De la gueule du loup à la gueule du lion ?: L’inquiétante trajectoire socio-politique des pays ouest-africains
Cycle des coups d’Etats : l’Afrique de l’Ouest, en route pour un enfer programmé ?
Après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, qui ont à leur tête des juntes militaires, la Guinée Bissau vient de subir une tentative avortée de coup d’État.
Si de plus en plus, l’Afrique de l’Ouest semble aujourd’hui sujette à l’intrusion des militaires sur la scène politique, le mythe de certains capitaines putschistes élevés au rang de héros nationaux, voir planétaires, à un moment donné de notre histoire, semble y être pour beaucoup... Thomas Sankara, Jerry Rawlings, Amadou Haya Sanogo, Moussa Dadis Camara, Amadou Toumani Touré, tous transgresseurs ... ont été applaudis à tout rompre, en oubliant trop souvent que ces derniers étaient avant leur coup d’état, ce corps, cette garde prétorienne même qui incarne toujours au forceps le maintien au pouvoir d’une élite abonnée à la mal gouvernance avec leur complicité.
Que dire du coup d’état du Général Sani Abacha au Nigéria et ses méfaits sur l’économie de la première puissance d’Afrique noire ? Le fait qu’un coup de force soit applaudi par une majorité, le rend-il pour autant fondé et légitime ? ASSUREMENT NON !
Le putsch du capitaine Aya Sanogo au Mali, n’était-il pas le coup d’État que nous qualifierons de plus inutile et insensé, qui soit dans notre histoire sous-régionale, (si toutefois il existait des coups d’état utiles !), et qui malheureusement avait été applaudi par les mêmes maliens ?
Et certains Maliens et Africains n’applaudissent-il pas encore aujourd’hui, un autre putsch venu renverser les tenants et acteurs d’un précédent coup d’état, et qui aujourd’hui est certainement entrain de conduire le Mali vers l’inconnu, sur la base de montée crescendo de discours et slogans pompeux et rétrogrades « du chevalier sans peur et sans reproche » ? Ne nous trompons pas ! Au 21ième siècle, nous parlons de stratégie, d’intelligence, d’organisation, d’exercice du pouvoir avec mesure, de cadres de concertation régionale et non de courage, de bravoure, de tromperies sans véritable puissance, ni appuis conséquents....
Entre assises nationales post-putsch et les impératifs de lutte contre le terrorisme et la mal-gouvernance, qui sont les arguments des putschistes, comment rattraper le temps perdu. Les putschs n’aggravent-ils pas la situation sécuritaire déjà délétère ? Lorsqu’on est empreint de bonne volonté et bonne foi, en bons gardiens du Temple, sans aucun programme pernicieux, douze mois ne suffisent-ils pas largement pour passer la main à un gouvernement démocratiquement élu ?
À quand le prochain coup d’État au Mali, au Burkina ou en Guinée ? Probablement lorsqu’un nouveau président élu sera jugé peu au goût du jour, avant les prochaines échéances électorales, trop incertaines pour certains, trop longues à attendre pour d’autres.
Toutefois, force est de reconnaitre cependant aux militaires d’être de fins analystes qui savent quand la bourrasque risque de se lever, quand le fruit mûr à point risque de tomber, pour retourner subrepticement, tel des prestidigitateurs leurs vestes, versant une poudre aux yeux mythique quant à l’aversion du peuple pour certains symboles, en entonnant des rhétoriques populistes vieilles comme le monde, et autres hymnes à la nation en péril !
Et après leur ascension à un pouvoir des plus mal acquis, puisque sans légitimité aucune, ils nous bercent de Litanies, de Liturgies et de Léthargie, et nous menant encore dans la règle néfaste des 3L que décrivait fort justement Edgard Faure à une certaine époque.
Se méfier des fanfaronnades de juntes militaires...
Pour anecdote et témoignage de ces fanfaronnades et d’une certaine duplicité, des us et coutumes de certaines juntes militaires, je me remémore encore la visite à mon hôtel à Conakry, plus précisément « au Petit bateau » du jeune Junior Camara, fils de Dadis Camara, à peine âgé de 21 ans, si mes souvenirs sont bons, étudiant de son état, et de son cousin Bouba, dont je ne me rappelle plus le nom de famille, lorsque en Août 2009, je négociais pour le compte de cette pseudo-révolution guinéenne, la visite en Guinée du Cheick Hamdan Bi Zayed Al Nahyan et celle de Monsieur Ahmad GADDAFI aux fins d’appuis financiers, en échange de l’exploitation du littoral pétrolier et d’autres productions minières, cela pour faire face aux tensions extrêmes de trésorerie rencontrées par la junte, et pour honorer les salaires, les caisses de l’état étant vides !...Retenons pour résumer, que pendant que le père, Dadis Camara en l’occurrence, pourfendeur des compagnies minières qu’il fustigeait et humiliait allègrement au quotidien sur les ondes de la télévision et des radios guinéennes, ces jeunes hommes que j’accompagnais au perron de mon hôtel, roulaient carrosse dans une BMW 525 flambant neuve et une Mitsubishi Pajero toute aussi rutilante, portant encore par endroit un plastique sur les sièges en cuir, comble de mauvais goût pour le nouveau riche qui affiche avec ostentation ses nouveaux attributs soit dit en passant, toutes choses que je remarquai pour avoir été invité à m’y installer pour achever la partie de notre conversation qui ne pouvait avoir lieu avec pour tout témoin que le bon DIEU !
