La chronique de Venance Konan : Fortunes africaines
Kankan Moussa ou Kankou Moussa, ou Kanga Moussa, qui régna sur l’empire du Mali de 1312 à 1337, est souvent présenté comme l’homme le plus riche de tous les temps ou, en tous cas, l’un des plus riches du monde à cette époque, vu qu’il n’existe aucune donnée exacte de sa fortune. En son temps, on estime que le Mali extrayait entre trois et quatre tonnes d’or par an. Ce qui le rendit célèbre dans le monde entier fut son pèlerinage à la Mecque en 1324 dont plusieurs chroniqueurs rendirent compte. Il partit avec une suite de 60000 hommes et 12000 serviteurs et esclaves, et entre dix et douze tonnes d’or portés par 80 dromadaires. En cours de route, il construisait une nouvelle mosquée chaque vendredi dans la localité où il se trouvait, et il distribua tant d’or que le cours de ce métal s’effondra dans les villes du Caire, de Médine et de la Mecque, pendant que les autres biens de consommation connaissaient une forte inflation. A son retour de la Mecque, il n’avait plus d’or et il dut en emprunter à haut intérêt, avant de le rembourser une fois de retour dans son pays. Il revint avec quelques architectes qui construisirent son palais dont on n’a plus de traces, des mosquées et des madrasas à Gao et Tombouctou. Cette dernière ville devint un carrefour religieux, culturel et commercial dont les marchés attiraient les commerçants de toute l’Afrique occidentale, d’Égypte, de Venise, Gênes et Grenade qui venaient y acheter de l’or contre des produits manufacturés.
Quelles traces avons-nous aujourd’hui des œuvres de Kankan Moussa ? La mosquée Djingareyber de Tombouctou, toujours visible, est la seule qui est citée dans les livres d’histoire. Plus d’autre trace de son immense fortune. Ailleurs, des souverains que l’on n’a jamais présentés comme les plus riches de leurs temps ont laissé des œuvres qui ont traversé les siècles, même les millénaires. Les palais, pyramides et temples des Égyptiens de l’antiquité sont toujours là, pour témoigner de leurs puissances. Le site de Zimbabwe témoigne toujours du génie de ses constructeurs, même si l’histoire les a oubliés. En Europe, en Afrique du nord, au Moyen-Orient, les théâtres antiques, cirques, viaducs, ponts et aqueducs entre autres œuvres, ainsi que les cathédrales et autres palais, le site de Pétra en Jordanie, témoignent eux aussi de la puissance de leurs bâtisseurs. Il en est de même en Asie où l’on pourrait citer la Grande muraille de Chine, les innombrables temples d’Inde ou d’Angkor, les statues de Bouddha en Amérique, les pyramides, temples et autres vestiges laissés par les peuples précolombiens, etc.
Kankan Moussa est allé distribuer toute la richesse de son pays à d’autres peuples. Il a tout distribué, au point d’être obligé d’emprunter à taux fort pour pouvoir rentrer chez lui. En retour, il a ramené chez lui la foi des autres. Ce que l’histoire a retenu est qu’il est revenu avec des architectes qui ont construit son palais, des mosquées et des madrasas qui sont des écoles coraniques. Les Maliens d’aujourd’hui, dignes descendants de Kankan Moussa, doivent certainement être très fiers de leur souverain qui a tant fait pour propager l’islam dans leur pays. Cela leur est sans doute égal de savoir que c’est leur or qui a contribué à enrichir l’Europe qui, elle, a utilisé cette fortune pour développer sa science et ses techniques, pour construire de grands bateaux, fabriquer des armes de plus en plus sophistiquées, qui lui ont permis de traverser les océans et aller conquérir le reste du monde, y compris le Mali. Et cela ne semble pas trop les intéresser de savoir que leur or continue d’enrichir d’autres peuples, sauf eux.
