Boa Kouamé Roméo (spécialiste en éducation financière): « La plupart des couples ne savent pas ordonner leurs dépenses »

Bokoro Sagesse (au centre) aide à la bonne gestion des finances. (Ph: JBK)
Bokoro Sagesse (au centre) aide à la bonne gestion des finances. (Ph: JBK)
Bokoro Sagesse (au centre) aide à la bonne gestion des finances. (Ph: JBK)

Boa Kouamé Roméo (spécialiste en éducation financière): « La plupart des couples ne savent pas ordonner leurs dépenses »

Le 09/02/22 à 15:24
modifié 10/02/22 à 14:58
« Bokoro sagesse » de son vrai nom Boa Kouamé Roméo est spécialiste en éducation financière. Il est le président directeur général de la firme Boason crowd capital. Dans cet entretien, il propose ses secrets pouvant transformer le portefeuille des familles.
Une éducation financière, comment peut-on la définir et la vivre ?

Nous sommes dans un monde où on tourne en rond. On se lève tous les jours pour aller travailler dans l’optique d’obtenir une rétribution financière en retour. Mais à notre grande surprise on constate que l’argent que nous obtenons ne sert pas à grande chose. Le piège dans lequel la société nous met, c’est de nous conduire inexorablement vers une société de consommation dans laquelle nous ne sommes pas acteurs de ce que nous faisons. Vous devez mettre une pause à un moment donné et vous demander est-ce la bonne manière de faire ? Nous pensons que la bonne manière, c’est de faire en sorte que ce soit l’argent qui travaille pour nous. Donc l’éducation financière est cette discipline qui permet à celui qui veut avoir un bon rapport avec l’argent de pouvoir véritablement changer la manière dont il l’utilise. L’éducation financière va entrainer votre esprit à être beaucoup plus intelligent financièrement. Quand on est à court d’argent, on court vers la banque pour aller prendre du crédit, vers le voisin ou même le boutiquier du quartier. Comment vous pouvez imaginer que quelqu’un qui travaille, roule en voiture, c’est au boutiquier du quartier qu’il va demander un sac de riz. Ça veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Comment éviter de telles situations ?

Tout le sens de la logique se trouve dans le mot responsabilité. Qui est responsable quand tu as l’argent et qui en est responsable quand tu n’en n’as pas ? Personne ne nous doit rien. Vous allez voir dans les rues, des gens qui vous accostent qui ont besoin d’aide, c’est leur métier. Aujourd’hui à cause de ces comportements on ne veut plus être social. On ne veut plus aider quelqu’un parce que c’est marrant de savoir qu’il y a des gens qui sont des mendiants et qui ont des immeubles. La responsabilité de votre situation financière ne revient qu’à vous et à vous seul. Si vous avez des problèmes d’argent, c’est à cause de vous. Si vous vous en sortez dans la vie, c’est grâce à vous. Une fois que vous avez compris ce sens de responsabilité, vous recherchez maintenant les actions à poser, qui dépendent de vous pour faire changer les choses. Et l’une des actions importantes à poser pour changer les choses, c’est de chercher là où les gens qui peuvent nous inspirer à passer à un autre niveau sont et à les ressembler.

A vous écouter pour avoir une stabilité financière, il faut adopter un comportement. C’est lequel ?

Le comportement le plus important que je peux demander à quelqu’un d’avoir, c’est qu’il y a trop de personnes qui gagnent très peu d’argent. Ceux-ci doivent viser plus haut. Il y en a qui gagnent relativement beaucoup d’argent mais qui dépensent tout. Le plus important n’est pas de gagner, le plus important c’est combien vous réussissez à conserver. Devenir compétent dans l’art de conserver une bonne partie de ce qu’on gagne. Chaque billet de banque qui rentre dans votre poche, vient pour vous enrichir à la base. Mais la manière dont vous allez faire sortir cet argent va déterminer si oui ou non vous suivez cette nature ou vous la dénaturez. Avant qu’un franc ne quitte ou ne rentre dans votre poche vous devez le savoir. C’est ce qu’on appelle la budgétisation. Il y a beaucoup de personnes qui continuent de vivre au jour le jour comme des personnes qui vivent l’étape de la cueillette. Il faut apprendre à budgétiser le plus possible de sorte à pouvoir réussir. Si tu gagnes 100 000 Fcfa, arrange-toi à ne pas dépenser plus de 70 000 Fcfa. Si je veux dépenser les 70 000 Fcfa je dois apprendre à gagner plus. Si vous ne réussissez pas à mesurer combien vous gagnez et combien vous devez dépenser, vous ne pourrez pas mesurer votre style de vie. Les gens augmentent leur niveau de vie et oublient d’augmenter leur revenu.