Quel choc pour moi que l’opulence à peine voilée de ces jeunes hommes sans emploi, flanqués de gardes du corps en treillis d’apparat. Interloqué, abasourdi, quelque peu groggy, je m’en retournai cette nuit-là à mes pénates dans ma chambrée, où j’eus le sommeil délicat, convaincu d’avoir été floué par les fanfaronnades d’une junte pour laquelle j’avais nourri quelques élans de sympathie et d’espoir, pensant pouvoir à travers mon intermédiation, joindre l’utile à l’agréable, en réalisant une facilitation salvatrice pour le peuple de Guinée et ses dirigeants en quête de lendemains meilleurs ! Que Nenni ! Il ne s’agissait ni plus, ni moins que d’une mystification à laquelle jusqu’à ce jour encore, je ne saisis toujours pas le sens, les raisons...
Le jeune Junior Camara sera d’ailleurs quelques mois plus tard, retrouvé noyé dans une piscine au Canada pour d’obscures raisons.
Les arguments du péril terroriste, de la mal gouvernance politico-économique, et de la quête de la souveraineté nationale, au vu de cette anecdote, loin d’être un cas isolé de l’ascension des militaires au pouvoir en Afrique, ne sont-ils pas abusivement mis en avant pour justifier des prises de pouvoir de jeunes capitaines et autres colonels aux ambitions personnelles démesurées, qui se saisissent en général d’une opportunité sans vision véritable ?
Pour revenir au cas Malien, la facture mensuelle de l’intervention de Wagner s’élèverait à plus six milliards de Fcfa. Or donc, le Mali est capable de payer d’honorer de pareille facture pour les mercenaires de Wagner. Quelle justification à un tel engagement si ce n’est pour garantir à une junte une relative quiétude et en réalité la perpétration, la pérennité de son pouvoir pendant au moins 05 ans encore !!! Avec pareil capacité de financement, la junte malienne peut acquérir des armes et s’installer durablement sur tous les fronts, en laissant un gouvernement civil démocratiquement élu, administrer les destinées du Pays !
Face à une certaine recrudescence des putschs, conduits par ces faux messies, la classe politique, les forces armées, la société civile, la conscience collective en somme, en Afrique de l’Ouest, doit savoir raison garder.
Par Tiémoko CISSE
Chef d’entreprises,
Spécialiste en relations économiques internationales,
Conseiller municipal, commune de Marcory
Si de plus en plus, l’Afrique de l’Ouest semble aujourd’hui sujette à l’intrusion des militaires sur la scène politique, le mythe de certains capitaines putschistes élevés au rang de héros nationaux, voir planétaires, à un moment donné de notre histoire, semble y être pour beaucoup... Thomas Sankara, Jerry Rawlings, Amadou Haya Sanogo, Moussa Dadis Camara, Amadou Toumani Touré, tous transgresseurs ... ont été applaudis à tout rompre, en oubliant trop souvent que ces derniers étaient avant leur coup d’état, ce corps, cette garde prétorienne même qui incarne toujours au forceps le maintien au pouvoir d’une élite abonnée à la mal gouvernance avec leur complicité.
Que dire du coup d’état du Général Sani Abacha au Nigéria et ses méfaits sur l’économie de la première puissance d’Afrique noire ? Le fait qu’un coup de force soit applaudi par une majorité, le rend-il pour autant fondé et légitime ? ASSUREMENT NON !
Le putsch du capitaine Aya Sanogo au Mali, n’était-il pas le coup d’État que nous qualifierons de plus inutile et insensé, qui soit dans notre histoire sous-régionale, (si toutefois il existait des coups d’état utiles !), et qui malheureusement avait été applaudi par les mêmes maliens ?
Et certains Maliens et Africains n’applaudissent-il pas encore aujourd’hui, un autre putsch venu renverser les tenants et acteurs d’un précédent coup d’état, et qui aujourd’hui est certainement entrain de conduire le Mali vers l’inconnu, sur la base de montée crescendo de discours et slogans pompeux et rétrogrades « du chevalier sans peur et sans reproche » ? Ne nous trompons pas ! Au 21ième siècle, nous parlons de stratégie, d’intelligence, d’organisation, d’exercice du pouvoir avec mesure, de cadres de concertation régionale et non de courage, de bravoure, de tromperies sans véritable puissance, ni appuis conséquents....
Entre assises nationales post-putsch et les impératifs de lutte contre le terrorisme et la mal-gouvernance, qui sont les arguments des putschistes, comment rattraper le temps perdu. Les putschs n’aggravent-ils pas la situation sécuritaire déjà délétère ? Lorsqu’on est empreint de bonne volonté et bonne foi, en bons gardiens du Temple, sans aucun programme pernicieux, douze mois ne suffisent-ils pas largement pour passer la main à un gouvernement démocratiquement élu ?
