Ousséni Tamboura (ministre de la Communication…du Faso): ‘’Nous invitons les journalistes à jouer un rôle positif dans la lutte contre le terrorisme‘’
Informer sur des actes terroristes sans faire l’apologie du terrorisme préoccupe les instances de régulation et laisse les pouvoirs publics dans d’interminables interrogations en Afrique de l’ouest. Approché, le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement du Burkina Faso, Ousséni Tamboura, explique la conduite à tenir en cas d’insécurité.
Quelle lecture faites-vous de la rencontre des journalistes et communicateurs catholiques d’Afrique de l’ouest, au Burkina Faso, dénommé ‘’Refresher Bobo 2021 sur le thème ‘’ Médiatiser sans promouvoir l’insécurité : Rôle et devoir des journalistes ?
Cette thématique est d’actualité. Elle est tellement pertinente que notre gouvernement se réjouit d’accompagner cette dynamique de formation choisie par l’Union des journalistes et communicateurs catholiques d’Afrique de l’ouest. L’insécurité est une situation jamais voulue, une situation désastreuse au plan humain parce que des personnes perdent la vie, sont blessées, abandonnent leur outil de production. Les conséquences économiques et sociales sont incalculables. En ce qui concerne le Burkina Faso, ce sont les attaques terroristes. Quand une association des hommes de médias, des personnes aussi importantes que les journalistes se fondent sur la foi chrétienne et décident de s’interroger sur ces questions, il est primordial de les accompagner par ma présence. Nous attendons donc les conclusions de cette rencontre de formation.
Dans un contexte d’attaque terroriste, quelle pourrait être le juste milieu entre le devoir d’informer les populations et la nécessité de ne pas divulguer des informations classées secret défense ?
C’est vrai que nous sommes dans un contexte d’attaques terroristes suivies de menaces terroristes qui attentent même au devenir d’une nation. Qui sait le rôle important de l’information et de la communication dans la cohésion d’une société, dans la force d’un pays ? Il va de soi que le journaliste soit naturellement saisi par ce contexte. Le journaliste est avant tout un citoyen, un patriote parce qu’en tant que citoyen, il aime son pays. Lorsque le pays est attaqué, il doit faire en sorte que ce dernier se défende mieux. Les bonnes questions qu’il doit se poser sont : dans cette situation d’insécurité, qu’est-ce que je peux faire pour aider mon pays à vaincre ce mal ? Comment apporter ma pierre à l’édifice afin que les actes terroristes ne divisent pas mon pays ou encore ne brise pas l’élan de développement ? Il ne faut pas ignorer que nous avons encore nos défis en matière de développement qui restent intacts. Nous invitons les journalistes à jouer un rôle positif qui accompagne les actions de lutte contre le terrorisme. Toujours est-il qu’ils doivent donner les informations vraies et justes aux citoyens. La mauvaise information comme le mauvais médicament tue. C’est un appel que je lance à tous les journalistes africains.
Y-a-t-il eu des dérives constatées dans des médias au Burkina Faso ?
Selon les statistiques, non, dans l’ensemble. Cependant, chaque fois que notre pays est attaqué avec des pertes humaines importantes, nous sommes comme dans une sorte de stress communicationnel. Il faut mettre à la disposition de la population des informations justes et vraies, et non une information qui désorganise ou démoralise les acteurs de la lutte contre le terrorisme. Chaque fois que nous avons une attaque, nous sommes dans ce stress. Je considère que les médias par souci de responsabilité sociale, doivent se poser la question de savoir si l’information à publier va aider mon pays. C’est ce qui est le plus important. Nous sommes à mesure de dire qu’il n’y a pas d’énormes dérives. Les dérives qui peuvent être constatées sont le fait de personnes qui ne sont pas journalistes, mais qui utilisent des canaux d’informations. Malheureusement, les canaux d’informations les plus utilisés aujourd’hui restent les réseaux sociaux. Un formidable outil de partage d’informations qui, malheureusement, s’il est mis au service de mauvaises intentions, peut créer beaucoup de dégâts.