Peut-on affirmer que le manque de planification financière peut avoir un impact dans la gestion d’un couple ?

Le rapport entre l’argent et le couple est parti d’un constat que nous avons fait. Nous avons mené une enquête, une étude sur les causes des divorces. Le résultat nous a choqué drastiquement. 81% des cas de mariages ont moins de 2 ans en Côte d’Ivoire. C’est dommage ! On se demande pourquoi on fait autant de boucan dans les mariages et après on va divorcer dans le couloir ? 73 % des causes de divorces sont dues au manque d’argent, à la sexualité et aux belles familles. C’est pourquoi nous allions les deux thématiques qui concerne l’éducation financière et le coaching matrimonial afin de pouvoir apporter des solutions concrètes, fiables et expérimentées.

Selon vous, comment on peut réussir à budgétiser les finances dans les foyers ?

La majorité des couples ne sait pas comment dépenser. Si je sais que je gagne par exemple 100 000 Fcfa et que je dois m’arranger à dépenser 70 000 Fcfa ou 80 000 F Cfa, il n’y a pas problème. Si je sais ce que je gagne et que je ne contrôle rien, j’endosse la responsabilité. Toutes les dépenses qui arrivent, je les amorti. Dans ce cas dès que l’argent est fini, je tombe dans une phase chronique. Je deviens haineux, aigri, coléreux parce que je n’ai plus d’argent et cela a des conséquences. C’est pourquoi je demande aux gens de marquer une petite pause pour ordonner leurs dépenses. On aurait moins de difficultés dans notre société actuelle. Les dépenses sont bonnes mais toutes ne sont pas bonnes à faire. Au village, les parents connaissent ce principe. Lorsque les parents font leur récolte, ils ont un grenier pour la conservation d’une partie de leurs produits agricoles. Quand tu vas prendre un crédit de 20 000 Fcfa ou de 50 000 Fcfa chez le voisin ou quelque part, dis-toi que dans tes 100 000 Fcfa du mois, tu viens de consommer ces montants empruntés. Voilà pourquoi, les gens tombent dans l’engrenage, ils ont des difficultés. Ils tombent dans une course infernale d’engrenage, ils risquent de ne pas s’en sortir toute leur vie.

Quels conseils pouvez-vous donner à ces nombreux diplômés sortis des grandes écoles qui attendent des moyens financiers colossaux pour s’offrir des opportunités de travail ?

Je pense toujours à ces jeunes et je leur dis tous les jours que ce qui est intéressant, c’est de passer aujourd’hui du school to job au school to business parce que l’emploi qu’ils vont chercher c’est parce qu’il a fallu qu’un jour quelqu’un le créée pour qu’ils aillent le chercher. On doit susciter une nouvelle génération de créateurs d’emplois et non pas à entretenir une génération de demandeurs d’emplois. Un business ne nécessite pas forcément de l’argent. Tu peux aller voir le tonton du quartier qui est couturier qui coud des habits et n’est pas capable de les vendre. Vous ciblez des modèles que vous prenez à 5000 Fcfa avec lui et que vous pouvez vendre à 10 000 Fcfa dans un autre quartier. Ce sont des choses très pratiques. On peut encourager les gens à le faire. Le couturier a un nombre de vu limité des habitants du quartier. Si tu as un autre marché, tu l’entraînes en expansion. Le jeune peut partir ce cette activité pour se faire.


Le 09/02/22 à 15:24
modifié 10/02/22 à 14:58