À quand le prochain coup d’État au Mali, au Burkina ou en Guinée ? Probablement lorsqu’un nouveau président élu sera jugé peu au goût du jour, avant les prochaines échéances électorales, trop incertaines pour certains, trop longues à attendre pour d’autres.
Toutefois, force est de reconnaitre cependant aux militaires d’être de fins analystes qui savent quand la bourrasque risque de se lever, quand le fruit mûr à point risque de tomber, pour retourner subrepticement, tel des prestidigitateurs leurs vestes, versant une poudre aux yeux mythique quant à l’aversion du peuple pour certains symboles, en entonnant des rhétoriques populistes vieilles comme le monde, et autres hymnes à la nation en péril !
Et après leur ascension à un pouvoir des plus mal acquis, puisque sans légitimité aucune, ils nous bercent de Litanies, de Liturgies et de Léthargie, et nous menant encore dans la règle néfaste des 3L que décrivait fort justement Edgard Faure à une certaine époque.
Se méfier des fanfaronnades de juntes militaires...
Pour anecdote et témoignage de ces fanfaronnades et d’une certaine duplicité, des us et coutumes de certaines juntes militaires, je me remémore encore la visite à mon hôtel à Conakry, plus précisément « au Petit bateau » du jeune Junior Camara, fils de Dadis Camara, à peine âgé de 21 ans, si mes souvenirs sont bons, étudiant de son état, et de son cousin Bouba, dont je ne me rappelle plus le nom de famille, lorsque en Août 2009, je négociais pour le compte de cette pseudo-révolution guinéenne, la visite en Guinée du Cheick Hamdan Bi Zayed Al Nahyan et celle de Monsieur Ahmad GADDAFI aux fins d’appuis financiers, en échange de l’exploitation du littoral pétrolier et d’autres productions minières, cela pour faire face aux tensions extrêmes de trésorerie rencontrées par la junte, et pour honorer les salaires, les caisses de l’état étant vides !...Retenons pour résumer, que pendant que le père, Dadis Camara en l’occurrence, pourfendeur des compagnies minières qu’il fustigeait et humiliait allègrement au quotidien sur les ondes de la télévision et des radios guinéennes, ces jeunes hommes que j’accompagnais au perron de mon hôtel, roulaient carrosse dans une BMW 525 flambant neuve et une Mitsubishi Pajero toute aussi rutilante, portant encore par endroit un plastique sur les sièges en cuir, comble de mauvais goût pour le nouveau riche qui affiche avec ostentation ses nouveaux attributs soit dit en passant, toutes choses que je remarquai pour avoir été invité à m’y installer pour achever la partie de notre conversation qui ne pouvait avoir lieu avec pour tout témoin que le bon DIEU !
Quel choc pour moi que l’opulence à peine voilée de ces jeunes hommes sans emploi, flanqués de gardes du corps en treillis d’apparat. Interloqué, abasourdi, quelque peu groggy, je m’en retournai cette nuit-là à mes pénates dans ma chambrée, où j’eus le sommeil délicat, convaincu d’avoir été floué par les fanfaronnades d’une junte pour laquelle j’avais nourri quelques élans de sympathie et d’espoir, pensant pouvoir à travers mon intermédiation, joindre l’utile à l’agréable, en réalisant une facilitation salvatrice pour le peuple de Guinée et ses dirigeants en quête de lendemains meilleurs ! Que Nenni ! Il ne s’agissait ni plus, ni moins que d’une mystification à laquelle jusqu’à ce jour encore, je ne saisis toujours pas le sens, les raisons...
Le jeune Junior Camara sera d’ailleurs quelques mois plus tard, retrouvé noyé dans une piscine au Canada pour d’obscures raisons.
Les arguments du péril terroriste, de la mal gouvernance politico-économique, et de la quête de la souveraineté nationale, au vu de cette anecdote, loin d’être un cas isolé de l’ascension des militaires au pouvoir en Afrique, ne sont-ils pas abusivement mis en avant pour justifier des prises de pouvoir de jeunes capitaines et autres colonels aux ambitions personnelles démesurées, qui se saisissent en général d’une opportunité sans vision véritable ?
Pour revenir au cas Malien, la facture mensuelle de l’intervention de Wagner s’élèverait à plus six milliards de Fcfa. Or donc, le Mali est capable de payer d’honorer de pareille facture pour les mercenaires de Wagner. Quelle justification à un tel engagement si ce n’est pour garantir à une junte une relative quiétude et en réalité la perpétration, la pérennité de son pouvoir pendant au moins 05 ans encore !!! Avec pareil capacité de financement, la junte malienne peut acquérir des armes et s’installer durablement sur tous les fronts, en laissant un gouvernement civil démocratiquement élu, administrer les destinées du Pays !
Face à une certaine recrudescence des putschs, conduits par ces faux messies, la classe politique, les forces armées, la société civile, la conscience collective en somme, en Afrique de l’Ouest, doit savoir raison garder.
Par Tiémoko CISSE
Chef d’entreprises,
Spécialiste en relations économiques internationales,
Conseiller municipal, commune de Marcory