Adjamé-Bromakoté : Quand une école primaire se confond aux ateliers de forgerons

Oyokola Islamiat, la directrice de l'Epp Jacobson, estime que la présence des forgerons ne perturbe ni le personnel, ni ne gêne en rien la bonne tenue des classes dans ce bâtiment R 2 qu'elle dit squatter. (Photo : Julien Monsan)
Oyokola Islamiat, la directrice de l'Epp Jacobson, estime que la présence des forgerons ne perturbe ni le personnel, ni ne gêne en rien la bonne tenue des classes dans ce bâtiment R 2 qu'elle dit squatter. (Photo : Julien Monsan)
Oyokola Islamiat, la directrice de l'Epp Jacobson, estime que la présence des forgerons ne perturbe ni le personnel, ni ne gêne en rien la bonne tenue des classes dans ce bâtiment R 2 qu'elle dit squatter. (Photo : Julien Monsan)

Adjamé-Bromakoté : Quand une école primaire se confond aux ateliers de forgerons

Le 30/04/21 à 10:04
modifié 30/04/21 à 11:52
Située à Bromakoté dans la commune d’Adjamé, l’Epp Jacobson est un groupe scolaire composé de cinq bâtiments. Quand nous franchissons le portail de cet établissement à 14h30, ce jeudi 29 avril, nous sommes tout de suite attiré par le bruit assourdissant des enclumes et marteaux des forgerons, une quarantaine environ, la présence d’individus couchés à même le sol sous les arbres et les cris de certains élèves qui jouaient au ballon en attendant la reprise des cours.

Une vue des écoliers de cet établissement. (Photo : Julien Monsan)
Une vue des écoliers de cet établissement. (Photo : Julien Monsan)



Des bâtiments défraîchis, des toilettes vétustes, des tables-bancs en mauvais état. Bref, c’est un établissement en piteux état que nous avons visité.

A notre arrivée, nous demandons à rencontrer le premier responsable de l’école en la personne de Mme Oyokola Islamiat. A la question de savoir ce qui explique la présence de ces personnes qui dorment au sein de l’établissement.

Elle a été on ne peut plus clair : « ils sont en jeûne et comme il fait chaud, ils sont donc venus s’abriter », expliquant que leur présence ne constitue en rien un danger aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.

Le bâtiment sert également de magasin aux artisans. (Photo : Julien Monsan)
Le bâtiment sert également de magasin aux artisans. (Photo : Julien Monsan)



Parlant de son établissement, elle fait une révélation de taille. « Ce n’est pas nous qui avons construit cette école. Nous squattons ces bâtiments depuis l’avènement de la pandémie à coronavirus », a-t-elle précisé. En effet, Mme Oyokola et ses collègues occupent un bâtiment R+2 rebaptisé groupe scolaire international la lumière.

Les matières principales enseignées dans cet établissement sont le français, l’anglais et l’arabe. « Nous avons actuellement 130 élèves du Cp1 au Cm2 », dit-elle. Les enseignantes tout comme certaines élèves portent le voile.

Une vue de l'établissement des bâtiments délabrés. (Photo : Julien Monsan)
Une vue de l'établissement des bâtiments délabrés. (Photo : Julien Monsan)



A la question de savoir si la cohabitation avec les forgerons qui, eux aussi, squattent un autre bâtiment R+2 abandonné et qui leur sert de magasin, ne constitue pas un frein à l’apprentissage, elle nous répond ceci timidement « Le bruit des forgerons ne nous dérange pas ». Et pourtant, depuis le deuxième étage, l’on attend le bruit. « Croyez-moi, si nous étions gênés, j’allais vous le dire », a-t-elle insisté.

Des forgerons en pleins travaux. (Photo : Julien Monsan)
Des forgerons en pleins travaux. (Photo : Julien Monsan)



Même son de cloche chez les forgerons. « Je pense que notre travail ne dérange personne. Nous y sommes installés il y a très longtemps de cela et nous n’avons reçu aucune plainte de la part de l’établissement », a déclaré Ahmed Kanté, fabriquant de caisses de pièces de monnaie. « Notre présence les rassure. Car l’établissement était entouré de broussaille et vous-mêmes vous le constatez. Autrement dit, nous assurons leur sécurité », a pour sa part indiqué Abdoul Aziz qui, lui, fabrique des fourneaux, des marmites en aluminium, des réchauds artisanaux.

Une vue d'un des bâtiments squatté par l'établissement et les forgerons. (Photo : Julien Monsan)
Une vue d'un des bâtiments squatté par l'établissement et les forgerons. (Photo : Julien Monsan)



Même si la responsable de l’établissement semble sereine, il serait bon que les responsables de l’éducation nationale vérifient la régularité de cet établissement et surtout fassent déguerpir ces forgerons qui font beaucoup de bruit à côté de cette école.



Le 30/04/21 à 10:04
modifié 30/04/21 à 11:52