Les réseaux sociaux sont des canaux beaucoup utilisés par les djihadistes. Que font nos gouvernants dans ce cas pour aider les médias à accéder à la vraie information ?
L’information est une denrée, un bien, un service. Et en situation d’attaque, nous avons constaté que la plupart des médias et des journalistes semblent accuser, entre guillemets, une sorte de retard ou de rétention de l’information officielle. Je voudrais dire qu’il faut que nous soyons en situation d’empathie. L’empathie, c’est de se mettre à la place de l’autre. Lorsqu’un camp militaire ou un village subit des attaques, la priorité sur le moment est une priorité vitale, de secours, de renfort, de collecte d’informations. Elle ne s’accommode pas toujours avec le besoin de collecter tout de suite des informations et faire des bilans pour le diffuser à l’opinion. A mon avis, il faut être dans une position d’empathie de ceux qui sont sur le terrain et qui doivent nous donner l’information. N’oublions pas qu’ils sont aussi des cibles de cette attaque. Cela ne justifie pas que l’on n’organise pas l’information à temps. Au Burkina Faso, depuis plus de six (6) mois, nous avons mis un dispositif en place d’organisation de l’information officielle sur les situations de crise. Et celui-ci peut-être contenu dans un temps relativement court afin de combattre la fausse information, la rumeur et de permettre aux médias à partir de cette source, de faire un excellent travail. C’est un effort de correction que nous sommes en train de faire. Pour moi, il faut s’en réjouir. Comme j’ai pour habitude de le dire, il ne faut pas essayer d’amener les services officielles d’informations dans une sorte de course, à la vitesse des réseaux sociaux. Nous devons être la dernière source sur laquelle l’on se réfère quand il y a des difficultés sur la crédibilité des informations. Ceci nous oblige à des précautions élémentaires de vérification, de regroupement d’informations et de prise en compte de certaines réalités.
D’autres pays sont également la cible de terrorisme. Est-ce qu’au niveau de la sous-région, les différents ministres de la communication se parlent afin de trouver une solution idoine ?
Pas encore. Par contre, j’ai sollicité mon homologue du Sénégal. Dans les jours à venir, je compte rencontrer le commissaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) chargé des questions de communication afin d’envisager une dynamique communautaire sur les défis de la production radiophonique et cinématographique propre à notre région. Ce sont sur ces défis que j’ai échangés avec celui du Sénégal pour que dans nos télévisions, nos radios, nous ayons assez de ressources pour produire des programmes locaux, et que l’on n’importe plus les programmes qui, culturellement, ne sont pas très proches de nos valeurs. A l’issue de votre question, cela peut être un sujet que nous pouvons déposer sur la table du ministre de la Communication de l’Uemoa.
Florence Edie
Envoyée spéciale à Bobo-Dioulasso
Dans un contexte d’attaque terroriste, quelle pourrait être le juste milieu entre le devoir d’informer les populations et la nécessité de ne pas divulguer des informations classées secret défense ?
C’est vrai que nous sommes dans un contexte d’attaques terroristes suivies de menaces terroristes qui attentent même au devenir d’une nation. Qui sait le rôle important de l’information et de la communication dans la cohésion d’une société, dans la force d’un pays ? Il va de soi que le journaliste soit naturellement saisi par ce contexte. Le journaliste est avant tout un citoyen, un patriote parce qu’en tant que citoyen, il aime son pays. Lorsque le pays est attaqué, il doit faire en sorte que ce dernier se défende mieux. Les bonnes questions qu’il doit se poser sont : dans cette situation d’insécurité, qu’est-ce que je peux faire pour aider mon pays à vaincre ce mal ? Comment apporter ma pierre à l’édifice afin que les actes terroristes ne divisent pas mon pays ou encore ne brise pas l’élan de développement ? Il ne faut pas ignorer que nous avons encore nos défis en matière de développement qui restent intacts. Nous invitons les journalistes à jouer un rôle positif qui accompagne les actions de lutte contre le terrorisme. Toujours est-il qu’ils doivent donner les informations vraies et justes aux citoyens. La mauvaise information comme le mauvais médicament tue. C’est un appel que je lance à tous les journalistes africains.
