Abidjan/Tabaski 2021 : Ces petits métiers autour de la vente du bétail qui rapportent
La célébration de la fête de la Tabaski ou encore l’Aïd-el-Kébir rime avec le commerce du bétail. Mais autour de cet important commerce que tout le monde connaît, il y a aussi des petits métiers qui rapportent également. Quels sont ces métiers ? Et qui sont les acteurs ?
Il est 13 heures lorsque nous foulons le sol du grand abattoir de la capitale abidjanaise, dans la commune de Port-Bouët. Ici, les commerçants, les responsables d’autres métiers et les animaux ont envahi les lieux. Dans ce tohu-bohu, chacun vaque à ses occupations pour se faire une fortune. Sur les lieux, nous rencontrons des vendeurs d’herbe pour servir d’alimentation aux animaux particulièrement aux moutons et aux bœufs.
Arrêté près de son chariot, Adama Koné, âgé d’une cinquantaine d’années, fait savoir qu’il gagne entre 5.000 et 10.000 FCfa la journée en vendant de l'herbe fraîche. « Je n’ai pas un travail fixe. Pendant la période de la tabaski, dès 5 heures du matin, je coupe les herbes au quartier Gonzaqueville puis je les achemine ici à l’abattoir pour la vente. Ce petit boulot m’aide énormément. Même si je n’arrive pas à offrir un mouton à ma famille, j’arrive tout de même à habiller mes enfants et à leur fournir de la nourriture en grande quantité lors de la fête », rapporte-t-il.
Des prestations majorées de 1000 FCFA pour supporter le racket...
À quelques mètres de lui, des transporteurs de moutons regroupés autour de leurs engins à trois roues, attendent les clients. Accosté, l’un d’entre eux nous fait comprendre qu’ils sont là pour transporter le bétail selon la destination du client. « Nous transportons les animaux aux domiciles de nos clients. Nous tenons compte de la distance et également du nombre d’animaux à transporter avant de fixer le prix », affirme T. Coulibaly. Puis d’indiquer que ses confrères et lui sont malheureusement victimes de racket. « Nous ajoutons une marge de 1000 FCfa sur le prix que nous donnons à nos clients à cause du racket de certains membres de la police municipale et ceux de la police nationale », dénonce-t-il avec un air de colère.
Parcourant ce vaste marché d'animaux, nous rencontrons aussi des menuisiers, dont Traoré Karim qui explique sa présence en ces lieux. À en croire cet homme, il est là pour la fabrication des enclos et des abreuvoirs pour les animaux. Lorsqu’il est sollicité par les commerçants, il commence à partir de 15.000 FCfa pour sa main d’œuvre, selon le travail qui lui est confié. « J’ai souvent des marchés de 35.000 FCfa, 80.000 FCfa voire plus de 100.000 FCfa, cela dépend », a-t-il fait savoir.
Diallo A. est un vendeur de lait frais. Assis sur un banc avec quelques amis, notre interlocuteur a auprès de lui un feu qui sert à faire bouillir le lait afin d’éliminer les microbes. Venu du Niger, ce Peuhl présente sur sa table différents bidons de lait. Chez lui, le litre de lait de vache coûte 1000 FCfa quand celui de la brebis est vendu à 5.000 FCfa. Cependant, il a tenu à préciser que le lait de la brebis n’est recueilli que sur la commande d’un client.
La présence des femmes et enfants dans ces petits métiers
Dans les métiers liés à la vente des moutons pendant la période de la tabaski, les femmes ont aussi leur place. Elles interviennent en général dans les activités de vente d’eau pour l’abreuvage des animaux et également dans la vente d’aliments pour nourrir le bétail. Ces femmes, habituées à se lever tôt le matin, se sont données pour mission de remplir les fûts des vendeurs de moutons.
« Chaque femme négocie le prix du remplissage du fût avec son client (vendeur de bétail). Lorsque tu n’as pas la chance, tu peux même accepter de le remplir à 1500 FCfa. Mais la plupart du temps, nous le faisons 2.000 FCfa ou à 2.500 FCfa et nous pouvons remplir entre cinq et quinze fûts ce qui nous fait gagner un peu d’argent », dit dame Sita Traoré à la recherche de clients avec en main une bassine vide.
En outre, sur tout le site de l’abattoir, on y trouve des vendeuses de cordes. Ces cordes servent à attacher les animaux afin qu’ils ne se perdent pas et qu’ils ne s’échappent à leurs propriétaires. Ce matériel coûte entre 50 FCfa et 100 FCfa pour les moutons.
Le menu des animaux... les enseignements de Awa S.
« Poudre de maïs, grains de mil, enjaillement de mouton... », scande dame Awa.S. Interpellés par ses cris, nous nous sommes dirigés vers elle pour en savoir davantage sur ces produits exposés. « Il y a pour tous les prix même pour 100 FCfa. Je suis également conseillère en alimentation saine pour les moutons, les bœufs, les cabris, les chevaux... », nous dit-elle en toute confiante.
