Yopougon Banco Nord extension II : 300 familles jetées à la rue réclament justice
C’est au pied levé, sur le site avec en arrière-plan une machine qui continuait de démolir les maisons, qu’il a voulu échanger avec la presse. « Nous avons été saisis par les populations de Banco Nord extension 2 parce que de manière illégale et sans fondement, la mairie est en train de démolir toutes leurs habitations », a-t-il dit pour présenter la situation qui prévalait sur le site.
Et de dire qu’il ne s’agissait pas d’un déguerpissement ordinaire. C’est un acte de banditisme. « Ces ferrailleurs venus de Koumassi chassés aujourd’hui de leur site, étaient installés sur le site où est construit le Chu de Yopougon. C’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui les a délocalisés ici dans les années 80-87 », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « Après leur installation, les années qui ont suivi, ils ont engagé un processus auprès de l’Etat à travers le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, le ministère de l’Industrie et celui de l’Environnement. Car le site fait partie du domaine de l’Etat. C’est une zone industrielle. Et l’Etat s’est engagé à déclasser le site, à le morceler au profit des ferrailleurs. En cette période, les autorités de la mairie de Yopougon d’alors, ont appuyé cette démarche vu l’apport des ferrailleurs dans le tissu économique ».
Pour éclairer plus la lanterne de l’opinion sur la question de la paternité de la parcelle qui fait plus de 14 ha, il a fait remarquer qu’il y a eu plusieurs procédures où certaines personnes ont essayé de déguerpir les ferrailleurs. Et allant de procès en procès, jusqu’à la Cour suprême, ces personnes ont été déboutées parce qu’elles n’étaient pas propriétaires.
Ni les habitants, ni la mairie ne sont propriétaires, seul l’Etat
Sur un ton un peu particulier, Me Coulibaly Brahima a affirmé que l’actuelle équipe municipale, à la demande du ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, a fait une enquête de commodo et incommodo.
A la suite de cette enquête, le premier adjoint au maire a réuni les occupants du site pour leur signifier qu’il y a eu des oppositions. Et qu’il ne pouvait pas trancher. Il va s’en remettre au ministère de la Construction.
« Les choses étant restées en l’état, le ministère de la Construction dans le mois d’août dernier a décidé d’accélérer le dossier et régulariser les quartiers dits précaires. Après plusieurs rencontres, le site a été retenu comme site pilote. Pour ce faire, le ministère de la Construction a instruit une équipe de topographe d'établir un plan et une carte exacte de tous les détails du terrain », a révélé l’avocat. Qui a indiqué qu’après les résultats produits par les topographes, le ministère de la Construction a adressé trois courriers dont un à la mairie de Yopougon pour une enquête de commodo et incommodo.
Un autre au cadastre pour demander l’état du site. C’est-à-dire à qui appartient ce site. Et un autre courrier au service d’assainissement. « Le cadastre et le service d’assainissement ont fait leur travail. Le lendemain de la réception du courrier, la mairie envoie une demande de déguerpissement. Après ces courriers de mise en demeure, ce sont des croix qui sont inscrits sur les maisons pour indiquer qu’elles seront démolies », dit-il.
Avant d’exposer que c’est au vu de tout cela, que les habitants ont assigné la mairie devant le tribunal de Yopougon pour cessation. « Sur ce site, il faut le préciser, les habitants ne sont pas propriétaires, la mairie non plus n’est propriétaire. Seul l’Etat de Côte d’Ivoire », a avoué Me Coulibaly Brahima. Qui fait remarquer que jusqu’au jour de la démolition des biens des populations, la mairie n’a présenté aucun document officiel pour donner la raison de leur déguerpissement.
« Nous allons donc suivre la procédure qui passe le lundi 11 octobre à la justice. Nous allons poursuivre ceux qui ont donné l’autorisation de détruire les biens des gens. Cela n’a aucune justification d’autant plus que quand vous venez détruire, il faut avoir un exécutoire. Et aucun de ces titres n’a été présenté. Ces occupants ne réclament pas la propriété mais disent qu’ils ont été installés par l’Etat et ne peuvent pas se faire déguerpir par la mairie », a souligné le conférencier.
Joint par téléphone, le responsable du service de communication de la marie à qui nous avons demandé une entrevue avec le maire, a déclaré que son patron (le maire) n’était pas disposé à échanger sur la question.