Le Premier ministre Patrick Achi
L'éditorial d'Amédée Assi: À chacun son boulot
Ainsi, le Pdci-Rda jusqu’en 1990, parti unique et parti-Etat, était loin d’être une formation monolithique dans laquelle aucune tendance dissidente, aucune divergence n’était tolérée. Bien au contraire, le Président Félix Houphouët-Boigny permettait souvent aux cadres et aux militants de dénoncer les travers du régime. C’était au cours de bureaux politiques, de congrès mais aussi de conseils nationaux parfois houleux et tumultueux.
Ce serait donc faux et illusoire de penser, en ces temps de démocratie et à l’heure des réseaux sociaux, que le Rhdp, comme tout groupement politique qui se respecte, puisse être un bloc homogène, sans antagonismes. S’il ne faut donc pas vouer aux gémonies des cadres du parti tout simplement parce qu’ils ont une approche différente, une autre façon de voir les choses sur la conduite du parti ou sur la gouvernance de l’État en général, il faut bien cependant admettre que toutes ces initiatives doivent avoir un seul objectif : la consolidation du Rhdp et la conservation du pouvoir d’État.
Il faut en cela se réjouir de la belle démonstration d’unité et de cohésion que les dirigeants du Rhdp ont faite récemment à Séguéla lors de l’hommage exceptionnel que les populations du Woroba ont rendu au Président Alassane Ouattara.
Une fois de plus, les oiseaux de mauvais augure en ont eu pour leur compte, eux qui avaient annoncé sur tous les toits que plus rien n’allait entre le directeur exécutif du groupement des Houphouétistes Adama Bictogo et le président de l’Assemblée nationale Amadou Soumahoro. S’il est vrai que quelques incompréhensions ont pu exister entre ces deux personnalités, très vite elles ont su se parler et les aplanir. Et à Séguéla, leur fraternité et leur engagement commun en faveur du Chef de l’État et du Rhdp ont fait plaisir à voir.
Il en est de même de la rivalité qui existerait entre Adama Bictogo, gestionnaire au quotidien du parti au pouvoir et le Premier ministre Patrick Achi, chef du gouvernement. A la vérité, chacun des deux hommes connaît ses prérogatives et n’empiète pas sur le domaine de l’autre. D’autant plus que le Rhdp n’est pas un parti-Etat et la gestion des affaires de l’État ne souffre donc pas d’impondérables partisans. Et s’il est vrai que de nombreux ministres sont de hauts cadres du parti, le Président Ouattara, démocrate convaincu, n’a jamais accepté qu’un de ses Premiers ministres soit l’otage de l’appareil politique, ayant la claire conscience que le pouvoir exécutif est en charge de l’intérêt national indépendamment des partis politiques.
Le Rhdp donc, sous l’impulsion du président du parti, propose des solutions politiques aux problèmes qui se posent au pays lors de ses assises et il revient au gouvernement et à lui seul de mettre en œuvre le programme sur lequel le Président de la République a été élu.
A cet égard, la vaste campagne anti-corruption dans plusieurs secteurs d’activité et les audits menés dans plusieurs entreprises publiques ne ciblent pas spécifiquement des cadres du parti. Il est tout à fait faux et ridicule de croire que le Premier ministre Patrick Achi, à travers ces actions, vise à nuire ou affaiblir le Rhdp pour se promouvoir ou renforcer sa position.
Il est bon de savoir qu’un audit peut être ordonné dans le seul but de vérifier qu’une entreprise respecte des règles ou des normes en vigueur ou pour réaliser un état des lieux d’un service public. Il ne faut pas y voir forcément une chasse aux sorcières ou un acharnement contre quiconque. En un mot, « un audit est un outil d’amélioration bien plus qu’un outil de sanction qui permet de détecter les points forts et les points faibles et de mesurer les efforts à réaliser pour parvenir à des résultats meilleurs ».
Chacun de nous doit y souscrire pour le bien commun. Car, comme le dit Charles Regimbeau, « ce n’est ni le verre, ni le vin qui sont importants dans un verre de vin. C’est le vide donné par la forme du verre et qui lui permet de contenir un liquide. Sans lui, pas de contenant, ni de contenu. »