Surpris par ce qu’elle vient d’annoncer, nous lui demandons si elle est vétérinaire ? « Je suis issue d’une famille de bergers au Mali et je m’y connais un peu. J’ai appris l’alimentation des animaux auprès de mon père. Savez-vous que certains animaux ont besoin de s'hydrater avec du jus de riz ou de maïs ? C’est de la vitamine pour eux. Concernant leur alimentation, en plus des herbes, il faut leur donner des peaux de manioc mélangés à la poudre de maïs. Sur ce marché, vous trouverez les sacs de peaux de manioc à 2.500 FCfa », explique-t-elle avant de nous demander : « Madame, savez-vous que certains bétails font des caprices et refusent de s’alimenter ? Et bien ces genres d’animaux, il faut bien leur présenter un autre menu exceptionnel... Je détiens le secret en matière d’alimentation pour les animaux et j’offre mes services à ces commerçants qui me sollicitent », dit-elle, le sourire aux lèvres.
Entre les vendeurs et les acheteurs se faufilent des gamins dont l’âge oscille entre 12 et 18 ans. Ces enfants rencontrés sur ce marché, se disent ‘’tireurs de moutons’’. Ils se sont donnés pour mission de raccompagner les acheteurs jusqu’à la voiture qui doit embarquer l’animal.
Le petit Daouda, âgé de 13 ans et en classe de 5ème, raconte sa journée. « Je m’approche des clients et leur présente mes services. Après que le client a fini ses achats, je conduis les moutons jusqu’au moyen de transport. C’est là que s’achève mon travail », dit-il. Lorsque nous lui demandons combien il reçoit en termes d’argent ? L’adolescent indique que cela dépend du nouveau propriétaire du mouton.
Mais en général, l’argent est donné en fonction de la distance parcourue. Daouda se retourne chez lui avec la somme de 3.000 FCfa par jour. Cette somme est remise à sa mère pour la préparation de sa prochaine rentrée scolaire.
En définitive, nous dirons que de nombreuses activités découlent du commerce de bétail pendant la période de la tabaski. Ces activités font vivre de milliers de famille à Abidjan.
Rappelons toutefois que la célébration de la Tabaski en Côte d’Ivoire est prévue pour le mardi 20 juillet 2021. Une information livrée par le Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte d’Ivoire (Cosim), en collaboration avec le Conseil des imams sunnites (Codis).
Notons que cette célébration se fait en souvenir du sacrifice du père Abraham ou Ibrahim. Le Prophète Abraham à l’époque était prêt à sacrifier son fils aîné quand Dieu a fait apparaître un bélier qu’il a immolé à la place. Chaque musulman ayant les moyens doit immoler un bélier pour perpétuer cet acte.
Mélèdje Tresore
Il est 13 heures lorsque nous foulons le sol du grand abattoir de la capitale abidjanaise, dans la commune de Port-Bouët. Ici, les commerçants, les responsables d’autres métiers et les animaux ont envahi les lieux. Dans ce tohu-bohu, chacun vaque à ses occupations pour se faire une fortune. Sur les lieux, nous rencontrons des vendeurs d’herbe pour servir d’alimentation aux animaux particulièrement aux moutons et aux bœufs.
Arrêté près de son chariot, Adama Koné, âgé d’une cinquantaine d’années, fait savoir qu’il gagne entre 5.000 et 10.000 FCfa la journée en vendant de l'herbe fraîche. « Je n’ai pas un travail fixe. Pendant la période de la tabaski, dès 5 heures du matin, je coupe les herbes au quartier Gonzaqueville puis je les achemine ici à l’abattoir pour la vente. Ce petit boulot m’aide énormément. Même si je n’arrive pas à offrir un mouton à ma famille, j’arrive tout de même à habiller mes enfants et à leur fournir de la nourriture en grande quantité lors de la fête », rapporte-t-il.
Des prestations majorées de 1000 FCFA pour supporter le racket...
À quelques mètres de lui, des transporteurs de moutons regroupés autour de leurs engins à trois roues, attendent les clients. Accosté, l’un d’entre eux nous fait comprendre qu’ils sont là pour transporter le bétail selon la destination du client. « Nous transportons les animaux aux domiciles de nos clients. Nous tenons compte de la distance et également du nombre d’animaux à transporter avant de fixer le prix », affirme T. Coulibaly. Puis d’indiquer que ses confrères et lui sont malheureusement victimes de racket. « Nous ajoutons une marge de 1000 FCfa sur le prix que nous donnons à nos clients à cause du racket de certains membres de la police municipale et ceux de la police nationale », dénonce-t-il avec un air de colère.
Parcourant ce vaste marché d'animaux, nous rencontrons aussi des menuisiers, dont Traoré Karim qui explique sa présence en ces lieux. À en croire cet homme, il est là pour la fabrication des enclos et des abreuvoirs pour les animaux. Lorsqu’il est sollicité par les commerçants, il commence à partir de 15.000 FCfa pour sa main d’œuvre, selon le travail qui lui est confié. « J’ai souvent des marchés de 35.000 FCfa, 80.000 FCfa voire plus de 100.000 FCfa, cela dépend », a-t-il fait savoir.
