Grève des 3000 docteurs chômeurs/Dr Kouamé Rémi Oussou : « On aurait dû les former sur la base de compétences »

Dr Oussou Kouamé Rémi. (DR)
Dr Oussou Kouamé Rémi. (DR)
Dr Oussou Kouamé Rémi. (DR)

Grève des 3000 docteurs chômeurs/Dr Kouamé Rémi Oussou : « On aurait dû les former sur la base de compétences »

Le 06/11/21 à 18:58
modifié 07/11/21 à 01:09
L’enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké et spécialiste du développement professionnel a analysé la situation.
Relativement à l'actualité récente qui fait état de 3000 docteurs chômeurs constitués en un collectif, ayant pris d'assaut les rues pour aller porter leurs préoccupations au Président de la République et qui ont eu maille à partir avec la police, Dr Kouamé Rémi Oussou, enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et spécialiste en développement professionnel, a analysé la situation.

Surtout qu’il y en a une soixantaine parmi eux qui ont été interpelés avant d'être relâchés plus tard.

Au dire du Dr Kouamé Rémi Oussou, la situation aurait dû être gérée en amont si le système de formation avait anticipé en agissant dans le sens du renforcement de leur employabilité. « On aurait pu résorber cette situation ou en minimiser les effets si, en amont, on avait formé les futurs docteurs sur la base de compétences. Et c'est là que le concept de développement professionnel des étudiants prend tout son sens », explique-t-il.

L’enseignant-chercheur indique que diverses propositions ont été faites par ces docteurs allant de la création de postes d'attachés de recherche dans divers ministères à l'insertion en tant qu'assistants dans les universités publiques.

Il souligne que le problème aujourd'hui, c'est qu'on croit que c'est l'État seul qui peut embaucher un docteur ou qu'un docteur est seulement fait pour enseigner dans une université publique. Ce qui parait quasiment impossible, selon lui, vue qu’il n'y a que sept universités publiques dans le pays. « Et d'ailleurs, l'État même est déjà essoufflé même s’il ne le dit pas», relève-t-il.

Pourtant, il y a d'autres structures privées et paraétatiques qui peuvent valablement prendre les docteurs en activité, selon Dr Oussou. Pour ce faire, il suffit que certaines petites conditions soient mises en place.

Au dire de l’expert en développement professionnel, « De manière concrète, il faut, d'abord, préparer l'étudiant à l'acquisition de compétences professionnelles clés par le biais de stages, bénévolat, volontariat, etc. qui vont lui permettre de travailler assez tôt, après la licence ou le master, et non poursuivre des études doctorales, car on s'est aperçu que les étudiants vont jusqu'au doctorat, parce que c'est la seule issue pour eux ». Il pense donc qu’il vaut mieux pour eux de s'inscrire à ce programme et se considérer comme étudiants que de rester là à ne rien faire.

Ensuite, pour ceux qui ont la réelle vocation d'enseigner à l'université, Dr Oussou préconise des collaborations à des projets de recherche interinstitutionnelles entre les universités publiques et les entreprises, institutions ou ONGs pour le développement de projets ponctuels ou de projets de recherche doctorale, afin de faciliter leur embauche plus tard.

Enfin, il y a lieu de souligner que cette crise doit être prise comme un coup de semonce pour les autorités publiques qui, si elles ne se montrent pas plus proactives et innovantes, courent le risque d’être plus fréquemment confrontées à de telles situations qui mettent à mal la cohésion nationale et la paix sociale ; car en dépit des solutions proposées par le ministre, il apparaît plus nécessaire d’attaquer le mal à la racine.


Le 06/11/21 à 18:58
modifié 07/11/21 à 01:09