Maladie à virus Ebola: Comment la Côte d’Ivoire a vécu son premier cas
Jusqu’au vendredi 13 août, dans la soirée, au Chu de Cocody, on reçoit les malades comme d’habitude, on applique le protocole classique. On demeure en alerte sur la détection des cas d’épidémie mais la plus grande attention reste les cas de Covid-19. Habitude instaurée depuis 2020. C’est donc le train- train quotidien.
Au niveau du sommet de l’État, on gère aussi les urgences habituelles. Les surveillances les plus appuyées concernent la sécurité, notamment les potentielles menaces djihadistes et, côté santé, l’évolution du Covid-19. Tous les soirs, on attend les chiffres de nouveaux contaminés ainsi que les cas de décès et les cas graves.

Première chance pour la Côte d’Ivoire
Les cas d’Ebola ? L’État n’a pas totalement baissé les bras (heureusement d’ailleurs et c’est la première chance pour la Côte d’Ivoire) mais, ce virus n’est pas inscrit au rang des urgences immédiates. Des priorités des priorités.
Deuxième chance pour la Côte d’Ivoire
Retour au Chu de Cocody où le personnel s’occupe des patients. Arrive aux urgences une patiente. Une jeune fille de 18 ans. Une malade normale ? Non. Le personnel bien formé et attentionné (deuxième chance pour la Côte d’Ivoire) va détecter des symptômes bizarres, laissant penser au virus Ebola.
Troisième chance de la Côte d’Ivoire.
Tout de suite, la hiérarchie de l’hôpital est saisie. Tout de suite, les premières mesures d’isolement du cas sont prises. Le ministre qui est alerté, informe à son tour le Premier ministre. Il demande que toutes les dispositions soient prises pour maîtriser la situation. A son tour, le Chef de l’État, informé, ordonne que tout soit immédiatement mis en œuvre pour rapidement circonscrire les conséquences. Il demande les nouvelles des vaccins contre Ebola qu’il avait fait venir par prudence. Gouverner, c’est prévoir. Assurance est donnée, les vaccins sont là, bien conservés. Troisième chance de la Côte d’Ivoire.
Quatrième chance pour la Côte d’Ivoire
La malade est évacuée chez les spécialistes en la matière, au centre de traitement des Maladies hautement épidémiques du CHU de Treichville. Là où on soigne le Sida, le Covid. La patiente est mise en isolement et prise en charge.
La pression n’a plus de nom. Les réunions se multiplient au ministère de la Santé, de l'Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, et à la Primature. Les mots comme sommeil et fatigue n’existent plus ici.
Cinquième chance pour la Côte d’Ivoire
Le comité d’experts en charge de la surveillance du virus à Ebola n’a pas été désactivé. Cinquième chance pour la Cote d’Ivoire. Il monte en première ligne.
Jusque-là, on a eu affaire à ce virus à nos frontières. Dans des populations rurales où la mobilité est faible. Pas à Abidjan où on bouge beaucoup et pas non plus après avoir traversé tout le territoire.
Comment faire ? Retracer le parcours de la patiente. Vaste chantier. Quand l’État entier s’y met, ça va vite. Et efficacement.
Avant les petites heures du dimanche matin, le gros du travail est fait. Au sommet de l’État, on n’a pas dormi. Les services du ministère de la Sécurité, de l’Intérieur, du Transport, de la Communication, les pompiers, etc., ont été mis à contribution.
Au ministère de la Santé ? On n’a pas su que quelqu’un devait fermer l’œil. Tous les services de santé ont reçu les instructions pour doubler de vigilance et signaler tout cas bizarre. Les vaccins contre l'Ebola dont dispose la Côte d’Ivoire sont mis à la disposition; la vaccination des groupes cibles (personnel de santé de première ligne, contacts immédiats de la patiente, les forces de sécurité aux points d’entrée...) est recommandée.
La Côte d’Ivoire a eu chaud. Mais on est fier de ce pays qui a des compétences. Et des services somme toute de qualité. Avec un gouvernement prévoyant. Quelle chance qu’on a eu de disposer de vaccin ! Imaginez un seul instant que ça soit maintenant qu’on devra courir pour trouver des vaccins et vacciner les premiers contacts ...
Bledson Mathieu