Diallo A. est un vendeur de lait frais. Assis sur un banc avec quelques amis, notre interlocuteur a auprès de lui un feu qui sert à faire bouillir le lait afin d’éliminer les microbes. Venu du Niger, ce Peuhl présente sur sa table différents bidons de lait. Chez lui, le litre de lait de vache coûte 1000 FCfa quand celui de la brebis est vendu à 5.000 FCfa. Cependant, il a tenu à préciser que le lait de la brebis n’est recueilli que sur la commande d’un client.
La présence des femmes et enfants dans ces petits métiers
Dans les métiers liés à la vente des moutons pendant la période de la tabaski, les femmes ont aussi leur place. Elles interviennent en général dans les activités de vente d’eau pour l’abreuvage des animaux et également dans la vente d’aliments pour nourrir le bétail. Ces femmes, habituées à se lever tôt le matin, se sont données pour mission de remplir les fûts des vendeurs de moutons.
« Chaque femme négocie le prix du remplissage du fût avec son client (vendeur de bétail). Lorsque tu n’as pas la chance, tu peux même accepter de le remplir à 1500 FCfa. Mais la plupart du temps, nous le faisons 2.000 FCfa ou à 2.500 FCfa et nous pouvons remplir entre cinq et quinze fûts ce qui nous fait gagner un peu d’argent », dit dame Sita Traoré à la recherche de clients avec en main une bassine vide.
En outre, sur tout le site de l’abattoir, on y trouve des vendeuses de cordes. Ces cordes servent à attacher les animaux afin qu’ils ne se perdent pas et qu’ils ne s’échappent à leurs propriétaires. Ce matériel coûte entre 50 FCfa et 100 FCfa pour les moutons.
Le menu des animaux... les enseignements de Awa S.
« Poudre de maïs, grains de mil, enjaillement de mouton... », scande dame Awa.S. Interpellés par ses cris, nous nous sommes dirigés vers elle pour en savoir davantage sur ces produits exposés. « Il y a pour tous les prix même pour 100 FCfa. Je suis également conseillère en alimentation saine pour les moutons, les bœufs, les cabris, les chevaux... », nous dit-elle en toute confiante.
Surpris par ce qu’elle vient d’annoncer, nous lui demandons si elle est vétérinaire ? « Je suis issue d’une famille de bergers au Mali et je m’y connais un peu. J’ai appris l’alimentation des animaux auprès de mon père. Savez-vous que certains animaux ont besoin de s'hydrater avec du jus de riz ou de maïs ? C’est de la vitamine pour eux. Concernant leur alimentation, en plus des herbes, il faut leur donner des peaux de manioc mélangés à la poudre de maïs. Sur ce marché, vous trouverez les sacs de peaux de manioc à 2.500 FCfa », explique-t-elle avant de nous demander : « Madame, savez-vous que certains bétails font des caprices et refusent de s’alimenter ? Et bien ces genres d’animaux, il faut bien leur présenter un autre menu exceptionnel... Je détiens le secret en matière d’alimentation pour les animaux et j’offre mes services à ces commerçants qui me sollicitent », dit-elle, le sourire aux lèvres.
Entre les vendeurs et les acheteurs se faufilent des gamins dont l’âge oscille entre 12 et 18 ans. Ces enfants rencontrés sur ce marché, se disent ‘’tireurs de moutons’’. Ils se sont donnés pour mission de raccompagner les acheteurs jusqu’à la voiture qui doit embarquer l’animal.
Le petit Daouda, âgé de 13 ans et en classe de 5ème, raconte sa journée. « Je m’approche des clients et leur présente mes services. Après que le client a fini ses achats, je conduis les moutons jusqu’au moyen de transport. C’est là que s’achève mon travail », dit-il. Lorsque nous lui demandons combien il reçoit en termes d’argent ? L’adolescent indique que cela dépend du nouveau propriétaire du mouton.
Mais en général, l’argent est donné en fonction de la distance parcourue. Daouda se retourne chez lui avec la somme de 3.000 FCfa par jour. Cette somme est remise à sa mère pour la préparation de sa prochaine rentrée scolaire.
En définitive, nous dirons que de nombreuses activités découlent du commerce de bétail pendant la période de la tabaski. Ces activités font vivre de milliers de famille à Abidjan.
Rappelons toutefois que la célébration de la Tabaski en Côte d’Ivoire est prévue pour le mardi 20 juillet 2021. Une information livrée par le Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte d’Ivoire (Cosim), en collaboration avec le Conseil des imams sunnites (Codis).
Notons que cette célébration se fait en souvenir du sacrifice du père Abraham ou Ibrahim. Le Prophète Abraham à l’époque était prêt à sacrifier son fils aîné quand Dieu a fait apparaître un bélier qu’il a immolé à la place. Chaque musulman ayant les moyens doit immoler un bélier pour perpétuer cet acte.
Mélèdje Tresore