Jomo Kenyatta avait dit que lorsque l’homme blanc est arrivé en Afrique, il nous a donné une bible et nous a demandé de fermer les yeux et de prier. Lorsque nous avons ouvert les yeux, nous avions la bible et lui avait pris nos terres. Aujourd’hui, nous avons en Afrique le plus d’églises, de temples et de mosquées au kilomètre carré. Nous vivons dans des cases et des masures à côté, mais cela ne nous dérange pas tant que ça. Nos immenses richesses sont exploitées par les autres mais nous avons la foi. C’est le plus important. Houphouët-Boigny, notre demi-dieu local, était très chrétien. Il a construit dans son village, au milieu des cases et des cabanes, une magnifique basilique et il a laissé en France une considérable fortune qui ne reviendra plus jamais ici. Que son saint nom soit toujours béni. N’avait-il pas dit que tout homme d’affaires et Chef d’État sérieux se devait d’avoir un compte en Suisse ? Il a été si bien compris que tous les fortunés africains, qu’ils soient dans la politique ou dans les affaires, investissent tous ou placent leurs fortunes en Europe. Les investissements en Afrique, c’est pour gagner de quoi placer en Europe ou aux États-Unis. Quels cadeaux magnifiques ne faisons-nous pas aux autres à travers les contrats léonins que nous leur offrons en échange de quelques dessous de tables ? Et après, nous leur empruntons à taux fort de quoi survivre. Non, Kankan Moussa est toujours vivant en nous. Érigeons-lui un grand monument.
Kankan Moussa est allé distribuer toute la richesse de son pays à d’autres peuples. Il a tout distribué, au point d’être obligé d’emprunter à taux fort pour pouvoir rentrer chez lui. En retour, il a ramené chez lui la foi des autres. Ce que l’histoire a retenu est qu’il est revenu avec des architectes qui ont construit son palais, des mosquées et des madrasas qui sont des écoles coraniques. Les Maliens d’aujourd’hui, dignes descendants de Kankan Moussa, doivent certainement être très fiers de leur souverain qui a tant fait pour propager l’islam dans leur pays. Cela leur est sans doute égal de savoir que c’est leur or qui a contribué à enrichir l’Europe qui, elle, a utilisé cette fortune pour développer sa science et ses techniques, pour construire de grands bateaux, fabriquer des armes de plus en plus sophistiquées, qui lui ont permis de traverser les océans et aller conquérir le reste du monde, y compris le Mali. Et cela ne semble pas trop les intéresser de savoir que leur or continue d’enrichir d’autres peuples, sauf eux.
Jomo Kenyatta avait dit que lorsque l’homme blanc est arrivé en Afrique, il nous a donné une bible et nous a demandé de fermer les yeux et de prier. Lorsque nous avons ouvert les yeux, nous avions la bible et lui avait pris nos terres. Aujourd’hui, nous avons en Afrique le plus d’églises, de temples et de mosquées au kilomètre carré. Nous vivons dans des cases et des masures à côté, mais cela ne nous dérange pas tant que ça. Nos immenses richesses sont exploitées par les autres mais nous avons la foi. C’est le plus important. Houphouët-Boigny, notre demi-dieu local, était très chrétien. Il a construit dans son village, au milieu des cases et des cabanes, une magnifique basilique et il a laissé en France une considérable fortune qui ne reviendra plus jamais ici. Que son saint nom soit toujours béni. N’avait-il pas dit que tout homme d’affaires et Chef d’État sérieux se devait d’avoir un compte en Suisse ? Il a été si bien compris que tous les fortunés africains, qu’ils soient dans la politique ou dans les affaires, investissent tous ou placent leurs fortunes en Europe. Les investissements en Afrique, c’est pour gagner de quoi placer en Europe ou aux États-Unis. Quels cadeaux magnifiques ne faisons-nous pas aux autres à travers les contrats léonins que nous leur offrons en échange de quelques dessous de tables ? Et après, nous leur empruntons à taux fort de quoi survivre. Non, Kankan Moussa est toujours vivant en nous. Érigeons-lui un grand monument.