’est retrouvé après les échanges avec le maire, cette décision de réduire le nombre d’agents n’est pas la seule solution. A en croire Oumar Koné, porte-parole du personnel, cette situation difficile que traverse la mairie est du fait d’un certain nombre de collaborateurs du maire qu’il accuse de mauvaise gestion des deniers et leur manque d’initiatives en vue de renflouer les caisses de la mairie. « Par conséquent, nous avons demandé au maire de se séparer de ces agents et la mairie se portera mieux sur le plan financier », a-t-il exigé avec insistance.
Poursuivant, Oumar Koné a rappelé qu’à la suite d’un atelier qui s’est déroulé récemment, des propositions avaient été faites par les participants en vue d’augmenter de façon substantielle le budget annuel pour le faire passer à 4 milliards de FCfa. « Sans appliquer ces recettes, voilà qu’on nous licencie », s’est-il insurgé. « Nous allons poursuivre la grève jusqu’à ce que cette décision de réduire le personnel soit levée », a-t-il prévenu.
Des départs accompagnés de mesures sociales fortes
En attendant, les 122 agents qui seront appelés à partir sont connus. Les motifs de leur départ, soit ils font parties des agents non essentiels, soit des retraités qui ont été recrutés sous contrat à durée déterminée ou des agents qui souhaiteraient bénéficier des dispositions de traitement qui seront mise en place. En ce qui concerne les agents non essentiels, le maire a précisé qu’il s’agit de tous les agents en situation précaire et permanente, les agents absents ou non réguliers au travail, les absentéismes notoires, les agents ayant un rendement en baisse et les agents ne donnant pas suffisamment de satisfaction en termes de rendement et d’efficacité.
A la suite du maire, Eric Brendoumi Kouamé, Directeur des services administratifs (Dsa), a rassuré que les agents qui partiront vont bénéficier du paiement des droits légaux de rupture de contrat ou de fin d’engagement avec paiement du préavis.
Pour ce qui est des agents permanents, a-t-il insisté, ils bénéficieront du paiement de six mois de salaire anticipé, ainsi que le rachat de la pension de retraite pour les agents engagés avant la crise de 2002 et n’ayant pas atteints les 15 ans de cotisation Cnps. Autre traitement spécial qu’a relevé le Dsa, c’est que la mairie se charge du paiement de la dette liée aux indemnités de départ à la retraite au titre des années 2018, 2019 et 2020.
Ces mesures vont-elles ramener le calme et permettre une reprise du travail au sein de la mairie ?.