Cimetière de Williamsville: Ces petits métiers autour de la célébration de la fête de Toussaint qui rapportent

Les vendeurs de fleurs étaient nombreux au cimetière de Williamsville. (Mélèdje Tresore)
Les vendeurs de fleurs étaient nombreux au cimetière de Williamsville. (Mélèdje Tresore)
Les vendeurs de fleurs étaient nombreux au cimetière de Williamsville. (Mélèdje Tresore)

Cimetière de Williamsville: Ces petits métiers autour de la célébration de la fête de Toussaint qui rapportent

Le 01/11/21 à 18:59
modifié 02/11/21 à 04:36
Lundi 1er novembre 2021. C’est le jour de la célébration de la fête de tous les saints connus et inconnus à Abidjan et dans le monde entier. Ambiance inhabituelle aussi au cimetière d’Adjamé-Williamsville.

Grande affluence. En ce lieu de repos éternel, les familles et connaissances qui ont une pensée pieuse pour leurs proches partis souvent trop tôt sont présents. Ils sont là pour sacrifier à une tradition.

Le dépôt ou plante des fleurs sur la pierre tombale de leurs pères, mères, frères, enfants, sœurs, épouses, amis défunts. Bonne opportunité d’affaires pour les fleuristes et les nettoyeurs de tombes.

Sur la côte qui mène au cimetière

Fleurs en mains les vendeurs accostent les piétons et usagers dans les véhicules qui longent la côte, pour rejoindre le cimetière. 500 frs CFA, 2500 frs CFA, 5000 frs CFA... C’est le coût des marchandises proposées aux personnes venues se recueillir sur les tombes des personnes qui leur sont chères et qui reposent désormais ici. Comme chaque année, Coulibaly Youssouf, fleuriste exportateur venu de la ville d’Azaguié, est accompagné de ses frères. Ils proposent des fleurs de plusieurs espèces, récoltés à la veille dans son champ.

« Pour cette journée exceptionnelle, nous travaillons beaucoup avec l’arôme blanc, l’aster blanc et jaune et le rose postulais, les crabes, le cendriana de toute couleur particulièrement la couleur rouge ou blanc, des pandanus...», a-t-il indiqué.

Des fleurs naturelles qui proviennent directement des champs d’Azaguié et qui selon le fleuriste a une durée de vie de deux semaines et plus.

Des fleuristes venus de la ville d'Azaguié. (Mélèdje Tresore)
Des fleuristes venus de la ville d'Azaguié. (Mélèdje Tresore)



Vendues comme de petits pains, ces fleurs qui expriment mieux l’amour aux personnes disparues sont une véritable opportunité d’affaires que ne veulent manquer les frères Coulibaly. Reconnaissant que cette période est une aubaine pour eux, ce fleuriste qui livre aussi à l’étranger propose des bouquets de fleurs à la portée de tous.

« Tous nos clients ne sont pas forcément des personnes aisées. Il y en a qui demandent qu’on revoie nos prix à la baisse. Ils veulent offrir ces fleurs, mais n’ont pas assez de moyens. Des clients demandent des fleurs de 300 frs CFA », souligne-t-il. « Nous faisons des bénéfices, mais nous faisons également du social et nous le faisons parce que nous aimons notre métier et nous comprenons les autres », insiste-t-il avec un air très sérieux.

Mr Coulibaly Youssouf, fleuriste exportateur. (Mélèdje Tresore)
Mr Coulibaly Youssouf, fleuriste exportateur. (Mélèdje Tresore)



À côté de ce fleuriste, il y a également les vendeurs occasionnels de fleurs. C’est le cas de l’étudiante en Sciences et gestions de l’environnement, Amy Samaké. La vingtaine révolue, cette jeune demoiselle est présente sur les lieux pour aider sa tante qui a son magasin juste à l’entrée du cimetière.

C’est une opportunité qui s’offre pour se faire de l'argent. Un petit commerce qui lui rapporte beaucoup. « Cela fait trois jours que je vends ici avec ma tante », nous a-t-elle dit le visage rayonnant.

Venue commémorer la fête de la Toussaint sur la tombe de sa fille décédée en 2019 à l’âge de 32 ans, des suites d’un cancer du sein, dame L. G fonctionnaire à la retraite soutient que ce business de proximité est le bienvenu. Il permet d’offrir des fleurs à « ceux qu’on a toujours aimé », a-t-elle soutenu.

Rencontré cet après-midi sous un soleil d’aplomb, Gérard. D gardera un mauvais souvenir de ce jour. Le visage renfrogné, il venait de se faire piquer ces fleurs qu’il a déposé, il y a juste une heure sur la tombe de sa défunte épouse.

« Tu achètes, des fleurs chères pour les offrir à tes proches et une heure après ces fleurs disparaissent », a-t-il déploré en portant un regard accusateur sur les petits revendeurs de fleurs.

Des laveurs de tombes occasionnels. (Mélèdje Tresore)
Des laveurs de tombes occasionnels. (Mélèdje Tresore)



Les nettoyeurs d’un jour

Ce moment de recueillement a également créé d’autres petits métiers notamment les laveurs de tombes. Munis de machettes, de brosses, balais et de l’eau savonneuse, des enfants en équipe se sont chargés de rendre propre les sépulcres en échange de quelques espèces sonnantes.

À en croire le petit Ahmed Soumahoro, élève en classe de CM2 à l’école Bad de Williamsville, ses camarades et lui y viennent depuis maintenant deux ans pour se faire de l’argent. Le, coût de leur prestation est modique. 500 Fcfa pour le lavage d’une tombe. En fin de soirée pour ce jour exceptionnel, ils peuvent se faire un chiffre d’affaires de15.000 frs Cfa.

« C’est notre petite affaire, nous avons travaillé hier et aujourd’hui », dit-il au nom de ses amis tous venus du quartier Williamsville d’Adjamé. Toutefois, ils soutiennent qu’ils sont présents de façon occasionnelle.

Des débroussailleurs de circonstance. (Mélèdje Tresore)
Des débroussailleurs de circonstance. (Mélèdje Tresore)



Les nettoyeurs habituels

Contrairement aux gamins, le jeune Cédrick Tokpa à quant à lui fait du nettoyage des sépulcres son business quotidien. Le cimetière de Williamsville est son lieu de travail. Tout un business autour des hommages aux défunts. Cela fait quatre (4) ans que Cédrick est présent en ce lieu pour se faire des sous. « Je suis maçon, laveur, débroussailleur... », soutient-il.

L’entretien de ces lieux est sa priorité. Pour lui, cette période est sa traite. Car, il arrive à se faire de l’argent hormis ces marchés habituels. «Le prix du nettoyage, aujourd’hui, est différent et nous avons beaucoup de clients», a-t-il indiqué.

Aussi a-t-il fait savoir qu’il y a des tombes qu’il nettoie et pour lesquelles il est rémunéré chaque mois, à hauteur de 10.000 frs CFA, 20.000 frs CFA, 30.000 frs CFA et plus... Cela dépend de l’espace qu’occupe le sépulcre. Cédrick dit préférer le travail à cet endroit que de s’adonner au vol. « Mes amis ne trouvent pas normal que je me débrouille ici, mais j’ai le soutien de ma famille. Et c’est ce qui importe », dit-il tout souriant.

Retenons que, la commémoration de la célébration de la Toussaint est une bonne opportunité d’affaire pour les fleuristes, les laveurs de tombes, les débroussailleurs, etc. Ne dit-on pas qu’il n’y a pas de sots métiers ?



Le 01/11/21 à 18:59
modifié 02/11/21 à 04:36