Lutte contre le travail des enfants dans la cacaoculture: Ypodé Bla analyse les conflits entre les normes formelles et les normes sociales

Ypodé Bla, le nouveau docteur en Sociologie (3e à partir de la gauche) a soutenu avec brio sa Thèse unique. (Ph: Dr)
Ypodé Bla, le nouveau docteur en Sociologie (3e à partir de la gauche) a soutenu avec brio sa Thèse unique. (Ph: Dr)
Ypodé Bla, le nouveau docteur en Sociologie (3e à partir de la gauche) a soutenu avec brio sa Thèse unique. (Ph: Dr)

Lutte contre le travail des enfants dans la cacaoculture: Ypodé Bla analyse les conflits entre les normes formelles et les normes sociales

Dans sa Thèse de doctorat unique présentée au département de sociologie sur le thème : « Réappropriation des normes institutionnelles de protection de l’enfance dans les communautés cacaoyères à Grand-Zattry (Côte d’Ivoire) : entre contraintes institutionnelles, rationalités et jeux d’interactions sociales », Bla Ypodé Guéaybomin Emmanuel, analyse les conflits entre les normes formelles et les normes sociales. Cette thèse a été soutenue, récemment, à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody.

Selon lui, les activités agricoles et domestiques dans les localités cacaoyères sont perçues comme des espaces d’apprentissage et de socialisation où les enfants acquièrent des compétences essentielles pour leur intégration socio-professionnelles.

Cette vision locale contraste fortement avec celle des institutions et organisations internationales qui considèrent ces pratiques comme une forme d’exploitation du travail des enfants. D’après l’auteur, il ne s’agit pas d’une exploitation industrielle, mais des pratiques de socialisation traditionnelles qui répondent aux besoins communautaires.

« Cette divergence de perceptions entraîne une opposition entre les normes locales et les normes institutionnelles. Ces dernières imposées sous formes de lois et de politiques de protection de l’enfance, sont perçues par les communautés comme des instruments de perturbation des pratiques agricoles locales », explique l'impétrant Ypodé Bla.

L’auteur démontre que ce choc entre deux systèmes de valeurs crée des tensions entre les membres des communautés et les acteurs institutionnels (Ong, comités de protection de l’enfant (Cpe), les inspecteurs paysans (Ip), les enseignants), qui se retrouvent tiraillés entre leurs obligations institutionnelles et leurs besoins de légitimité et de reconnaissance au sein des communautés.

Pour pallier ces tensions, dira-t-il, les différents acteurs adoptent des stratégies de négociation. Ils ajustent continuellement leurs actions en établissant des compromis et des arrangements pour harmoniser les attentes institutionnelles et communautaires.

« Par exemple, certains membres des Cpe assouplissent leur approche en adoptant des méthodes de sensibilisation moins intrusives, permettant ainsi de préserver leurs liens avec les producteurs locaux. De même, les Ip et les enseignants développent des discours qui valorisent les aspects pédagogiques de certaines tâches agricoles. Afin de concilier l’apprentissage des enfants avec les exigences de protection des droits de l’enfant », confie-t-il.

Avant d’ajouter que ces ajustements contribuent, de façon paradoxale, à la persistance des pratiques assimilées au travail des enfants. « En effet, les arrangements permettent aux acteurs de maintenir leur statut et d’accéder à des ressources de pouvoir au sein des communautés locales tout en répondant, au moins en apparence, aux exigences institutionnelles », dira-t-il.

En somme, l’auteur montre comment ces arrangements et compromis illustrent une « négociation de la légitimité » continue entre les acteurs locaux et institutionnels. Ce processus de réajustement perpétuel, où chacun cherche à préserver son statut et à satisfaire les attentes institutionnelles, révèle des dynamiques de pouvoirs subtiles qui influencent la régulation et l’interprétation des normes de travail des enfants dans ces zones cacaoyères.

A l’unanimité, le jury dirigé par Professeur Gbaklia Koffi Elvis, Professeur titulaire de Didactique des disciplines, en Sciences de l’éducation de l’Ecole normale supérieure (Ens) d’Abidjan et président du jury avec comme membres, Dr Goin Bi Zamblé Théodore, Maître de Conférences en Sociologie à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo (rapporteur) ; Dr Lognon Jean-Louis, Maître de Conférences en Sociologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody (rapporteur) et Dr Droh Rusticot, Maître de Conférences en Sociologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody (examinateur), a salué la qualité du travail de l’impétrant, suggéré quelques pistes d’amélioration, non sans avoir au préalable salué la qualité humaine du candidat, dans son rapport avec les autres.

Dans son intervention, Pr Yao Roch Gnabeli, Professeur Titulaire de Sociologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody et directeur de Thèse, a indiqué qu’« au-delà de la thèse, Ypodé Bla est un garçon généreux qui a passé une partie de son temps entre son travail de thèse et à se mettre au service des autres ». Il affirme également qu’il a produit un travail de qualité en présentant des données fournies de terrain.

C’est à juste titre que le jury a accepté le travail et déclaré Bla Ypodé, Docteur en Sociologie, spécialité Sociologie de l’Economie et de l’Emploi, avec la mention Très honorable.

Une correspondance particulière de E.Y