La chronique de Venance Konan: Redressement
Ce long week-end de la Noël a surtout été marqué par les images des élèves ayant perturbé les cours qui ont été envoyés dans un camp de redressement. Ce traitement infligé à ces enfants a été abondamment commenté. Il y a eu, d’un côté, ceux qui ont approuvé cette décision du gouvernement et de l’autre, ceux qui y ont vu une atteinte à leurs droits, une peine inutile, voire dégradante. Mon point de vue personnel est qu’il faut corriger les enfants lorsqu’ils dépassent les bornes et là, ils les avaient largement dépassées. Et c’est justement parce que depuis longtemps, on laisse les enfants faire ce qu’ils veulent que l’on en est arrivé là.
Nous qui avons à peu près l’âge de la Côte d’Ivoire avons coutume de dire que « de notre temps, c’était mieux. » Concernant le comportement des élèves, je dirais plutôt que c’était différent. De notre temps, il y a eu aussi des petits et grands voyous dans nos écoles. Mais cela n’avait pas les mêmes proportions que de nos jours, parce que nous étions corrigés en permanence. A la fois par nos parents et par nos maîtres. Un élève qui avait un mauvais comportement ou qui travaillait mal à l’école était tout simplement chicoté ou fouetté ou battu, si vous voulez, par ses parents et par ses maîtres. Et cela ne nous a pas laissé de traumatismes particuliers. Ceux de ma génération doivent certainement se souvenir de cette expression « quatre gaillards. » Cela voulait dire que quatre élèves costauds tiennent l’élève qui doit être puni par chaque membre afin que le maître puisse lui fouetter les fesses et le dos. Certes, il y eut quelques cas, rares, d’enseignants vraiment sadiques, des accidents, tout aussi rares, qui conduisirent à la mort d’enfants ou à des blessures graves, mais dans l’ensemble, les enseignants de cette époque savaient doser les coups de fouet et de trique. Après cela, lorsque nous sortions de l’école primaire pour entrer au collège, nous étions déjà droits. Nous qui avons fréquenté l’école catholique de Ouellé, dans les années soixante, avions connu un prêtre français, le père Michaux, que nous détestions pour sa sévérité. Des années plus tard, les cadres que la plupart d’entre nous sommes devenus avions décidé de fêter ensemble nos cinquante ans à Ouellé. Eh bien, nous nous sommes organisés pour faire revenir le père Michaux de sa France natale où il avait pris sa retraire afin de l’honorer. Parce que, devenus grands et ayant réussi à nous faire une place dans la société, nous avons compris que nous devons une partie de notre réussite à la sévérité du père Michaux. Nous étions conscients que s’il ne nous avait pas redressés à temps, avec l’accord de nos parents, plusieurs d’entre nous auraient pu mal tourner. Nous ne pourrons jamais oublier l’émotion qui l’a étreint lorsqu’il a remis les pieds dans sa mission de Ouellé, lorsqu’il s’est retrouvé entouré par les petits chenapans que plusieurs d’entre nous étions lorsque nous étions des enfants. Nous avons passé une bonne partie de la journée à lui raconter tous les coups pendables que nous lui jouions, comment certains d’entre nous volaient des hosties pour en faire de la bouillie et la peur qu’il nous infligeait lorsqu’il disait, pendant la messe du dimanche, que ceux qui avaient volé ces hosties défèqueront du sang car c’était le sang du Christ.
Les sévices corporels sur les enfants ont été interdits et c’est une bonne chose. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas punir un enfant lorsqu’il se comporte mal. Il suffit de naviguer sur internet pour découvrir les camps de redressement pour enfants mal élevés dans les pays qui sont le plus à cheval sur leurs droits, tels que les États-Unis. Ces camps servent justement à les redresser pour qu’ils ne se retrouvent pas dans de vraies prisons lorsqu’ils deviendront grands. J’estime qu’il est du devoir de l’État de redresser, dès à présent, ces élèves qui perturbent les cours et sèment la violence dans les écoles. Le problème de notre pays, c’est que tout le monde avait démissionné à un certain moment. Les premiers, c’étaient les parents d’élèves. Les deuxièmes, les enseignants qui avaient perdu toute motivation lorsque les salaires étaient devenus à deux vitesses. Et, enfin, l’État lui-même avait démissionné à son tour. L’école publique était devenue un endroit où l’on allait entasser les enfants, sans trop se préoccuper de ce qu’ils y faisaient ou recevaient comme enseignement. Que pouvait-on attendre d’une école où les enfants sont au moins cent par classe ?
Il y a de très longues années de cela, il existait un service militaire qui contribuait à donner une certaine discipline aux jeunes Ivoiriens et à leur inculquer quelques valeurs. Ce service a été supprimé, peut-être pour des raisons économiques. Mais il y a le service civique qui existe toujours. Il faudrait peut-être réfléchir à sa généralisation. Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas que l’action de redressement des petits délinquants à Bimbresso soit un coup d’épée dans l’eau. Il faut, au contraire, qu’elle pèse en permanence sur la tête des enfants comme une épée de Damoclès. Qu’ils sachent que s’ils se comportent mal, ils pourraient se retrouver à Bimbresso. Et pas en vacances.
Les sévices corporels sur les enfants ont été interdits et c’est une bonne chose. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas punir un enfant lorsqu’il se comporte mal. Il suffit de naviguer sur internet pour découvrir les camps de redressement pour enfants mal élevés dans les pays qui sont le plus à cheval sur leurs droits, tels que les États-Unis. Ces camps servent justement à les redresser pour qu’ils ne se retrouvent pas dans de vraies prisons lorsqu’ils deviendront grands. J’estime qu’il est du devoir de l’État de redresser, dès à présent, ces élèves qui perturbent les cours et sèment la violence dans les écoles. Le problème de notre pays, c’est que tout le monde avait démissionné à un certain moment. Les premiers, c’étaient les parents d’élèves. Les deuxièmes, les enseignants qui avaient perdu toute motivation lorsque les salaires étaient devenus à deux vitesses. Et, enfin, l’État lui-même avait démissionné à son tour. L’école publique était devenue un endroit où l’on allait entasser les enfants, sans trop se préoccuper de ce qu’ils y faisaient ou recevaient comme enseignement. Que pouvait-on attendre d’une école où les enfants sont au moins cent par classe ?
Il y a de très longues années de cela, il existait un service militaire qui contribuait à donner une certaine discipline aux jeunes Ivoiriens et à leur inculquer quelques valeurs. Ce service a été supprimé, peut-être pour des raisons économiques. Mais il y a le service civique qui existe toujours. Il faudrait peut-être réfléchir à sa généralisation. Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas que l’action de redressement des petits délinquants à Bimbresso soit un coup d’épée dans l’eau. Il faut, au contraire, qu’elle pèse en permanence sur la tête des enfants comme une épée de Damoclès. Qu’ils sachent que s’ils se comportent mal, ils pourraient se retrouver à Bimbresso. Et pas en vacances.