Grand pionnier de la presse panafricaine: Justin Vieyra, ancien Directeur d'Ivoire Dimanche repose à Williamsville

Le journaliste Justin Vierya
Le journaliste Justin Vierya
Le journaliste Justin Vierya

Grand pionnier de la presse panafricaine: Justin Vieyra, ancien Directeur d'Ivoire Dimanche repose à Williamsville

Le 31/01/22 à 08:36
modifié 31/01/22 à 13:14
« Il a fait, bien fait, ce qu’il avait à faire dans cette vie pour Dieu comme pour ses semblables ». C’est par ces mots pleins de justesse que le prêtre célébrant de l’église Bon Pasteur de la Riviera III, a commencé son homélie lors de la messe de requiem prononcée, le 28 janvier 2022, en ce lieu de culte, à la mémoire de Justin Marie Honoré Vieyra, monument de la presse panafricaine disparu le 13 janvier à Abidjan, dans sa 87e année.

Justin Vieyra
Justin Vieyra



Un âge « canonique » qu’il n’est pas donné à tous d’atteindre, a encore souligné le célébrant qui, dans ses mots de réconfort à la famille éplorée, a invité l’assemblée à considérer ces 87 années du défunt comme une grâce de Dieu à son serviteur. Et l’on est tenté de dire, comme le disent les Ecritures : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S'en aller en paix ».

Journaliste Éditeur, Justin Vieyra commence sa carrière journalistique à Radio Dahomey (ancien nom de l’actuel Bénin) dont il a été le rédacteur en chef autour des années 1960.

Travailleur infatigable, professionnel méticuleux et perfectionniste à souhait, Justin Vieyra s’est fait connaître surtout comme grande plume et patron de presse, notamment en tant que rédacteur en chef de Jeune Afrique, à Paris, fondateur du quotidien panafricain Le Continent (Paris, Tunis, Abidjan), directeur de l’hebdomadaire Ivoire Dimanche, rapporte le journaliste Lucien Houédanou que le défunt recruta comme secrétaire général de la rédaction d’Ivoire Dimanche, un titre phare du Groupe Fraternité Matin qui contribua amplement, par sa qualité éditoriale et graphique, au renom du quotidien national ivoirien dans la sous-région et au-delà, dans l’espace francophone.

Créé en 1971, Ivoire Dimanche s’illustrera, sous le leadership de Justin Vieyra, comme un News magazine d’envergure nationale et internationale dont la cinquantaine de pages consacrées autant aux enquêtes truculentes qu’à la réflexion intellectuelle feront le bonheur de tous les amoureux des belles lettres.

Justin savait choisir les mots comme il savait détecter les talents. L’une de ses grandes forces fut, précisément, de réunir dans cet hebdomadaire dominical de grandes plumes qui seront plus tard, après le printemps de la presse ivoirienne des années 1990, les figures incontournables du paysage médiatique ivoirien.

Rédacteur en Chef de Jeune Afrique à Paris, Justin Vieyra sera sollicité par le fondateur de ce magazine panafricain, Béchir Ben Yahmed, pour diriger le bureau de Jeune Afrique à Abidjan. C’est avec une grande fierté que je rejoindrai l’équipe qu’il venait de constituer, et ce fut véritablement le départ de ma carrière internationale.

Après la fin de l’expérience du bureau d’Abidjan finalement fermé par Jeune Afrique, Justin Vieyra m’aidera à intégrer la rédaction de ce magazine, comme correspondant en Côte d’Ivoire, à une période particulièrement tourmentée de l’histoire de la Côte d’Ivoire, à la fin de la décennie 1990. Alors que les luttes politiques étaient à leur paroxysme et que chacun de mes articles était scruté et souvent mal accueilli par le pouvoir d’alors, je trouvais toujours auprès du « Doyen » réconfort et encouragements.

« En toute occasion, rester professionnel, ne jamais écrire sans avoir écouté au moins trois points de vue différents », sont autant de sages conseils prodigués par cet homme d’expérience, formé à l’école de la rigueur, de la probité et de la mesure.

A mon retour à Abidjan et alors qu’il était occupé à faire rayonner sa radio, Radio Femmes solidarité devenue par la suite Radio Abidjan1, il trouvait malgré tout, le temps de critiquer mes articles et mes chroniques, de me prodiguer ces sages conseils d’homme avisé qui me manqueront, à moi et à bien d’autres qu’il a généreusement formés et aidé à éclore. Qui m’aidera désormais à poursuivre la mission qu’il m’avait confiée, à savoir lancer des titres qu’il avait conçus mais n’avait pas eu le temps ou l’énergie nécessaire pour les faire paraître, happé par l’âge et la maladie ?

Le mentor, pionnier et icône de la presse africaine et francophone repose désormais au cimetière de Williamsville à Abidjan, après une vie bien remplie, aux plans professionnel comme familial.

Que la terre lui soit légère !



Le 31/01/22 à 08:36
modifié 31/01/22 à 13:14