Y-a-t-il eu des dérives constatées dans des médias au Burkina Faso ?
Selon les statistiques, non, dans l’ensemble. Cependant, chaque fois que notre pays est attaqué avec des pertes humaines importantes, nous sommes comme dans une sorte de stress communicationnel. Il faut mettre à la disposition de la population des informations justes et vraies, et non une information qui désorganise ou démoralise les acteurs de la lutte contre le terrorisme. Chaque fois que nous avons une attaque, nous sommes dans ce stress. Je considère que les médias par souci de responsabilité sociale, doivent se poser la question de savoir si l’information à publier va aider mon pays. C’est ce qui est le plus important. Nous sommes à mesure de dire qu’il n’y a pas d’énormes dérives. Les dérives qui peuvent être constatées sont le fait de personnes qui ne sont pas journalistes, mais qui utilisent des canaux d’informations. Malheureusement, les canaux d’informations les plus utilisés aujourd’hui restent les réseaux sociaux. Un formidable outil de partage d’informations qui, malheureusement, s’il est mis au service de mauvaises intentions, peut créer beaucoup de dégâts.
Les réseaux sociaux sont des canaux beaucoup utilisés par les djihadistes. Que font nos gouvernants dans ce cas pour aider les médias à accéder à la vraie information ?
L’information est une denrée, un bien, un service. Et en situation d’attaque, nous avons constaté que la plupart des médias et des journalistes semblent accuser, entre guillemets, une sorte de retard ou de rétention de l’information officielle. Je voudrais dire qu’il faut que nous soyons en situation d’empathie. L’empathie, c’est de se mettre à la place de l’autre. Lorsqu’un camp militaire ou un village subit des attaques, la priorité sur le moment est une priorité vitale, de secours, de renfort, de collecte d’informations. Elle ne s’accommode pas toujours avec le besoin de collecter tout de suite des informations et faire des bilans pour le diffuser à l’opinion. A mon avis, il faut être dans une position d’empathie de ceux qui sont sur le terrain et qui doivent nous donner l’information. N’oublions pas qu’ils sont aussi des cibles de cette attaque. Cela ne justifie pas que l’on n’organise pas l’information à temps. Au Burkina Faso, depuis plus de six (6) mois, nous avons mis un dispositif en place d’organisation de l’information officielle sur les situations de crise. Et celui-ci peut-être contenu dans un temps relativement court afin de combattre la fausse information, la rumeur et de permettre aux médias à partir de cette source, de faire un excellent travail. C’est un effort de correction que nous sommes en train de faire. Pour moi, il faut s’en réjouir. Comme j’ai pour habitude de le dire, il ne faut pas essayer d’amener les services officielles d’informations dans une sorte de course, à la vitesse des réseaux sociaux. Nous devons être la dernière source sur laquelle l’on se réfère quand il y a des difficultés sur la crédibilité des informations. Ceci nous oblige à des précautions élémentaires de vérification, de regroupement d’informations et de prise en compte de certaines réalités.
D’autres pays sont également la cible de terrorisme. Est-ce qu’au niveau de la sous-région, les différents ministres de la communication se parlent afin de trouver une solution idoine ?
Pas encore. Par contre, j’ai sollicité mon homologue du Sénégal. Dans les jours à venir, je compte rencontrer le commissaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) chargé des questions de communication afin d’envisager une dynamique communautaire sur les défis de la production radiophonique et cinématographique propre à notre région. Ce sont sur ces défis que j’ai échangés avec celui du Sénégal pour que dans nos télévisions, nos radios, nous ayons assez de ressources pour produire des programmes locaux, et que l’on n’importe plus les programmes qui, culturellement, ne sont pas très proches de nos valeurs. A l’issue de votre question, cela peut être un sujet que nous pouvons déposer sur la table du ministre de la Communication de l’Uemoa.
Florence Edie
Envoyée spéciale à Bobo-Dioulasso