Conflit entre mareyeurs autour du faux-thon : Les consommateurs inquiets

Jean-Baptiste Koffi, président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
Jean-Baptiste Koffi, président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
Jean-Baptiste Koffi, président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)

Conflit entre mareyeurs autour du faux-thon : Les consommateurs inquiets

Le 02/02/22 à 13:43
modifié 02/02/22 à 13:52
Les consommateurs qui veulent une réduction du prix du faux-thon ont applaudi la mesure portant plafonnement du prix de ce poisson. Mais, l’évidence, selon Jean-Baptiste Koffi, la crise qui est née entre les mareyeurs est en mesure d’entraîner la hausse du prix du faux thon.
La guéguerre autour du faux-thon risque d’entraîner la hausse du prix du poisson thon chez le consommateur. De quoi s’agit-il ?

Dans une déclaration diffusée, le 31 janvier 2022, le président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire (Ufc-Ci), Jean-Baptiste Koffi, est très inquiet.

En effet, selon le président de l’Ufc-Ci, la grogne actuelle des armateurs peut se solder par un refus de ces derniers d’approvisionner le marché local, tout en privilégiant une exportation dans le but d’avoir une meilleure marge bénéficiaire. « Dans un tel scénario, il faut craindre que le déséquilibre de l’offre et la demande ne joue contre les consommateurs qui verront les prix prendre l’ascenseur », interpelle-t-il.

Puis de relever que si chacune des parties (armateurs et Etat) campe sur sa position, il faut craindre une fin anticipée des activités des mareyeurs qui vont certainement se convertir en importateurs de poissons sous une autre forme qui reviendra forcément plus cher aux consommateurs.

« Autre risque à ne pas écarter, il faut craindre qu’une révision des charges fiscales et douanières au niveau des activités des mareyeurs ne soit répercutée sur les consommateurs. Bref, pour ne citer que ces quelques cas, il est fort à parier que la guerre actuelle du faux-thon ne se solde par une grande victoire de l’administration. Les mareyeurs y laisseront certainement des plumes mais les consommateurs risquent gros. Autant le dire, l’attiéké et le poisson garba qui constituent une source d’alimentation pour une grande frange de la population, n’ont jamais été aussi menacés dans notre pays », interpelle Jean-Baptiste Koffi.

Et pour cause, à l’en croire, la crise entre les mareyeurs au port de pêche sur le faux-thon a permis à l’administration publique d’ouvrir les yeux sur ce secteur d’activité pour mieux le comprendre et l’appréhender au regard des normes comptables, commerciales, financières, fiscales, etc. en vigueur en Côte d’Ivoire.

« La possibilité a été donnée par la Commission de la concurrence qui, au terme d’une série d’investigations dans le secteur, a conclu à l’existence de pratiques spéculatives dans la commercialisation du faux-thon. Selon la Commission de la concurrence, cette pratique spéculative désorganise le marché en renchérissant artificiellement les prix sur la chaîne de distribution. Une telle information ne pouvait laisser le gouvernement sans réaction. Aussi a-t-il été procédé par décret n°2021-910 du 22 décembre 2021, au plafonnement du prix du kilogramme de poisson faux-thon pour une période de six mois », souligne-t-il.

Pour ce responsable de cette association consumériste, si ce plafonnement du prix est salué par les consommateurs, il risque à terme d’entraîner une pénurie et par ricochet une augmentation du prix du faux-thon communément appelé poisson ‘’garba’’. Car fait savoir M. Koffi, l’argent qui circulait autrefois en dehors du circuit bancaire classique sera à nouveau injecté dans le circuit normal.

Poursuivant, il relève que les opérateurs économiques étrangers (armateurs) qui faisaient de bonnes affaires en toute discrétion avec des mareyeurs grossistes seront, à coup sûr, imposés dorénavant sur les chiffres d’affaires qu’ils réalisent en Côte d’Ivoire. Aussi, les services de contrôle du Trésor ont-il un motif supplémentaire pour diligenter les contrôles des comptes d’escales des navires thoniers, etc.

Par conséquent, le président de l’Ufc-Ci avance que chez les mareyeurs, le temps des remords a dû certainement sonné. « Côté consommateurs, premiers bénéficiaires annoncés de toutes ces mesures gouvernementales, la sérénité n’est pas de mise parce que la grogne actuelle des armateurs peut se solder par des difficultés d’approvisionnement du marché », conclut-il.

Assurément, les effets néfastes liés à la crise sur le faux-thon risquent d’être dévastateurs pour les consommateurs en particulier.


Le 02/02/22 à 13:43
modifié 02/02/22 à 13:52